Nallet: "On peut avoir des soucis..."

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Propos recueillis par Sylvain LABBE , modifié à
Comme plusieurs de ses coéquipiers au sein de cette équipe de France, dont il est à 34 ans le très respecté doyen en même temps que le vice-capitaine, Lionel Nallet sait qu'il dispute en Nouvelle-Zélande sa dernière grande compétition internationale. A la veille de l'entrée des Bleus dans la Coupe du monde samedi, face au Japon, le Racingman met en garde ses partenaires contre tout excès de confiance et convoque pour cela le souvenir du désastre romain dans le Tournoi.

Comme plusieurs de ses coéquipiers au sein de cette équipe de France, dont il est à 34 ans le très respecté doyen en même temps que le vice-capitaine, Lionel Nallet sait qu'il dispute en Nouvelle-Zélande sa dernière grande compétition internationale. A la veille de l'entrée des Bleus dans la Coupe du monde samedi, face au Japon, le Racingman met en garde ses partenaires contre tout excès de confiance et convoque pour cela le souvenir du désastre romain dans le Tournoi. Lionel, une équipe de France opposée à un adversaire supposé plus faible comme le Japon, ça rappelle forcément la défaite du Tournoi en Italie, qui on le sait vous a profondément marqué. Vous y pensez ? Ce match, comme quelques autres, ça doit permettre de nous rappeler que si l'on rentre dans un match avec la tête en l'air et un manque d'agressivité, qu'on oublie le combat dès l'entame, on devient une équipe médiocre et on peut avoir des soucis. Tout le monde l'a en mémoire et c'est une bonne chose. Personnellement, je le rumine de temps en temps parce que je l'ai vécu comme une humiliation. Ce n'est jamais mauvais de rappeler certaines choses. Même s'il y a tout un tas d'éléments qui font qu'on est rassuré sur certains secteurs. Le fait de savoir que vous disputez ici votre dernière Coupe du monde vous incite-t-il à vous investir et à intervenir plus encore dans la vie du groupe ? Il est clair que par rapport à 2007, j'ai un rôle plus important au sein de l'équipe, c'est certain. Après, je pense que mon investissement personnel reste le même. J'essaye d'intervenir un petit peu plus, oui. Le fait d'avoir été capitaine n'a vraiment changé ma nature, j'étais resté le même. Aujourd'hui, quand j'ai à intervenir, j'interviens. Il n'y a pas de grosse différence. Vous semblez quelque part peut-être plus à l'aise aujourd'hui dans ce rôle de vice-capitaine que dans celui de capitaine qui était le vôtre auparavant ? Parce que vous, vous percevez dans la fonction du capitaine, un mec qui parle tout le temps, mais ça n'est pas forcément le cas. Thierry (Dusautoir) ne parle pas forcément beaucoup plus que moi. Ça ne me posait pas plus de problèmes à l'époque, pas plus que le rôle de vice-capitaine aujourd'hui. Ça ne me perturbe pas plus que ça. De toute façon, quand j'étais capitaine ou quand je le suis encore aujourd'hui en club, je ne suis pas forcément quelqu'un qui va faire de grands discours avant les matches, parler aux gars, j'ai toujours préféré essayer de montrer dès la première minute de l'engagement sur le terrain pour que les joueurs suivent. C'est ma façon de voir les choses, Thierry quelque part a le même comportement, et ça me convient très bien. "Ce qui peut se passer après, je m'en fous un peu" Diriez-vous que ce groupe France est composé pour l'essentiel de taiseux plutôt que de profils très expansifs ? Ça communique beaucoup, je peux vous le dire, lors des repas, c'est une vraie bassecour. Personne ne rentre dans un mutisme ou quoi que ce soit... C'est vrai aussi que depuis qu'on est arrivé en Nouvelle-Zélande, le groupe s'est encore plus resserré du fait de la barrière de la langue avec l'extérieur et d'être dans un pays qu'on ne connaît pas bien. Il y a beaucoup d'échanges, on communique sur tout, sur le rugby, sur ce qui se passe en dehors, sur de l'actualité... Si vous venez à avoir besoin de vous parler plus durement, vous pensez que tout le monde dans ce groupe est en mesure de le faire ? Oui, ça se fait, parfois, ça s'engueule un peu à l'entraînement, ça s'envoie chier... Ce sont des choses normales d'une vie de groupe. Vous étiez le premier capitaine de l'ère Lièvremont. Comment percevez-vous le sélectionneur aujourd'hui ? Est-il serein, détendu ? Je dirais qu'il est assez détendu. Quelque part, c'est comme nous, on a eu une préparation qui s'est bien passée, on a réussi tous plus ou moins à tenir les objectifs, les ambitions des préparateurs physiques ont, je pense été validées. Déjà, il s'agit d'une première étape réussie, même si elle est anecdotique par rapport à ce qui nous attend par la suite. Le cas de sa succession ne faisant désormais plus de mystère, est-ce que ça peut contribuer à l'apaiser ? Je n'ai pas eu l'occasion d'en discuter avec lui. Je ne sais pas si ça l'a soulagé de savoir qu'il arrêterait après, je pense que lui avait pris cette décision depuis un petit moment d'arrêter après cette Coupe du monde. Franchement... Moi, je m'en fous un peu. On a une Coupe du monde à préparer et à réussir ; on a l'ambition d'aller jusqu'au bout, donc ce qui peut se passer après, je m'en fous un peu, et puis, ça ne me concerne pas forcément. "Avec la compétition qui arrive, ça ne peut qu'être mieux..." Vous l'abordez comme votre dernière compétition internationale ? Oui, parce que je pense que ce sera ma dernière Coupe du monde. J'y ai pensé, c'est sûr, mes derniers matches en équipe de France, ça, je ne sais pas. Aujourd'hui, je ne vous dis pas que j'arrête ma carrière internationale après la Coupe du monde. Après, je ne sais pas comment se passeront les choses derrière, j'ai déjà une Coupe du monde à jouer, un retour en club à faire. Tout un tas de choses. Vous pensez à l'idée de laisser une trace, comme ont pu le faire les paires O'Connell-O'Collaghan ou Matfield-Botha, que l'on parle de la paire Nallet-Pierre éventuellement ? Quelque part, c'est toujours un plaisir que d'avoir la reconnaissance du milieu dans lequel on évolue, c'est toujours un signe de gratitude. C'est toujours appréciable. Oui, j'aimerai bien. Même si ça ne changera pas ma vie après le rugby. Sauf si vous êtes champions du monde ? Oui, bien sûr, dans ce cas-là (sourires). Jusqu'à maintenant, j'ai déjà pris beaucoup de plaisir avec ce groupe et cette équipe. Et je me dis qu'avec la compétition qui arrive, ça ne peut qu'être mieux, plus fabuleux encore.