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Virginie Phulpin
Lundi soir au stade de France face à la France (1-1), des joueurs trucs ont célébré leur but et le résultat final d’un salut militaire en soutien à l’offensive menée au nord de la Syrie. Pour notre éditorialiste Virginie Phulpin, ce geste doit être sanctionné.
EDITO

>> C’est un geste qui risque de faire beaucoup de bruit. Lundi soir au stade de France face aux Bleus (1-1), juste après leur but et après la fin du match, les joueurs turcs ont effectué un salut militaire, un soutien affiché et assumé aux troupes qui mènent une offensive contre les Kurdes au nord de la Syrie. Pour notre éditorialiste sport Virginie Phulpin, ce geste n’a  rien à faire dans une enceinte sportive, et l’UEFA doit prendre ses responsabilités en sanctionnant la Turquie.

"La France et la Turquie ont fait match nul (1-1- lundi soir au stade de France. Et le but de la Turquie change beaucoup de choses. Pour le foot d’abord. Il empêche les Bleus de se qualifier pour l’Euro. Ils devront patienter et battre la Moldavie dans un mois pour obtenir leur billet. Autant dire que ça n’est pas bien grave comme contretemps. Ils devraient y arriver.

Non, ce qui pose problème, c’est la célébration du but turc. Avec les joueurs qui posent en faisant le salut militaire. Signe de soutien à l’intervention armée turque contre les Kurdes en Syrie. Ils l’avaient déjà fait vendredi contre l’Albanie. Ça, ça pose problème. Le règlement interdit toute référence politique sur le terrain. L’UEFA doit prendre ses responsabilités et sanctionner la Turquie. Sinon, ça ne sert à rien d’avoir des règles. L’instance du foot européen répète depuis vendredi qu’elle va examiner le dossier. Oui, faites-le maintenant ! Une banderole de soutien au peuple kurde a été brièvement déployée en tribunes hier soir, elle a vite été retirée. Donc il faut aussi agir pour punir le geste des joueurs turcs.

Les supporters turcs ont pris leur responsabilité

Et ça, c’est à l’UEFA de le faire, pas aux responsables politiques français. Ils ont été nombreux à demander l’annulation du match. Certains appelant les joueurs français à ne pas entrer sur le terrain. Franchement, c’est la seule réponse pour défendre les Kurdes ? On peut demander à Antoine Griezmann de mener le jeu des Bleus, mais pas de conduire la politique étrangère de la France. J’ai une idée : et si chacun restait dans son domaine de compétence ? Pour ça, l’UEFA doit d’abord l’investir, son domaine de compétence, et prendre ses responsabilités.

Les supporters turcs, eux, les ont prises, leurs responsabilités. Ils étaient 30 000 au stade de France, et ils ont été très malins hier soir. En répondant aux agitateurs de chiffon rouge. Tout le monde guettait leur attitude pendant la Marseillaise. Pas un sifflet. Et ça a dû leur coûter, hein. Quiconque connaît un peu le foot en Turquie sait que la bronca est une deuxième nature, chez eux. Pas pour des raisons politiques, mais parce que ce sont des supporters exubérants, qui dépassent souvent les limites.

Alors oui, ils ont sifflé les Bleus dès qu’ils avaient le ballon, c’est-à-dire très souvent. Mais non, ça n’est pas une provocation. On n’a parlé que des risques toute la journée, et eux, ils ont réussi à polir leur image et à faire une belle opération de communication. Il serait peut-être temps que l’UEFA se montre plus intelligente que les supporters turcs. Mais ça n’est pas gagné."