XV de France: Une vie après les "gros" ?

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Si l'heure n'est pas encore au bilan du côté de Marcoussis avant le choc final de cet automne face aux Wallabies, force est de constater que les Bleus de Lièvremont éprouvent toujours autant de peine à transcender leurs qualités du Grand Chelem autour de la conquête et de la défense pour évoluer vers une palette plus complète. La question mérite dès lors d'être posée: à un an de la Coupe du monde, le XV de France a-t-il encore le temps de se doter d'un jeu d'attaque digne des meilleures nations? La rédaction ouvre le débat...

Si l'heure n'est pas encore au bilan du côté de Marcoussis avant le choc final de cet automne face aux Wallabies, force est de constater que les Bleus de Lièvremont éprouvent toujours autant de peine à transcender leurs qualités du Grand Chelem autour de la conquête et de la défense pour évoluer vers une palette plus complète. La question mérite dès lors d'être posée: à un an de la Coupe du monde, le XV de France a-t-il encore le temps de se doter d'un jeu d'attaque digne des meilleures nations? La rédaction ouvre le débat... NON Sylvain LABBE, Responsable rubrique Rugby - Sports.fr Au pays du French flair, ouvrir un débat autour de l'opportunité de privilégier, ou non, un jeu d'envergure, enlevé et fluide au profit d'une expression recentrée sur les fondamentaux que sont la conquête et la défense au prétexte que le XV de France n'a pas les moyens de ses ambitions en la matière tient au mieux de la provocation, au pire du crime de lèse-majesté... Pourtant, au coeur de cet automne si tristounet pour les Bleus de France, certes invaincus, mais si peu emballants, on se remémore les déclarations alarmistes d'un Marc Lièvremont qui, avant ces tests de novembre, estimait le retard pris par le Nord sur le Sud, et en particulier les All Blacks, insurmontable. Après deux matches à trois essais inscrits, tous face aux Fidji, dont deux à zéro passe, et surtout après le retour gagnant à Montpellier d'un paquet d'avants dominateur, comme la plus sûre garantie du jeu français en conquête comme en défense, le chantier de l'attaque, lui, reste entier. "Une équipe de France avec sa mêlée (celle de l'Australie, ndlr), je ne sais pas ce que ça donnerait", s'interrogeait ce mardi le sélectionneur. Aujourd'hui, soyons réalistes, pas grand-chose... Parce qu'à l'heure de chercher les bonnes pièces du puzzle des lignes arrière, laissé en plan après le credo de l'attaque à tout crin des débuts, le XV de France mesure l'ampleur du problème et s'inquiète de ne pas être prêt à temps. Celui dont ne dispose pas Lièvremont, à la différence des Anglais, qui prouvent cet automne que la mutation est possible. Les propos d'un Sébastien Chabal, porte-parole d'une opinion répandue chez les Bleus (voir: Huget: "Le French flair? Difficile"), laissent à penser que les principaux intéressés peinent eux même à croire à cette synthèse entre avants et trois-quarts. "Aujourd'hui, je crois que le french flair, c'est un peu dépassé. Le rugby est devenu tellement compliqué, c'est tellement difficile de manoeuvrer les défenses adverses que marquer un essai en première main est devenu très très rare." Pourtant, le n°8 tricolore en est persuadé: mêlée et conquête ne suffiront pas à abattre samedi les Wallabies. "Il va falloir réussir à scorer." Entre une certaine vision romantique, voire même folklorique, d'un jeu à la française et un pragmatisme radical, une voie intermédiaire existe sans doute. Encore faut-il disposer du chef d'orchestre complet, capable de mettre en musique une telle partition. Un profil d'ouvreur que l'équipe de France, il faut se rendre à l'évidence, attend toujours... OUI Laurent DUYCK, journaliste - Sports.fr "La force d'une équipe de France, c'est d'être une angoisse pour l'adversaire. C'est de surprendre l'adversaire et focaliser l'attention sur de la surprise." Pour Franck Mesnel, invité par RMC à répondre à Sébastien Chabal, le jeu à la française n'est pas mort, si tant est, comme le souligne l'ancien trois-quart centre international, que le XV de France s'appuie sur "la vitesse des passes, la vitesse de course et l'effet de surprise". Vaste programme me direz-vous... D'autant qu'à moins d'un an de la Coupe du monde, les Bleus donnent encore parfois, je vous l'accorde, la triste impression de ne pas être capables d'aligner quatre passes de suite. La France n'aurait certainement pas réussi le Grand Chelem lors du Tournoi 2010 sans son pack, reconduit presque en intégralité contre l'Argentine et l'Australie. Et c'est tant mieux. Car aucune équipe, soit-elle la Nouvelle-Zélande, citée comme référence planétaire, ne peut prétendre avancer sans une grosse conquête. Le ballon est désormais entre les mains des arrières tricolores. Lesquels réclament du temps et de l'indulgence, à l'image de Damien Traille qui tente de se fixer à l'ouverture. "De semaine en semaine, j'apprends", avouait-il mardi. "C'est difficile déjà en club de trouver des automatismes, alors ici, en quinze jours..." Pour les intéressés, seuls le travail et la répétition des enchaînements à l'entraînement gommeront peu à peu cette précipitation et cette maladresse fatales aux intentions tricolores samedi dernier à Montpellier contre les Pumas. N'allez pas croire qu'en une semaine, le XV de France aura gagné cette fluidité qui lui fait tant défaut. Mais cette tournée de novembre devrait (enfin ?) marquer la fin des expérimentations, Jo Maso, le manager de l'équipe de France, ayant confirmé que les 30 joueurs appelés pour le prochain Tournoi des VI Nations seront, sauf blessure, du rendez-vous en Nouvelle-Zélande en septembre 2011. La possibilité, avant trois mois de préparation l'été prochain, de travailler sur la continuité au niveau des lignes arrière, là où le chantier reste, il est vrai, immense. L'occasion (enfin !) de travailler dans la sérénité sur ces fameux automatismes et autres repères réclamés par tous. Des raisons d'espérer qu'il y a une vie derrière les "gros"...