ÉDITO - Zlatan au Milan AC : "Renouer avec son ex, c'est rarement l'idée du siècle"

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Virginie Phulpin, édité par Mathilde Durand
L'attaquant international Zlatan Ibrahimovic vient de s'engager jusqu'à la fin de la saison au Milan AC, club italien avec lequel il avait remporté la série A en 2011. À 38 ans, et après un passage par le championnat américain, le joueur réussira-t-il à retrouver le rythme des championnats européens ? Une mission difficile, juge notre éditorialiste sport Virginie Phulpin. 
EDITO

À38 ans, l’attaquant suédois Zlatan Ibrahimovic vient de s’engager au Milan AC jusqu’à la fin de la saison. Un club avec lequel il avait remporté la série A en 2011, et qui vit actuellement une saison compliquée. En pleine restructuration, le club italien profite du mercato hivernal pour se relancer. Un choix qui n’a pas convaincu Virginie Phulpin. Pour notre éditorialiste, c’est joli sur le papier, mais ça risque d’être moins efficace sur le terrain.

"Pour caricaturer un peu, j’ai l’impression de voir un has been revenir dans un club has been. Zlatan Ibrahimovic est de retour au Milan AC. Il n’y a que des noms ronflants dans cette phrase. Un joli slogan pour une campagne de pub. Mais le problème c’est que ça sonne un peu creux à l’intérieur. Le Milan a été un des plus grands clubs d’Europe, le plus grand même pendant des années. A été. Has been. Mais aujourd’hui, que reste t-il ? L’équipe végète à la 11ème place de la Série A, le championnat italien, il n’y a plus de grands joueurs, pas de leaders, et donc pas de résultats.

Une dernière expérience dans le championnat américain

Alors qu’est-ce qu’on se dit à la tête du club ? Vite, vite, il faut trouver une solution pour sauver les meubles cette saison. Ben tiens, la voilà, la solution : Zlatan Ibrahimovic. Le dernier grand joueur de dimension internationale à avoir évolué au Milan AC. Ah, se souvenir des belles choses… Oui, mais c’était quand même il y a 7 ans et demi, cette histoire à l’eau de rose rouge et noire. Quand Ibra a quitté l’Italie pour le PSG. Aujourd’hui, l’attaquant suédois a 38 ans, il n’a pas joué depuis le mois d’octobre, et encore, c’était au Los Angeles Galaxy. On peut s’extasier tant qu’on veut sur les progrès du championnat américain, ils sont réels, mais ça reste quand même très loin des standards du foot européen.

Et donc c’est lui, en fin de carrière, sans condition physique, qui pourrait sauver le Milan AC ? Je suis un peu sceptique. Comment pourrait-il redresser le club tout seul ? Lui doit le croire, sans doute, ou en tout cas faire semblant pour coller à l’image d’égocentrique arrogant qu’il s’est construite comme une protection. Sur Twitter, le joueur nous a gratifiés d’un message tout en modestie, on le voit faire un bras de fer avec le diable. Milan, j’arrive, dit-il. Mais si on enlève le storytelling pour regarder les choses en face, ça semble plus compliqué. 

Sa principale préoccupation, c’est lui-même et ses statistiques

De l’aura, il en a, oui. Mais est-ce qu’il est prêt à mettre son charisme et son histoire au service des jeunes joueurs du Milan AC ? Zlatan Ibrahimovic est un attaquant. Il a été un attaquant de classe mondiale. Sa principale préoccupation, c’est lui-même et ses statistiques. On l’a rarement vu, au cours de sa carrière, tenter de porter la bonne parole auprès des autres. Cela n’est pas son rôle. Alors oui, il peut prendre ça comme un dernier défi personnel de relever le Milan AC à lui tout seul.

Moi, je me demande même s’il est encore véritablement un très grand joueur de foot. Trente-huit ans, pour un attaquant, c’est beaucoup. Surtout après être allé traîner ses protège-tibias aux Etats-Unis. Il va falloir se réhabituer aux rythmes des terrains européens. Quand le PSG a fait venir David Beckham des Etats-Unis, l’Anglais a montré quelques vestiges de son passé glorieux, mais en fait il était surtout là pour l’image, pour la renommée mondiale. C’est plutôt ça que j’ai l’impression de voir aujourd’hui avec Zlatan au Milan. D’accord, ce sont des mots qui vont très bien ensemble. Mais renouer avec son ex, dans le foot comme dans la vie, c’est rarement l’idée du siècle."