La nouvelle vie de Gignac au Mexique

Le "mur jaune et bleu" des supporters des Tigres de Monterrey, club que devrait rejoindre André-Pierre Gignac.
Le "mur jaune et bleu" des supporters des Tigres de Monterrey, club que devrait rejoindre André-Pierre Gignac. © Julio Cesar Aguilar / AFP
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André-Pierre Gignac devrait s'engager pour le club mexicain de Monterrey jeudi. Un choix qui peut paraître surprenant, autant que l'est ce championnat exotique.

Lyon, Galatasaray, le Dinamo Moscou ou encore plusieurs clubs de Serie A italienne. Des semaines durant, le nom d'André-Pierre Gignac, dont le contrat avec l'OM a expiré à la fin de la saison, était murmuré un peu partout à l'approche de l'ouverture du marché des transferts. Mais c'est finalement à des milliers de kilomètres de la France que le deuxième meilleur buteur de Ligue 1 (21 buts) devrait s'engager. Au Mexique, pour les Tigres de Monterrey précisément, chez qui "APG" devrait passer sa visite médicale jeudi.

Les premiers mots de Gignac en espagnol sur le sol mexicain


Les premiers mots de Gignac au Mexiquepar footvideos

Qu'est-ce qui attend l'attaquant français, pur produit d'une Ligue 1 qu'il n'a jamais quittée (il a joué pour Lorient, Toulouse et Marseille) de l'autre côté de l'Atlantique ? Europe1.fr propose un petit guide de voyage footballistique à l'ancien goleador marseillais.

  • Garnir son portefeuille

"Nous ne pourrons pas nous aligner sur les propositions de salaire des clubs turcs, russes ou mexicains." Roi de la provoc', Jean-Michel Aulas est aussi un homme d'affaire pragmatique et réaliste. Lui qui voulait recruter André-Pierre Gignac pour épauler Alexandre Lacazette sur le front de l'attaque lyonnaise a bien conscience de la puissance financière des championnats des pays émergents, dont le Mexique fait partie. Et pour cause, comme le montre une étude de l'institut Sporting Intelligence relayée par le site Ecofoot, le championnat mexicain est, avec le championnat brésilien, le seul non-européen à s'immiscer dans le top 10 des championnats les plus rémunérateurs, devant les championnats hollandais ou portugais par exemple.

Mieux, les salaires sont en pleine explosion. En témoignent les estimations du salaire annuel proposé à "APG" par Monterrey : 4 à 5 millions d'euros annuels selon L'Equipe, soit un petit peu plus que ce qu'il touchait à l'OM. Des émoluments qui ont permis au modeste club de Querétaro de recruter le Ballon d'or Ronaldinho, payé 2 millions d'euros annuels. Pas mal pour un préretraité qui joue par intermittence. D'autres noms ronflants du foot mondial, comme l'ancien buteur du Bayern Munich Roque Santa Cruz, payé 2.2 millions d'euros, se sont également engagés dans des équipes de ce championnat exotique.   

  • Découvrir un système de championnat très particulier

Rassuré côté portefeuille, André-Pierre Gignac devra se plonger dans les arcanes d'un championnat au fonctionnement pour le moins particulier. La LMX, c'est le nom du championnat local, se déroule en deux temps : l'apertura (tournoi d'ouverture) de juillet à décembre, et la clausura (le tournoi de clôture), de janvier à mai. A la fin de la saison, une seule équipe est reléguée, celle qui possède le plus petit pourcentage de points rapportés au nombre de matches disputés sur l'ensemble des trois dernières saisons. Les huit premiers de ce classement participent eux à la Liguilla, les phases finales du championnat, qui désignent le vainqueur de la compétition.

Un calcul compliqué qui ne plaisait pas vraiment à Pep Guardiola en 2006, alors en préretraite au Mexique, comme le rappelle Slate.fr : " Ce système est une farce, beaucoup d'équipes ne jouent rien parce qu'elles savent qu'elles ne vont pas descendre même en perdant tous leurs matches!" Si les Tigres de Monterrey venaient à être relégables, André-Pierre Gignac peut se rassurer en se disant qu'il est toujours possible d'acheter sa place en première division. C'est ce qui est arrivé au club de Querétaro. Arrivé dernier du classement, le propriétaire de la formation a purement et simplement racheté la franchise des Jaguares Chiapas, alors au bord de la faillite. Résultat, Querétaro a récupéré les points de cette deuxième franchise et est du coup remontée au classement, échappant à la relégation.    

  • Côtoyer des milliardaires

Autre intérêt du championnat mexicain, jouer en LMX, c'est l'assurance de tisser un puissant réseau avec toutes sortes de magnats. En effet, comme le souligne le magazine en ligne Ijsberg, Carlos Slim, propriétaire d'un conglomérat des télécoms et deuxième homme le plus riche du monde selon Forbes, a racheté deux clubs : Pachuca et Léon, champion du Mexique 2014.

De la même façon que BeIN Sports et Canal + luttent pour les droits télés de la Ligue 1, la bataille fait rage entre Carlos Slim et d'autres sociétés de télécoms au Mexique, qui tentent de s'implanter en rachetant des clubs. Et pour cause, ce sont les clubs eux-mêmes qui choisissent individuellement les diffuseurs de leurs matches. Ainsi, Televisa détenait les deux clubs d'América et de Necaxa, le Grupo Salinas  est propriétaire de Morelia et d'Atlas et la famille Lopez Chargoy gère les formations de Puebla et de Chiapas. Des multipropriétés qui sont pourtant interdites par le règlement de la FIFA.

  • Renouer avec une ferveur populaire digne du Vélodrome

Qu'André-Pierre Gignac se rassure, être en relation avec les plus riches entrepreneurs mexicains ne l'empêchera pas de goûter à une ferveur populaire. Le stade des Tigres de Monterrey est surnommé "Le volcan". Avec ses 43.000 places et un taux de remplissage honorable (le plus grand nombre d'abonnés du pays, il n'y a quasiment pas de places pour les visiteurs dans le stade), il offre l'un des plus beaux derbys du pays, le clasico regionmontano, entre les Tigres et le CF Monterrey, comme l'explique le site de la FIFA.

Une rivalité historique puisque les deux équipes se sont déjà affrontées à 104 reprises. Les Tigres sont nés en 1960 et ont rejoint l'élite en 1970. Ils ont été créés par les étudiants de l'université publique de Nuevo Léon, moins favorisés que ceux du CF Monterrey, principalement des ingénieurs d'une école privée. Largement de quoi faire ressentir le même frisson à André-Pierre Gignac que lors des classiques contre Paris.