Les Mondiaux d'athlétisme se disputent devant des tribunes quasi désertes à Doha, au Qatar. 2:10
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Virginie Phulpin
Entre chaleur insoutenable et tribunes vides, les Mondiaux d'athlétisme à Doha, au Qatar, virent à la catastrophe, s'insurge l'éditorialiste d'Europe 1 Virginie Phulpin. 

Les championnats du monde d'athlétisme tournent à la catastrophe. Les fortes chaleurs sur Doha, au Qatar, ont provoqué de nombreux abandons et des malaises parmi les athlètes, alors que les tribunes restent désespérément vides depuis le début de la compétition, y compris pour les épreuves de sprint ! Virginie Phulpin s'en indigne dans son édito sport, lundi matin. 

"On nous prend pour des cons. Notre champion de marche Yohann Diniz le disait avant même son abandon sur 50 kilomètres. Oui, il a abandonné. Comme 28 participantes sur 70 au marathon féminin. Trop chaud, trop humide, les corps ne résistent pas. Mais à la fédération internationale d’athlétisme, on connaissait les conditions climatiques quand on a attribué ces Mondiaux au Qatar, non ? On avait forcément conscience de mettre les athlètes en danger. Oui, parce que ce qu’on a vu lors des épreuves de fond sur route, c’est de la souffrance. Pas une souffrance liée à l’effort d’un marathon, non, la souffrance de courir dans des conditions inhumaines. On utilise les athlètes comme cobayes pour tester notre résistance au dérèglement climatique, c’est ça ?

Pourtant, ces épreuves ont eu lieu au milieu de la nuit. Déjà c’est ubuesque. Et en plus ça ne règle rien. Même à minuit à Doha, il fait plus de 32 degrés, 75 % d’humidité, donc en ressenti ça fait plus de 40 degrés. Un temps à ne pas mettre un spectateur dehors. Ça tombe bien, il n’y en a pas, de spectateurs. Les seuls à voir cet ersatz de compétition, ce sont les lampadaires allumés tout au long du parcours. On dirait un escape game." 

Même dans le stade, les tribunes sont vides..

"100 mètres féminin dimanche, masculin samedi, personne dans le stade ! On veut tuer l’athlétisme ? C’est un crève-cœur de regarder ces tribunes. Et tout ça dans un stade climatisé à ciel ouvert. L’hiver, quand vous mettez le chauffage, vous n’ouvrez pas les fenêtres en grand, a priori ? En gros, c’est ce qu’on voit à Doha. On a compris, il y a beaucoup d’argent à jeter par le toit du stade. Mais on est à peu près tous d’accord pour dire qu’il y a une urgence climatique. Et là, on voit 10 jours de compétition dans un stade énergivore avec personne à l’intérieur. 

Vous, là, à la fédération internationale, vous n’avez pas honte ? Pourquoi avez-vous choisi Doha pour ces Mondiaux ? Une enquête de la justice française est en cours pour savoir s’il y a eu corruption dans l’attribution de ces championnats. C’est en cours, donc je ne me prononce pas. Mais s’il n’y a pas eu corruption, alors il y a incompétence manifeste. Même pour le Qatar ces Mondiaux sont catastrophiques. Le pays voulait faire une répétition générale avant la Coupe du monde de football, en 2022. Déjà, merci pour les athlètes, c’est sympa. Et tout ce qu’on voit, c’est une hérésie sportive, environnementale et humaine."