Jeux paralympiques : Marie Bochet, l’or est son ordinaire

Marie Bochet a survolé le slalom géant des Jeux paralympiques, mercredi.
Marie Bochet a survolé le slalom géant des Jeux paralympiques, mercredi. © SIMON BRUTY / OIS/IOC / AFP
  • Copié
, modifié à
La Française a remporté son troisième titre des Jeux de Pyeongchang, mercredi en géant. A 24 ans, son palmarès donne le vertige.

A 24 ans, Marie Bochet est déjà entrée dans les livres d’histoire. La jeune skieuse est devenue mercredi l’athlète française la plus titrée aux Jeux paralympiques d’hiver, avec sa septième médaille d’or, la troisième de ces JO 2018 (en slalom géant). La native de Chambéry, atteinte d’une malformation de l’avant-bras gauche (une agénésie), a survolé la course, loin devant ses rivales.

Elle avait pourtant connu une terrible désillusion la veille, avec une sortie de piste en super-combiné. "C’est une belle revanche. J’ai mené la course de bout en bout. C’était vraiment une belle journée, je suis très heureuse", s’est satisfaite Marie Bochet, interrogée mercredi après sa victoire par Europe 1. Et sa moisson d’or n’est peut-être pas terminée : dimanche, la porte-drapeau de la délégation tricolore pourrait ajouter une nouvelle ligne à son incroyable palmarès.

  • Une fille de la montagne

Malgré son handicap, Marie Bochet était prédestinée pour monter sur des skis. Née de parents agriculteurs dans les Alpes, où son père produit du fromage, elle grandit avec ses trois frère et sœurs. Dès son plus jeune âge, elle fait ses premiers virages et prend une licence à l’âge de 5 ans. La gamine, douée, rejoint le club handisport d’Albertville en 2006, à 12 ans. Quatre ans plus tard, elle dispute ses premiers Jeux paralympiques, en 2010 à Vancouver, et vit ses premières déceptions (4e en slalom et en super-combiné). Qu’à cela ne tienne : elle reviendra plus forte.

  • Un palmarès vertigineux  

Marie Bochet ravale sa frustration canadienne et devient rapidement l’une des meilleures skieuses paralympiques au monde. Elle remporte ses deux premiers titres mondiaux en 2011, avant de devenir la première athlète à remporter les cinq médailles d’or mondiales en individuel, en 2013, en Espagne. La consécration arrive en 2014, aux Jeux de Sotchi, avec quatre médailles d’or, là aussi un record sur une olympiade.

"Mon objectif n’est pas de battre des records ou d’accumuler des médailles. Ce qui me pousse c’est l’amour de mon sport. J’aime intensément le ski. Tant que je vis des émotions, je continuerai", assure pourtant Marie Bochet.  Son palmarès est pourtant éloquent : sept médailles d’or paralympiques, 15 titres mondiaux, ou encore 78 victoires en Coupe du monde. Des chiffres à vous donner le vertige…

  • Une femme engagée

Forte de ses succès et de sa notoriété, Marie Bochet s’est engagée pour promouvoir le handicap. Elle est ainsi la marraine de l’association "pour que Lana gravisse sa montagne", qui vient en aide à une petite fille infirme moteur cérébrale. "Je n’ai pas pour ambition d’être la porte-parole du handicap. J’ai un tout petit handicap par rapport à d’autres", assure, modeste, la skieuse. "Mais j’ai à cœur de mener cette mission, grâce à cette image de sportive, de dépassement de soi et d’épanouissement malgré le handicap. Le sport est une belle école de la vie pour les personnes handicapées", poursuit Marie Bochet.

Son parcours inspire en tout cas le respect. Philippe Croizon, amputé des quatre membres et qui a rallié les cinq continents à la nage, a salué la performance de la skieuse. "Elle a battu Martin Fourcade (vainqueur de cinq médailles d’or aux JO)", s’est-il extasié, mercredi sur Europe 1.

  • Des études à Sciences-Po Paris

La native de Chambéry, amoureuse de son sport, n’a pour autant pas oublié les études. Elle a obtenu un Bac ES mention très bien et suit actuellement des études à Sciences-Po Paris (rien que ça) pour préparer le certificat préparatoire adapté pour les sportifs de haut niveau. Mais Marie Bochet ne pense pas encore au futur.

"Je ne sais pas ce que je veux faire plus tard, pour l’instant je profite à fond du sport. Mais une carrière sportive est courte. Je ne suis pas à Sciences-po avec de grandes ambitions, je ne sais pas encore ce que je ferai de ce diplôme. Je n’ai pas encore réfléchi à l’après". Alors, la reverra-t-on sur les skis aux Jeux de Pékin en 2022 ? "C’est à voir. Ce n’est pas décidé. Ça dépendra du plaisir que j’aurai à skier à ce moment-là".