Le directeur général de l'Agence mondiale antidopage Olivier Niggli 5:41
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Julien Froment
C’est l’une des conséquences du coronavirus et du confinement : les contrôles antidopage sont plus difficiles à réaliser. Pour autant, il n’est pas question de laisser un quelconque espace aux sportives et sportifs qui seraient tenter de tricher pendant cette période particulière, affirme sur Europe 1 le directeur général de l’AMA (Agence mondiale antidopage) Olivier Niggli. 
INTERVIEW

"Le bar n’est pas ouvert". Le ton peut paraître léger, mais il est en réalité très ferme. En ces temps de confinement où le sport  mondial est totalement à l’arrêt avec les reports des plus grandes compétitions internationales, que ce soit les Jeux Olympiques de Tokyo, l’Euro de football qui devait se dérouler dans 12 pays du continent européen ou encore le tournoi du Grand Chelem de Roland-Garros, l’AMA, l’Agence mondiale antidopage, tient à rappeler qu’elle poursuivait sa mission. "Il était important de clarifier que les programmes antidopage ne sont pas suspendues", martèle ainsi Olivier Niggli, le directeur général de l’instance sur Europe 1.

"On est à 40, voire 30% de la vitesse habituelle"

Olivier Niggli admet pourtant que "l’AMA n’est qu’à 40, voire 30% de la vitesse habituelle", ajoutant : "Soyons réalistes par rapport à ce qu’il se passe. Cela ne veut toutefois pas dire que la triche est forcément facile. Il y a d’autres armes que les tests pour la lutte contre le dopage. Il y a le passeport de l’athlète, il y a les investigations. La lutte contre le dopage n’est pas forcément à l’arrêt."

Une lutte toujours main dans la main avec les instances nationales, comme l’AFLD (Agence française de la lutte contre le dopage) en France par exemple. "On a émis un certain nombre de recommandations pour les organisations qui ont encore la possibilité de faire quelques tests." Les athlètes ont d’ailleurs été informés qu’ils pouvaient se faire contrôler pendant la période du confinement. "Potentiellement, si les autorités sanitaires le permettent, ils (les athlètes, ndlr) sont susceptibles d’être testés et ils doivent le savoir. Ils doivent être prêts à participer à une session de test, si ça devait arriver dans la mesure où les précautions sont prises", affirme Olivier Niggli.

Les athlètes ne peuvent pas refuser un contrôle antidopage

Le directeur général de l’AMA est d’ailleurs catégorique : " Il est important d’attirer l’attention sur le fait qu’ils ne peuvent pas dire : 'non, je refuse d’être testé aujourd’hui car il y a le Covid'. Si les précautions sont prises et que les autorités sanitaires permettent ce genre d’opération ils ont une obligation de s’y tenir", indique-t-il. "De la même façon, on continue de leur demander de fournir leurs indications de localisation, car dès que les contraintes sanitaires seront levées, le programme est susceptible de repartir instantanément." 

L’Agence mondiale n’est pas dupe, elle sait pertinemment que certains tenteront d’utiliser des produits interdits durant cette période particulière, quand bien même il n’y a pas de compétitions à venir avant au moins deux à trois mois.  "Si on se dope aujourd’hui, on se dope en vue d’un événement, mais vu qu’il n’y a aucune compétition, les effets seront inexistants ou moindre. C’est un état d’esprit, la plupart des athlètes ne tricheront pas, et ne le feront pas que les contrôles soient là ou pas", veut pourtant croire Olivier Niggli.

Avant de concéder, quelque peu fataliste : "Mais, évidemment il n’y a moins de tests et une personne qui voudrait essayer aurait plus de chances qu’en temps normal." L’AMA et Olivier Niggli espère un retour à la normale rapide, et reste plutôt "optimiste sur le fait que les programmes antidopage vont pouvoir couvrir la partie des manques" liés à la période du confinement, ajoutant : "On aura un programme robuste bien avant la fin de l’année."