Novès: "On ne tombera pas dans ce piège"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
A l'heure de disputer sa 11e finale de championnat sur le banc du Stade Toulousain, Guy Novès, si ce n'était un mauvais mal dos, tient à savourer l'instant présent. Loin d'être blasé par la perspective d'offrir au club de la Ville Rose un 18e Brennus, le manager toulousain mesure la difficulté de la tâche qui attend samedi ses joueurs face à une équipe de Montpellier, qui n'est en rien le Petit Poucet que l'on dit.

A l'heure de disputer sa 11e finale de championnat sur le banc du Stade Toulousain, Guy Novès, si ce n'était un mauvais mal dos, tient à savourer l'instant présent. Loin d'être blasé par la perspective d'offrir au club de la Ville Rose un 18e Brennus, le manager toulousain mesure la difficulté de la tâche qui attend samedi ses joueurs face à une équipe de Montpellier, qui n'est en rien le Petit Poucet que l'on dit. Guy, durant ce dernier entraînement sur la pelouse du Stade de France, on vous a vu vous isoler en bord de touche, très pensif... Qu'est-ce qui vous traversait l'esprit à cet instant ? J'avais mal au dos, alors je récupérais (sourire). Je pensais que c'est tellement de travail pour en arriver là que j'essaye de profiter de chaque instant. Je profite. Je ne voudrais pas dire de bêtises, mais il y a des choses comme ça qu'on peut renouveler souvent et qui font toujours autant de bien. Et on en profite toujours autant, avec toujours la même envie. Ce sont des moments dont on n'est jamais rassasiés, surtout quand on les vit avec des groupes un peu différents, on vit des moments tellement particuliers qu'on a hâte d'y revenir. Et on se dit que c'est peut-être le dernier. Ion ne peut pas banaliser ces moments. Moi, j'ai l'impression qu'à chaque fois, on découvre des émotions différentes, nouvelles, dans les yeux des joueurs, il y a des jeunes parce qu'ils sont dans la découverte, des vieux parce que certains s'en vont, humainement, ce sont des moments très forts. On vous a vu très heureux, comme rarement sans doute, après la victoire de votre équipe en demi-finales. Pourquoi ? La demi-finale est peut-être au cours de ces phases finales l'étape la plus difficile. Parce qu'on sait tous qu'un match de demi-finales quand il est gagné, on n'a rien gagné, et quand il est perdu, on est complètement oublié, on a l'impression d'avoir échoué sur toute la saison, même si ce n'est pas mon sentiment. Mais quelque part, ça se vit comme ça. Cette demi-finale était un peu particulière face à Montferrand, champion en titre, qui nous avait sortis en demi-finales les deux dernières fois. On ne savait pas trop si on pouvait prétendre rivaliser avec cette équipe ou la dominer. C'est vrai qu'une fois le résultat acquis, il y a eu un sentiment de plaisir, plaisir partagé avec tous avec Yannick (Bru) et "Jean-Ba" (Elissalde). Au fond de moi, je me dis qu'ils méritent cette récompense. Le plaisir, c'était en pensant aux autres. "Montpellier mérite logiquement d'être là" Sur cette finale, est-ce qu'il y a moins d'incertitudes ? Est-ce que Montpellier est une équipe plus facile à analyser ? C'est plus compliqué d'abord parce que le délai est plus court qu'avant Clermont où on avait pu bénéficier pour travailler de trois semaines. Là on a eu que quatre jours pour travailler sur Montpellier, même si tout le monde va nous dire qu'on se connaît tous très bien. Mais franchement, on est vraiment heureux d'être là. C'est un grand moment. Après, je vais dire une banalité: il faut jouer sans se poser de questions, le meilleur gagnera. Il faut souhaiter surtout que le meilleur gagne et que ça ne se joue pas sur une faute idiote d'un des participants à cette finale. Il faut que les joueurs profitent pleinement des quatre-vingt minutes à jouer avec leurs copains. Il y a toujours cette quête au Stade Toulousain d'un jeu complet, d'un jeu flamboyant. C'est d'actualité pour cette finale ? Je crois qu'une finale, c'est fait pour être gagnée. La promotion du rugby, je crois qu'on la fait tout au long de l'année parce qu'on essaye d'être efficace en jouant. Mais si samedi, alors qu'on parle de pluie, d'orage, les conditions nous demandent de réduire la voilure, on le fera. Aujourd'hui, on ne rappelle pas si notre quatrième titre consécutif (1994, 1995, 1996, 1997) était issu d'un petit match (le Stade remportait la finale 12-6 face à Bourgoin cette année-là, ndlr). Moi, je me rappelle que c'était le quatrième titre consécutif. Les grands spécialistes se rappellent que c'était un petit match (sourire). On parle beaucoup de cette équipe de Montpellier comme du Petit Poucet de cette finale. Est-ce que ça existe dans une finale ? Non, je ne pense pas. On ne peut pas sortir Toulon, Castres à Castres, le Racing hyper puissant comme ça, juste sur la chance, un ballon qui tape un poteau, ça ne peut pas se faire. C'est une équipe qui cette saison a toujours été là, elle a posé des problèmes à tous ses adversaires. Vous n'avez qu'à regarder ses joueurs les uns après les autres, il y a de la densité physique, il y a de la vitesse, il y a de la précision dans les tirs au but, il y a de l'intelligence de jeu, il y a de la stratégie humaine dans le coaching, il y a de la technique et une évolution évidente de cette équipe, qui logiquement mérite d'être là. Nous, on ne tombera pas dans ce piège.