Le football anglais veut protester contre le racisme en ligne. 2:29
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Virginie Phulpin, édité par Antoine Terrel
Le week-end prochain, les clubs de football anglais vont boycotter les réseaux sociaux pour protester contre le racisme en ligne visant les joueurs. "Ils lancent un mouvement inédit en Europe qu’on peut saluer", estime notre éditorialiste Virginie Phulpin. 
EDITO

Pendant trois jours, les clubs anglais vont se faire très discrets sur Internet. Et pour cause, les clubs de la Premier League, de la deuxième division et de la Super Ligue féminine vont boycotter le week-end prochain les réseaux sociaux avec pour objectif de protester contre les insultes racistes dont sont victimes les joueurs sur ces plateformes. Une initiative saluée par notre consultante Virginie Phulpin, qui espère que d'autres pays, mais aussi d'autres sports, suivront cet exemple. 

Chelsea et Manchester City auraient pu commencer dès aujourd’hui. En tant que demi-finalistes de la Ligue des champions, le message aurait été encore plus fort. En plus, ils ont une tentative de putsch européen à se faire pardonner. Car les clubs anglais ne montrent pas toujours le bon exemple... Ils étaient quand même six à vouloir créer la Super Ligue. Mais là, il faut le reconnaître, ils lancent un mouvement inédit en Europe qu’on peut saluer.

Pas de solution miracle...

Il faut dire que depuis le début de la saison, c’est la foire à la haine raciale sur les réseaux. De Paul Pogba à Marcus Rashford, on ne compte plus les joueurs pris pour cible. Ils ratent une passe ou un pénalty ? De courageux comptes anonymes déversent des insanités racistes à leur encontre. Les responsables du foot anglais ont bien écrit aux dirigeants de Twitter et de Facebook pour leur demander de trouver une solution, mais la seule réponse qu’ils ont obtenue, c’est "on ne peut quand même pas censurer des comptes". Vraiment ? Puisqu’il en est ainsi, les clubs de foot n’ont plus qu’à se débrouiller eux-mêmes. Ce black-out peut permettre aux Mark Zuckerberg et compagnie comme aux haineux du clavier de réfléchir deux secondes.  

Bien sûr, le boycott ne sera pas la solution miracle qui éradiquera le racisme en ligne. Mais la lutte a quand même changé de dimension. Couper son fil d’actualité pendant trois jours en fin de saison, quand tout se joue, quand tout le monde scrolle les contenus foot, il y a des chances que ce soit plus efficace qu’un t-shirt "No to racism".

...mais une première riposte

C’est un premier pas et cela peut donner des idées aux autres pays. Comme à la France par exemple. Car cette haine en ligne, nos sportifs la connaissent bien aussi, et pas que dans le football. On a déjà parlé des joueuses et joueurs de tennis qui sont très souvent victimes d’insultes et même de menaces sur les réseaux. Gaël Monfils l’a vécu cette année encore.

Alors on peut toujours trouver qu’un boycott des réseaux sociaux pendant trois jours reste léger par rapport, par exemple, au boycott des matches que les clubs de NBA ont lancé l’été dernier aux Etats-Unis. Mais on parle du racisme en ligne, et c’est une réponse en ligne, donc plutôt adaptée.

Puisque même les dirigeants des réseaux ne savent pas ou ne veulent pas réagir, c’est intéressant de voir le foot prendre les choses en main. On n’attend pas de miracle de ce black-out. Mais c’est une première riposte.