OM : Dortmund, modèle à copier

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LIGUE DES CHAMPIONS - L'OM se déplace sur la pelouse du Borussia, mardi, lors de la 2e journée.

Lorsqu'il prend les rênes de l'Olympique de Marseille en décembre 1996, feu Robert Louis-Dreyfus a un rêve : faire du club "le Bayern du Sud". Près de 17 ans plus tard, son lointain successeur au poste de président, Vincent Labrune, a choisi un autre modèle. Le 1er août dernier, il explique tout de go : "l'exemple à suivre, c'est Dortmund". Le hasard du tirage au sort a voulu que l'OM retrouve ce club allemand, finaliste sortant de la Ligue des champions, lors de la phase de poules. A quelques heures du match aller, à Dortmund, Europe 1 détaille les qualités du Borussia qui séduisent tant Labrune.

Reus avec Dortmund (930x620)

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Une équipe jeune et joueuse. Si le président de l'OM prend Dortmund en exemple, c'est d'abord parce que le club de la Ruhr a des résultats. Champion d'Allemagne en 2011, auteur du doublé Coupe-championnat en 2012, il a atteint la finale de la Ligue des champions l'année dernière, où il s'est incliné contre le... Bayern (2-1). Au-delà des résultats, le Borussia pratique en sus un jeu chatoyant, dont l'Europe se repaît chaque week-end. Depuis le début de la saison, les Jaune et Noir ont ainsi déjà inscrit la bagatelle de 31 buts en 11 matches, soit une moyenne de 2,8 buts par rencontre. Samedi dernier, le Borussia a encore délivré un récital, contre Fribourg (5-0).

Le club a trouvé dans le fantasque entraîneur Jürgen Klopp, 46 ans, un apôtre du beau jeu et en Marco Reus, Henrikh Mkhitaryan ou Nuri Sahin (et Mario Götze avant eux) de parfaits disciples. Pour l'OM, la comparaison semble d'autant plus pertinente que le BVB a lui aussi gagné la Ligue des champions à une seule reprise, dans les années 1990 (1997 et 1993 pour l'OM). Enfin, Labrune a beau jeu de dire que Dortmund est l'exemple à suivre. Car, il y a deux saisons, son club a dominé "l'exemple" au même stade de la compétition (3-0 au Vélodrome, 3-2 au Signal Iduna Park). Pour... l'exemple, on est sûr que le patron de l'OM ne serait pas contre le fait que son équipe remette ça, mardi soir.

Robert Lewandowski (930x620)

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Des recrutements intelligents. Depuis le début de la saison, l'OM se targue d'avoir effectué un recrutement de qualité, en misant sur des talents émergents (Lemina de Lorient, Thauvin de Lille, Imbula de Guingamp,  Mendy du Havre), une méthode déjà éprouvée par Dortmund, dont plusieurs titulaires actuels ont été recrutés très jeunes, comme le défenseur central Mats Hummels au Bayern Munich à l'âge de 19 ans. Comme l'OM,  qui a engagé des joueurs confirmés de son championnat (Payet à Lille par exemple), Dortmund a l'habitude d'acheter local (Subotic de Mayence, Gündogan de Nuremberg) mais sait aussi faire des affaires dans les pays voisins. Ainsi le Polonais Robert Lewandowski est arrivé de Lech Poznan en 2010 pour 4,5 millions d'euros, un "petit" prix pour un joueur capable de marquer quatre buts face au Real Madrid en demi-finales de la Ligue des champions...

Ces pépites, l'OM n'est pas encore capable de les dénicher. Comme le Borussia, l'OM aimerait faire fructifier son centre de formation. Alors que le club de la Ruhr a révélé Mario Götze, parti cet été au Bayern, l'OM, lui, n'aligne régulièrement que les frères Ayew comme produits maison. Un peu juste. En attendant de transformer Thauvin en Götze, l'OM a joué cet été le rôle médiatique inverse de celui de Dortmund : le club phocéen a fait le forcing pour obtenir Thauvin quand le Borussia résistait au Bayern qui souhaitait enrôler Lewandowski. Mais l'OM a su aussi se montrer ferme en conservant la plupart de ses joueurs cadres, comme son gardien Steve Mandanda ou son meneur de jeu Mathieu Valbuena.

