Valbuena, une carte à jouer

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Axel CAPRON , modifié à
EQUIPE DE FRANCE - Appelé de dernière minute, le Marseillais compte bien saisir sa chance.

EQUIPE DE FRANCE - Appelé de dernière minute, le Marseillais compte bien saisir sa chance.Mathieu Valbuena vit un rêve éveillé. Depuis le mardi 11 mai, jour où il apprit sa sélection dans la liste des 30, le milieu de terrain de l'OM n'en finit pas de passer d'une bonne surprise à l'autre. Le dimanche suivant, du statut de surprise "exotique", il passait à celui de membre à part entière de la sélection tricolore appelée à disputer le Mondial sud-africain, reléguant hors des Bleus Hatem Ben Arfa ou Jimmy Briand. Et une poignée de jours plus tard à Lens, il fêtait contre le Costa Rica sa première "cape" avec les Bleus, remplaçant peu après l'heure de jeu Sidney Govou.Et puisqu'il était dit que le "conte de fées" se poursuivrait, le natif de Bruges, en Gironde, y est allé de son petit but, qui plus est celui de la victoire, avec une frappe croisée pleine d'audace permettant aux troupes de Raymond Domenech d'attaquer leur préparation à la Coupe du monde par un succès encourageant dans un 4-4-3 plein de promesses. "Pour une première sélection, je ne pouvais pas faire mieux. Patrice Evra et Florent Malouda m'avaient dit avant le match que j'allais rentrer et marquer. C'est une très belle soirée pour moi. Quand je vois le ballon au fond des filets, c'est beaucoup d'émotions. C'est un peu fou ce qui se passe autour de moi en ce moment. Pouvoir participer à une Coupe du monde, c'est déjà exceptionnel. Là, rentrer en cours de match, marquer et faire gagner l'équipe, c'est extraordinaire", commentera-t-il après cette soirée féérique pour lui.Deschamps lui a finalement fait confianceEt dire que quelques mois plus tôt, l'intéressé sortait déprimé d'un hiver cafardeux, après avoir passé une grande partie de la première partie de saison sur le banc de l'OM, jugé insuffisamment armé par Didier Deschamps pour prétendre à une place de titulaire dans son... 4-3-3. Six mois plus tard, resté malgré lui dans les Bouches-du-Rhône et pouponné par le directeur sportif José Anigo, le "petit" (1,67 m) décide cette fois-ci d'en finir, prêt à aller au clash avec "DD" qui décide alors de le recadrer en provoquant une discussion d'homme à homme aussi orageuse que... bénéfique, à en croire l'intéressé: "Ça a été un mal pour un bien. Ça m'a permis de prendre conscience d'un certain nombre de choses. Parfois, on pense bien faire et on ne fait pas bien. Le coach a su me dire ses vérités lors du stage en Espagne, où il a eu un discours entre hommes sur ce qu'il attendait de moi. S'il m'a dit cela, c'est qu'il croyait en moi aussi. Ça m'a permis de ne pas rester sur mes acquis. La confiance qu'il m'a donnée, j'ai essayé de lui rendre sur le terrain. Ça a été une période difficile mais qui m'a bien servi."Et effectivement, le changement d'état d'esprit du jeune homme (il a 25 ans) se fait sentir de manière radicale, avec une implication nouvelle sur le terrain qui porte rapidement ses fruits: profitant notamment de la blessure de Niang et du départ de Koné à la Coupe d'Afrique des Nations, l'ancien joueur de Libourne réussit à s'imposer dans ce couloir droit de l'attaque phocéenne pour achever une saison en apothéose, avec à la clé une Coupe de la Ligue puis un titre de champion derrière lequel le club courait depuis 18 ans. Les réticences de Didier Deschamps sont tombées – ce dernier jugera cependant Valbuena "mal entouré" - en même temps que les honneurs pour le joueur qui finit par convaincre Raymond Domenech d'en faire le "Ribéry de 2006". Car à l'instar de ce dernier, révélation de la Coupe du monde 2006 où il était arrivé après une saison pleine à... Marseille, Valbuena, débarqué chez les Bleus "avec humilité et détermination", sait qu'il a une carte à jouer pour passer rapidement du rôle de «coiffeur», surnom dévolu aux remplaçants, à celui d'un titulaire à part entière. Les prestations plus que timides du trentenaire lyonnais Sidney Govou face au Costa Rica et à la Tunisie dans un couloir droit qui souffre de la comparaison avec le gauche offrent un boulevard à un joueur qui n'attend qu'un geste de Raymond Domenech pour s'y engouffrer. Le sélectionneur lui offrira-t-il l'opportunité "d'amener de la folie" dans le jeu d'une équipe de France qui en manque singulièrement ? Valbuena n'a pas fini de rêver...