Super Bowl, un spectacle mortel

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avec AFP , modifié à
FOOT US – Le Super Bowl entraînerait une hausse du nombre de morts par crise cardiaque.

Etre supporter peut avoir parfois des conséquences dramatiques… Une étude publiée dans le Journal de cardiologie clinique montre que le Super Bowl, l'événement télé le plus suivi aux Etats-Unis*, entraîne une augmentation sensible du nombre de morts par crise cardiaque. "Médecins et patients doivent être conscients que les matches stressants peuvent induire une réponse émotionnelle susceptible de provoquer un problème cardiaque", explique ainsi Robert Kloner, principal auteur de l'étude.

Les femmes les plus exposées

Cette enquête s'appuie sur des données recueillies entre 1980 et 1988 dans le comté de Los Angeles, sur les mois de janvier et février, soit peu avant et peu après le Super Bowl, à l'exclusion des 15 premiers jours de l'année, où les morts par crise cardiaque sont plus nombreuses en raison de la météo difficile. En janvier 1980, les Los Angeles Rams avaient été battus par les Pittsburgh Steelers (31-19). Dans les deux semaines qui ont suivi le match, les auteurs ont constaté une augmentation de 15% du nombre de morts par infarctus chez les hommes et, chose plus étonnante, de 27 % chez les femmes.

"Le Super Bowl peut provoquer une réponse émotionnelle similaire chez les hommes et les femmes ou alors peut-être que la réaction d'un homme à la défaite au Super Bowl a une incidence sur l'état émotionnel de sa partenaire", se demandent les auteurs. De récentes études avaient déjà révélé une augmentation des syndromes coronariens aigus et des arythmies cardiaques en Europe lors de la Coupe du monde 2006 de football, touchant toutefois davantage les hommes que les femmes.

L'influence du déroulement du match

L'étude a également mesuré les effets de la deuxième participation d'une équipe de Los Angeles au Super Bowl, cette fois victorieuse, en 1984. Cette année-là, les Raiders avaient largement dominé les Redskins de Washington (38-9). "Pour les femmes, et non les hommes, il y a eu une réduction du nombre global de décès et de morts par crise cardiaque associés à une victoire au Super Bowl", précise les auteurs

Si l'effet mesuré reste si faible, ce n'est pas seulement parce que la victoire est plus douce, sous-entendent les auteurs. "La défaite (de 1980) a déclenché une réponse émotionnelle plus intense parce qu'il y avait une passion plus grande autour du match et de l'équipe." Et ce, pour trois raisons. En 1980, le match eut lieu au Rose Bowl de Pasadena, tout près de Los Angeles, devant près de 104.000 spectateurs. Il offrit un réel suspense, avec sept changements de leader. Enfin, l'attachement des habitants pour les Rams était réel, avec une franchise implantée dans la Cité des Anges depuis 34 ans.

A l'inverse, les Raiders n'étaient l'équipe de LA que depuis deux ans lorsqu'ils ont gagné un Super Bowl à sens unique en 1984... Plus que le résultat, ce sont donc l'attachement à l'équipe et les circonstances de la rencontre qui semblent contribuer à augmenter les risques. Excellent pour l'audience, un Super Bowl à suspense constituerait en revanche un réel danger pour les cœurs de supporters...

*La 45e édition, qui opposera les Steelers de Pittsburgh aux Packers de Green Bay, aura lieu dimanche et sera diffusé en France sur W9 (0h00).