Environ 82% des répondants à notre sondage pensent que l'Angleterre a été avantagée par l'organisation de cet Euro. 2:58
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avec AFP , modifié à
Selon notre sondage, environ 82% des répondants pensent que l'Angleterre a été avantagée par ses matchs à domicile pour arriver en demi-finale de l'Euro de football. Déplacements plus ou moins longs, présence ou non des supporters, températures variables en fonction des stades... L'organisation de l'Euro 2020 dans 11 villes questionne l'équité sportive de la compétition.
DÉCRYPTAGE

Qualifiée pour les demi-finales de l'Euro de football, l'Angleterre a joué (et gagné) son premier et seul match à l'extérieur de la compétition à Rome, en quart de finale, samedi face à l'Ukraine (4-0). Les "Three Lions" vont désormais affronter le Danemark mercredi prochain à Wembley en demi-finales, avant une possible finale dans ce même stade le 11 juillet. Pour les répondants à notre sondage, il n'y a pas de doute : environ 82% pensent que l'Angleterre a été avantagée grâce à ses matchs à domicile. Et ce alors que les doutes sur l'équité sportive de l'Euro sont de plus en plus audibles à l'approche de la fin de la compétition.

Les demi-finalistes, grands gagnants de l'organisation ?

A domicile ou en transit permanent, avec ou sans supporters, sous des températures clémentes ou caniculaires... Les 24 équipes engagées dans cet Euro éparpillé dans 11 villes étaient loin d'être logées à la même enseigne. Et les demi-finalistes ont fait partie des grands gagnants sur ces critères. L'Espagne, qui jouera sa demi-finale mardi, a ainsi pu bénéficier d'une entame de tournoi chez elle, devant son public, comme les trois autres demi-finalistes : le Danemark à Copenhague, l'Italie à Rome et l'Angleterre, donc, à Londres.

"Les voyages, la récupération, le climat... Tout ça mis bout à bout, ça les a forcément avantagés", a estimé dimanche Aline Riera, consultante foot d'Europe 1 pour l'Euro et ancienne internationale de l'​équipe de France, à propos des Anglais. "lls étaient sur leur camp de base, dans leurs repères, ce qui n’a pas été le cas d’un certain nombre de nations. Donc oui, je trouve ça inégal et injuste."

En lançant dès 2012 l'idée d'un tournoi paneuropéen, Michel Platini voulait notamment "ne pas obliger des pays à construire des stades, des autoroutes ou des aéroports alors qu'on est plutôt dans un monde en crise". Ce que le président de l'UEFA d'alors n'avait pas anticipé, en revanche, c'est la différence de traitement que cela entraînerait entre les équipes évoluant chez elle (neuf au total), du moins au premier tour, et celles obligées d'enchaîner les déplacements éreintants, sans camp de base fixe.

"Ce n'est pas super au niveau de la préparation"

A titre d'exemple, la Suisse a débuté son tournoi contre le pays de Galles à Bakou, avant de filer à Rome pour défier l'Italie, puis de retourner en Azerbaïdjan, à plus de 3.000 kilomètres de là à vol d'oiseau. Forcément, les hommes de Vladimir Petkovic y ont laissé des plumes. "Demain, ce sera la quatrième fois que nous changerons de fuseau horaire. Ce n'est pas super au niveau de la préparation", avait déclaré le sélectionneur de la "Nati" à l'issue de la phase de groupes. Et d'embrayer : "On a beaucoup voyagé, on se déplace souvent et il a fallu à chaque fois adapter le rythme biologique des joueurs (...) D'ailleurs, vous, les journalistes, vous n'en avez pas beaucoup parlé, je trouve".

"Pour moi, l'Angleterre reste le grand favori dans ce format", avait d'ailleurs relevé le sélectionneur de la Belgique Roberto Martinez après le premier tour. "Vous savez bien que quand les matches sont serrés dans la phase à élimination directe, c'est un grand avantage de jouer à domicile", avait développé le technicien espagnol dans un entretien à ESPN.

Pour le journaliste de France football Nabil Djellit, on peut effectivement "émettre des réserves" en ce qui concerne "la logistique". "Les Anglais sont peut-être un peu les gagnants du loto dans cette histoire. Est-ce que c’est décisif ? Non. Mais c’est un avantage qui est clair, sans que cela fasse tout", a-t-il ajouté, citant les contre-exemples de l'Allemagne, de la Hongrie et de la Russie. Ces équipes ont "beaucoup joué à domicile" sans pour autant se qualifier pour le dernier carré.

"Et il y a cette histoire de Covid qui a encore plus impacté les équipes qui se déplacent et les supporters également", a souligné Nabil Djellit. La quasi-impossibilité pour les supporters étrangers de venir soutenir leurs sélections, à Londres et Glasgow notamment, en raison des fortes restrictions de circulation au Royaume-Uni, a effectivement souvent été pointée du doigt.