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Simon Ruben, édité par Maxime Dewilder , modifié à
Le mythique Stade de France, lieu de la victoire tricolore lors de la Coupe du Monde de football 98, ne fait plus l'unanimité. Le Premier ministre Edouard Philippe a sur son bureau un rapport sur l'avenir de l'enceinte, qui pourrait disparaître. Pourquoi ? Simon Ruben a enquêté pour Europe 1.
ENQUÊTE

Et si le Stade de France disparaissait ? La question est posée. Le premier ministre Edouard Philippe a sur son bureau un rapport concernant l'avenir de l'enceinte, qui accueille rencontres sportives et concerts. Plusieurs problèmes remettent en question la légitimité du stade : le trop grand nombre de places, le modèle économique ou encore le développement d'autres salles pour les artistes.

Lors du dernier match au Stade de France, le 30 août dernier, l'équipe de France de rugby s'imposait contre l'Italie devant à peine 30.000 spectateurs. Cette affluence souligne un premier problème : la taille du stade. Aucune équipe ne parvient à remplir les 80.000 places, à part les Bleus du football à certaines occasions. Autre problème, il n'y a pas de club résident pour assurer des rentrées d'argent régulières. Si le Paris-Saint-Germain y jouait par exemple, des billets seraient vendus toutes les deux semaines.

Ces deux facteurs engendrent des problèmes financiers. Le modèle économique du Stade de France est fragile. Et s'il est bénéficiaire pour les années 2017 et 2018, le stade est déficitaire pour le compte de 2015 et 2016. L'enceinte appartient à l'Etat mais est géré par un consortium composé de Bouygues et Vinci. Les deux groupes se chargent d'attirer des événements, un fonctionnement unique en Europe.

Une location à plus d'un million d'euros pour seulement 600.000 euros de recettes

Pour organiser un événement, il faut donc louer le Stade de France au consortium. Pour le dernier match de rugby par exemple, la Fédération Française de Rugby (FFR) a déboursé plus d'un million d'euros pour jouer sur le gazon de l'enceinte parisienne. Les recettes liées au match ? Seulement 600.000 euros... De la même manière, l'équipe de France de football paie 7 à 8 millions d'euros par an, peu importe le nombre de matchs joués à Saint-Denis. Alors forcément, les deux fédérations réfléchissent à des alternatives moins chères et plus profitables.

Outre les rencontres sportives, le Stade de France accueille aussi des artistes. Pour ce secteur, la concurrence devient de plus en plus rude. Des scènes parisiennes de grande envergure se développent : l'AccorHotels Arena à Bercy ou la salle ultra-moderne à La Défense par exemple. Ce facteur, lui aussi, assombrit l'avenir du Stade de France.

Quelles solutions ?

Il y a deux scénarios principaux. Le premier, la vente du stade, serait une catastrophe. Si plus personne ne veut y jouer de matchs et que les artistes le délaissent au profit d'autres salles, le modèle économique meurt.

Le sénateur Eric Jeansannetas, qui a livré le rapport sur le sujet cet été à Edouard Philippe, explique : "Le temps joue contre l'Etat. C’est-à-dire que si l’on ne retrouve pas de repreneur, il ne faudrait pas que l’on se retrouve dans une situation où l’étau se resserre et que l’on cède le stade à un prix irréel. Il est quand même valorisé dans les comptes publics aux alentours de 600 millions d’euros. Une enceinte de 80.000 places, c’est unique en France".

Le deuxième scénario, plus réjouissant mais incertain, consiste à ce que les fédérations de football et de rugby deviennent copropriétaires du Stade de France. Elles auraient alors la main sur toutes les recettes. Du coté du rugby, on est très intéressé. La fédération de football est un peu plus dubitative. Rudes négociations à prévoir donc pour l'avenir du plus grand stade de France.