Nadal: "J'ai fait pire que ça"

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Propos recueillis par Yannick SAGORIN , modifié à
Pour la première fois de sa carrière, Rafael Nadal a dû jouer cinq sets à Roland-Garros pour se sortir des griffes de l'Américain John Isner. Une anomalie que le n° 1 mondial met sur le compte de la nervosité, et d'une pression qu'il porte sur ses épaules au quotidien. Pas question pour autant de s'appesantir sur sa performance du jour. Aux yeux du Majorquin, certaines de ses victoires passées ici ont été plus laborieuses encore.

Pour la première fois de sa carrière, Rafael Nadal a dû jouer cinq sets à Roland-Garros pour se sortir des griffes de l'Américain John Isner. Une anomalie que le n° 1 mondial met sur le compte de la nervosité, et d'une pression qu'il porte sur ses épaules au quotidien. Pas question pour autant de s'appesantir sur sa performance du jour. Aux yeux du Majorquin, certaines de ses victoires passées ici ont été plus laborieuses encore. Qu'avez-vous ressenti après la perte du troisième set ? Je me suis senti en danger, proche de la sortie. J'avais beaucoup de mal à lire son service et j'étais frustré parce que je n'ai eu qu'une balle de break contre moi sur tout le match. Et puis c'est vrai que j'ai très mal joué les tie-breaks. J'étais trop nerveux. Malgré tout, j'ai essayé de contrôler. Je n'ai pas très bien joué mais c'est rarement le cas pour moi ici au premier tour. Finalement, je ne suis pas mécontent de la façon dont j'ai joué dans le premier set. Contre un tel joueur, si agressif, on est en permanence sous pression, on est plus ou moins obligé de jouer le même côté, sans pouvoir totalement se libérer. Quel est le tournant du match à vos yeux ? Le vrai tournant, c'est lorsque je le breake dans le dernier set. La pression a alors changé de camp. Je savais que j'étais en danger si j'allais au tie-break dans le quatrième ou le cinquième set (sic). Du coup, en breakant d'entrée dans le cinquième après avoir remporté le quatrième, j'ai gagné en confiance. J'ai sorti mon meilleur tennis pour faire ce break. Quelle difficulté en particulier avez-vous rencontré aujourd'hui ? Tout a été dur ! J'avais le match sous contrôle mais je n'ai pas eu la possibilité de remporter les deuxième et troisième sets. Perdre ce troisième set, ça a été difficile à digérer mentalement. Je me disais: "Tu joues mieux que lui", mais face à un adversaire comme John, il faut attendre sa chance et la prendre dès que possible sur son service. En puis mon passing - qui est mon meilleur coup - m'a un peu fait défaut aujourd'hui... "Des erreurs que je ne commettais pas avant" John Isner a-t-il selon vous le meilleur service du circuit ? Je crois que Karlovic est meilleur encore. Maintenant, avec ces nouvelles balles, le service d'Isner est peut-être plus dangereux. Celui de Karlovic est plus plat, pas aussi fou dans le rebond, et ses deuxièmes balles sont plus propres donc plus faciles à renvoyer. On n'a pas besoin de grimper à deux mètres pour renvoyer ses services. Parfois, aujourd'hui, il m'a fallu retourner à quatre ou cinq mètres de la ligne, et il en profitait pour entrer dans le court. Ces nouvelles balles vous posent-elles problème ? Non, ce n'est pas un problème pour moi mais il faut bien admettre que c'est un gros changement par rapport aux Masters 1000 de Madrid et de Rome. Personnellement, j'aimais bien les balles des Roland-Garros précédents. Cette année, elles sont plus molles ; au bout de quelques jeux, elles restent dans le cordage et je n'aime pas ça. Vous savez, je n'ai eu que six jours d'entraînement avec ces balles et ça change beaucoup de choses au niveau des sensations. Il faut juste s'adapter... C'est la première fois que vous vous imposez en cinq sets ici... Oui, c'est vrai... c'est dur parce que ce n'est que le premier tour mais il m'est arrivé de remporter des matches en quatre sets plus accrochés que ça, et il m'est aussi arrivé d'être plus mauvais ici. Et puis en général, je me débrouille pas mal dans les matches en cinq sets. Aujourd'hui, j'ai simplement commis quelques erreurs ; des erreurs que je ne commettais pas avant, il faut le reconnaître. L'important c'est de l'accepter, pour trouver des solutions. J'ai sans doute passé deux heures de trop sur le court mais vous savez, ma position est délicate. Je dois me défendre tout le temps, c'est la septième année où je suis n°1 ou n°2, cela suppose beaucoup de stress. Et la concurrence est rude. J'aurais pu faire mieux, c'est sûr...