Tillie: "On est à la bagarre"

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Propos recueillis par Martin ROY , modifié à
Maintenue dans le Top 8, à l'aube de la 22e journée de Ligue A et de la réception de Montpellier, dimanche, au Palais des Victoires, l'AS Cannes est bien décidée à viser un cinquième ou sixième rang à l'issue de la saison régulière, qui lui permettrait d'éviter Tours et Poitiers au premier tour des play-offs. Fidèle au poste depuis 2001, Laurent Tillie prône "de la continuité et de la constance". Entretien.

Maintenue dans le Top 8, à l'aube de la 22e journée de Ligue A, et de la réception de Montpellier, dimanche, au Palais des Victoires, l'AS Cannes est bien décidée à viser un cinquième ou sixième rang à l'issue de la saison régulière, qui lui permettrait d'éviter Tours et Poitiers au premier tour des play-offs. Fidèle au poste depuis 2001, Laurent Tillie prône "de la continuité et de la constance". Entretien. Laurent, qu'avez-vous pensé de la prestation de vos protégés face à Tourcoing le week-end passé ? Je trouve qu'on s'est bien battu. On n'était pas loin de remporter un set supplémentaire et d'inverser le cours du match. La frustration vient du fait qu'on a manqué un peu d'expérience et de niaque sur les points importants. On a manqué de lucidité. On a notamment eu quelques soucis en attaque et sur les relances faciles et les phases de jeu plutôt abordables. Que manque-t-il cette saison à l'AS Cannes pour titiller le haut de tableau ? Tout simplement de la continuité et de la constance. Vous avez prouvé que vous aviez les armes pour contrarier de gros cadors comme le TVB. Comment expliquez-vous vos prestations en dents de scie ? Je pense que j'ai une équipe jeune, qui manque d'expérience et qui a été souvent handicapée par les blessures. Mon premier passeur a été blessé, mon pointu et un de mes réceptionneurs-attaquants aussi. Ces blessures ne nous ont pas aidés. La pression se fait-elle ressentir dans le groupe à maintenant cinq journées de la fin de la saison régulière ? Tout à fait, il ne faut pas se voiler la face. On est à la bagarre pour se qualifier pour les play-offs. Les deux prochains matches, Montpellier et Nice, sont notamment très importants pour la qualification pour ces play-offs. Pourrez-vous compter sur un groupe au complet face à Montpellier, dimanche ? Non. Marien Moreau, mon pointu, est toujours blessé, et Francis Nganga, qui s'est fait une entorse la semaine dernière, n'est pas remis. "On a encore notre destin entre nos mains" Qu'est-ce que vous pensez de cette formation héraultaise ? C'est une équipe très équilibrée avec des joueurs qui respirent le volley-ball. Je la connais très bien car mon meilleur ami en est le coach et j'ai eu trois joueurs, Loïc Lemarrec, Ondrej Hudecek et Philipp Schneider, qui ont joué à Cannes et qui ont d'ailleurs remporté un titre, que ce soit un titre de champion de France ou de Coupe de France. Ce sont des joueurs de qualité. Quel est concrètement l'objectif numéro un de Cannes en cette fin de saison ? C'est d'essayer de se qualifier pour une Coupe d'Europe la saison prochaine. On s'est fait éliminer en Coupe de France. Il ne nous reste que le championnat. L'idée est de viser la cinquième ou sixième place. Mais il faut déjà arriver à rallier les play-offs, et après, aller le plus loin possible et pourquoi pas jouer une demi-finale. Le calendrier n'est pas pour vous aider, dans la course aux play-offs, avec deux confrontations périlleuses face à Rennes et Poitiers lors des deux ultimes levées. Ça, c'est sûr mais on a encore notre destin entre nos mains puisqu'on joue encore deux adversaires directs à l'extérieur et deux grosses équipes chez nous. Pouvez-nous expliquer en quoi consiste l'opération "tous en rouge" organisée par le club le week-end prochain ? On a voulu organiser une grande fête pour le club. C'est à la bonne franquette parce qu'on s'y est pris un peu tard et qu'on est dans le volley-ball et qu'on n'a pas les moyens suffisants pour faire autrement. On a lancé des invitations à des anciens joueurs et entraîneurs cannois afin de se retrouver tous ensemble autour de ce match, de faire une photo. L'idée est de s'habiller tous en rouge, qui est la couleur de l'AS Cannes, et de faire un grand buffet pour se retrouver. Il y a eu beaucoup de réponses positives d'anciens joueurs. Le but de l'opération est de montrer qu'on est une grande famille et au-delà de ça, de montrer qu'on a été fiers d'avoir été Cannois et de voir le nombre de grands joueurs qui ont joué à Cannes depuis environ 30 ans. Cette fierté doit rester en chacun de nous. "J'aimerai développer un engouement pour le volley-ball chez tous les jeunes de la région des Alpes Maritimes" Pouvez-vous nous raconter votre meilleur souvenir en tant qu'entraîneur de l'AS Cannes ? J'en ai quelques-uns mais c'est vrai que le titre de 2005 reste gravé parce qu'on était dans une situation très difficile. On avait perdu le premier match à Sète, on a sauvé neuf ou dix balles de match lors du retour, pareil sur le match d'appui. C'est certainement un de mes plus beaux souvenirs. Vous êtes en poste depuis 2001. Avez-vous déjà songé à quitter l'AS Cannes pour tenter une autre aventure ? Quand on est sollicité, on est tenté de partir. Tant que les dirigeants me font confiance... Le plus important pour un entraîneur, c'est d'avoir la confiance des gens qui l'entourent. J'ai cette chance-là à Cannes. J'aimerai la garder le plus longtemps possible. Je pense que l'AS Cannes a les moyens, les structures, l'envie, la mairie derrière elle, on est un club historique, tout ça fait que je suis fier d'être ici et que j'essaye de faire des résultats avec Cannes. Avez-vous un souhait ou un rêve sur le long terme ? J'aimerais instaurer une régularité au niveau des résultats de l'équipe 1. Jouer des finales régulièrement, voire tous les ans, et arriver à développer un engouement pour le volley-ball chez tous les jeunes de la région des Alpes Maritimes. Une victoire en Coupe d'Europe vous trotte-elle dans la tête ? Bien sûr, mais les moyens sont tellement démesurés aujourd'hui. On voit bien toutes les difficultés qu'a le Racing club de Cannes qui a pourtant des moyens bien supérieurs aux nôtres. Le volley-ball est un sport qui, économiquement, se développe à une vitesse exponentielle, mais surtout dans les autres pays. Votre fils, Kim Tillie, commence à exploser du côté de l'Asvel. Le papa est-il fier de son fils ? Je suis très fier de mon fils Kim et de mes deux autres fils, Kevin et Killian. Je suis d'autant plus fier de Kim que ça n'a jamais été facile pour lui. Il est moins doué que certains de sa génération, comme Nicolas Batum ou encore Antoine Diot, donc on en parle un peu moins. Mais malgré tout, il arrive à faire son chemin et surtout il sait d'où il vient.