Aveux, ingérence et détournement : la Fifa en plein chaos

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B.W. avec agences , modifié à
FOOTBALL - Le président démissionnaire de la Fifa continue à voir émerger des révélations sur la corruption au sein d'une institution en pleine tourmente.

Dès le lendemain de sa démission qui a ouvert un immense chantier à la Fifa, Joseph Blatter semble bien seul, lâché par les politiques et les sportifs qui réclament de profonds changements, et ciblé par la justice américaine. La Fifa, l'instance mondiale en charge des compétitions de football, n'est pas mieux. Pas un jour ne passe sans charrier de nouvelles révélations sur un système de pots-de-vin et corruption. 

Ce qu'il faut retenir

  • Chuck Blazer balance. L'ex-cadre américain de la Fifa a reconnu avoir touché des pots-de-vin pour l'attribution des Coupes du monde 1998 et 2010.
  • Enquête en Australie, en Afrique du Sud et au Venezuela. Les polices du monde entier se penchent désormais sur les différentes fédérations de la Fifa.
  • La Fifa impliquée dans des élections législatives ? C'est ce que dénonce Jack Warner, ancien ponte de l'institution aujourd'hui en disgrâce. Les faits remontent à 2010, au Trinité-et-Tobago.

Le système raconté par Blazer. Chuck Blazer, l'homme par qui le scandale est arrivé, n'en finit pas de créer des remous. "Durant la période où j'ai travaillé pour la Fifa et la Concacaf, j'ai entre autres commis avec d'autres personnes au moins deux actes d'activité de racket", dévoile notamment Chuck Blazer, qui coopère pleinement avec les enquêteurs. "J'ai accepté avec d'autres personnes en 1992 ou autour de cette date de faciliter le versement d'un pot-de-vin pour la sélection du pays hôte de la Coupe du monde 1998", a-t-il ainsi admis, précisant avoir été témoin d'un accord passé entre le comité de candidature marocain et une personne, "complice n°1", décrite comme détenant des postes élevés au sein de la Fifa et de la Concacaf.

L'Australie s'interroge sur le Mondial 2022. La police australienne indique enquêter sur un détournement de fonds présumé dans le cadre de la candidature de l'Australie à l'organisation du Mondial-2022 de football, attribuée au Qatar sur fond d'allégations de corruption. Le président de la Fédération australienne de football, Frank Lowy, a estimé mercredi que le processus de désignation du pays organisateur n'avait "pas été propre". Il a également accusé le Trinidadien Jack Warner, ancien vice-président de la Fifa et ancien président de la Concacaf, la fédération nord-américaine de foot, d'avoir détourné une importante donation australienne.

Warner dit détenir des "documents". Ce même Jack Warner balance à son tour. Le Trinidadien a affirmé mercredi détenir des documents prouvant l'implication de la Fifa lors des élections législatives 2010 à Trinité-et-Tobago. "J'ai compilé une série de documents qui montre un lien entre la Fifa, son financement et le Congrès national uni (United National Congress (UPC)", a affirmé Jack Warner dans un spot de cinq minutes diffusé par la chaîne de télévision TV6. "Dans ces documents, il est aussi question de ma connaissance de transactions internationales au sein de la Fifa, incluant son président M. Sepp Blatter, ainsi que d'autres questions impliquant l'actuel Premier ministre", a-t-il poursuivi sans donner plus de précisions.

Perquisition au Venezuela. Le siège de la Fédération vénézuélienne de football, dirigée depuis 28 ans par Rafael Esquival, l'un des responsables arrêtés en Suisse, a été perquisitionné mercredi à Caracas dans le cadre d'une enquête pour corruption, a annoncé le Parquet. La justice vénézuélienne a ordonné "le gel des comptes bancaires et l'interdiction de vendre ou grever des biens" appartenant à Rafael Esquivel, l'ancien président de la FVF, depuis remplacé par son second Laureano Gonzalez.

La police enquête en Afrique du Sud. La police sud-africaine a ouvert une enquête préliminaire en marge de l'enquête américaine sur la Fifa. L'unité spéciale de la police, les Faucons, chargée des enquêtes sensibles, a été saisie par un parti de la minorité blanche, Freedom Front Plus. "Ils nous ont remis des documents pour dire que des gens sont impliqués dans ce désastre et nous vérifions leurs allégations", a précisé un porte-parole de la police. Aucune charge n'est retenue à ce stade. "Les spéculations à propos d'une soit-disante enquête visant Danny Jordaan, le président de la Fédération sud-africaine de football (Safa) sont malintentionnée et sans fondement", a précisé la police