Pourquoi le volley a du mal à décoller en France

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avec Axel May , modifié à
TENTATIVE D'EXPLICATION - Les volleyeurs tricolores ont atteint les demi-finales du Mondial.

Les gens qui ne suivent pas de près l'actualité sportive ont peut-être appris, jeudi soir, que l'équipe de France brillait lors du championnat du monde de volley. Leur parcours, remarquable, les Bleus l'ont réalisé dans un relatif anonymat. Dans ce genre de situation, c'est toujours la même question : est-ce que le volley n'intéresse pas parce qu'on n'en parle pas ou bien on n'en parle pas parce qu'il n'intéresse pas ? Le débat est difficile à trancher, entre ceux qui vantent les mérites d'un sport universitaire et spectaculaire et ceux qui sont restés traumatisés dans leur jeunesse par un sport de "grands" aux actions stéréotypées. Malgré tout, trois éléments concrets permettent de comprendre pourquoi le volley a du mal à passionner les foules.

Un manque de visibilité médiatique. Un constat s'impose : le volley est le parent pauvre médiatique des sports collectifs. Sur le site du quotidien L'Equipe, le volley est ainsi relégué dans les sports "Autres", alors que le handball ou le basket, eux, bénéficient de leur propre onglet. Plus parlant encore, le volley ne figure pas dans le décret du 22 décembre 2004 concernant la diffusion d'événements protégés. Seules sont concernées "les finales masculine et féminine des championnats d’Europe et du monde de basket et de hand lorsque l’équipe de France y participe". Néanmoins, des accords existent entre Fédérations internationales et chaînes gratuites pour le basket ou le hand pour les demi-finales ou finales.

C'est ainsi que la demi-finale de la Coupe du monde de basket entre la France et la Serbie a été diffusée sur France 2 la semaine dernière. Le France-Brésil de samedi en volley, lui, ne sera visible que sur BeIN Sports, dont l'abonnement s'élève à 12 euros par mois. Un accord a été trouvé pour la diffusion de la finale sur la chaine L'Equipe 21 si la France y participe. C'est mieux qu'en 2009, où la finale européenne des Bleus contre la Pologne (qu'elle pourrait retrouver dimanche) n'avait été diffusée que sur Sport+, chaîne sportive du groupe Canal+.

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Un manque de lisibilité sportive. La Ligue des champions de football puis, plus récemment, la Coupe du monde de basket ont compris qu'on n'augmentait pas l'attractivité d'une compétition en empilant les tours. Pour le moment, le volley, lui, ne suit pas cette voie. Un premier tour à quatre poules de six (quatre qualifiés par poule), un deuxième tour à deux poules de huit (trois qualifiés par poule) et enfin, un troisième tour à deux poules de trois (deux qualifiés par poule)... Interminable !

Pour se hisser en demi-finales, l'équipe de France a dû ainsi en passer par trois tours de qualification et onze matches ! Les Bleus ont même affronté deux fois la même équipe, l'Iran, au premier tour et au troisième. L'intérêt qu'y trouve la Fédération internationale de volley : un soutien aux petites équipes, auxquelles on offre cinq matches de haut niveau au premier tour, et une multiplication des affiches pour les grands pays de volley - et leurs diffuseurs -, comme le Brésil ou la Pologne. Le problème est que l'intérêt décroît quand on multiplie les rencontres de poules, au détriment des matches couperets.

Un manque d'histoire commune avec le public. La récente Coupe du monde de rugby féminin l'a montré. Quand une équipe de France brille et aligne les bons résultats, le public suit, quel que soit le sport. Les volleyeurs français, qui n'ont pas encore remporté le moindre titre majeur dans leur histoire - et n'ont remporté qu'une médaille mondiale, de bronze, en 2002 -, ont conscience qu'ils ont une opportunité en or de faire la promotion de leur sport, fortement concurrencé dans l'Hexagone.

"On aimerait avoir plus de médiatisation mais on parle de volley, et c'est assez difficile", reconnaît le réceptionneur-attaquant des Bleus, Kévin Tillie. "On sait que c'est comme ça. Si on fait un gros match et qu'on gagne (contre le Brésil), ça aidera pour la médiatisation. Dans notre tête, on veut aller le plus loin possible (... ) La Pologne, c'est un grand pays de volley, donc on vit le championnat du monde comme si c'était du basket ou même du foot, c'est de la folie ici." La Pologne affrontera l'Allemagne, samedi, lors de la seconde demi-finale de ce Mondial. Une finale contre le pays hôte, dimanche soir, en clair, pourrait être un formidable tremplin pour le volley français.