Mkhitaryan (930x620)

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Des finances assainies. L'OM n'évolue clairement pas dans la même catégorie que le Borussia d'un point de vue financier. Le budget du club de la Ruhr flirte aujourd'hui avec les 300 millions d'euros, soit plus du double de celui de l'OM (125 millions environ). Mais, ce qui plaît d'abord chez le Borussia, c'est son parcours ces dernières années. Passé près de la faillite en 2005, il a su se relever de cette situation pour devenir l'un des clubs les plus puissants d'Europe, en quelque saisons seulement : sportivement donc, mais aussi financièrement. Lors du dernier exercice, le club a enregistré un chiffre d'affaires de plus de 300 millions d'euros, avec des bénéfices nets supérieurs à 50 millions. Une authentique renaissance, portée par l'actuel directeur sportif du club, Hans-Joachim Watzke.

Pour l'OM, contraint de se serrer la ceinture ces dernières années, c'est forcément un exemple à suivre, y compris dans la gestion des transferts. Götze parti au Bayern, le BVB est allé chercher le jeune Arménien Henrikh Mkhitaryan au Chakthior Donetsk pour le remplacer, en réinvestissant 27,5 des 37 millions obtenus. Le club s'est également offert les services de l'ancien Stéphanois Pierre-Emerick Aubameyang, 24 ans, acheté 13 millions d'euros. Toujours avoir un coup d'avance dans la construction (ou le maintien) de l'équipe, c'est le pari du Borussia. Mais c'est aussi le cas du FC Porto, qui, du haut de ses quatre victoires en Coupes d'Europe et de sa stabilité au plus haut niveau, pourrait tout aussi bien prétendre au rôle de modèle pour l'OM.

Le Mur Jaune de Dortmund (930x620)

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Un ancrage local important. Si le Borussia est perçu comme un modèle sur les bords de la Méditerranée, c'est aussi parce que le club de la Ruhr n'a pas derrière lui un Etat du Golfe ou un milliardaire russe... Euh, oui, même si Margarita Louis-Dreyfus, la propriétaire de l'OM, est russe, sa surface financière n'a aucun rapport avec celle de ses rivaux domestiques, PSG ou Monaco, ou du Bayern, ennemi n°1 de Dortmund. En recrutant jeune, l'OM fait le pari de l'avenir et en recrutant français, il entend assurer le maintien de l'identité du club. Dortmund comme Marseille ont d'ailleurs la même proportion de joueurs locaux dans leur effectif : 18 Allemands sur 28 à Dortmund et 14 Français sur 24 à l'OM.

Comme Dortmund, l'OM peut également se targuer d'être une ville de foot et de bénéficier de supporters fidèles. Le Signul Iduna Park s'appuie sur son fameux Mur Jaune quand le nouveau Vélodrome a le soutien de ses Virages nord et sud. Mais, dans ce domaine aussi, le club allemand, qui remplit son stade de plus de 80.000 places tous les week-ends, a une très nette longueur d'avance sur l'OM, qui ne possède que le quatrième taux de remplissage de Ligue 1 (85,2%). Mais, pour Labrune, le vrai souci n'est pas là. "Dortmund ne peut pas être un modèle économique pour une raison majeure : nous ne sommes pas, nous, propriétaires du stade et donc, nous ne pouvons pas espérer, même après la fin des travaux, doper nos recettes directes et indirectes liées à son exploitation", explique le boss de l'OM dans les colonnes de L'Equipe, mardi. De l'exemple à la réalité, il y a encore un gouffre que l'OM va tenter de combler au fil des années.