Mormeck: "C'est LE combat..."

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Propos recueillis par Olivier CORTINOVIS , modifié à
Près d'un an après son retour sur les rings et son passage chez les lourds, Jean-Marc Mormeck dispute son troisième combat contre l'Ouzbek Timur Ibragimov (7e mondial), jeudi à la Halle Carpentier, avec en jeu deux titres internationaux WBA et NABA. Une "demi-finale mondiale" pour laquelle le Guadeloupéen n'a négligé aucun détail, avec dans le viseur la ceinture de champion du monde.

Près d'un an après son retour sur les rings et son passage chez les lourds, Jean-Marc Mormeck dispute son troisième combat contre l'Ouzbek Timur Ibragimov (7e mondial), jeudi à la Halle Carpentier, avec en jeu deux titres internationaux WBA et NABA. Une "demi-finale mondiale" pour laquelle le Guadeloupéen n'a négligé aucun détail, avec dans le viseur la ceinture de champion du monde. Jean-Marc, quelles sont vos sensations avant ce combat ? Comme je l'avais dit lors de mon retour, il me fallait trois combats pour pouvoir me jauger et savoir où j'en étais réellement. Contre... (NDLR : il hésite sur le nom de son adversaire, présent à ses côtés) ... Ibragimov, qui est quand même septième mondial, cela va être une très belle demi-finale. Ce n'est pas moi qui fait les règles, mais celui qui gagnera jeudi aura probablement une chance mondiale prochainement. D'où le nom de "demi-finale" pour ce combat car j'espère enchaîner très vite par la suite. Il faudra d'abord battre cet Ouzbek de 35 ans. Que savez-vous de lui ? A vrai dire, pas grand chose. D'après ce que j'ai vu, c'est un adversaire qui bouge bien avec un bon direct du gauche. Il va falloir être vigilant comme dans tous les combats mais je pense m'être beaucoup mieux entraîné que lors de mes deux précédentes victoires (contre les Américains Vinny Maddalone et Fres Oquendo). Justement, vous deviez initialement combattre contre l'Américain Hasim Rahman qui s'est montré trop gourmand à quelques semaines du Jour J. Est-ce que ce changement d'adversaire a modifié vos entraînements ? En fin de compte, on n'a pas pu faire un entraînement spécifique pour Ibragimov parce que le délai était trop court (NDLR : Rahman a annulé le combat le 5 novembre). Mais, de manière générale, la préparation a été modifiée du fait d'avoir pris un préparateur physique pendant trois mois complets pour être dans les meilleurs dispositions possibles et combattre n'importe quel adversaire. Sur quels domaines vous êtes vous mis d'accord avec vos entraîneurs pour accentuer votre préparation ? J'ai fait comme d'habitude. Je suis quand même allé me renseigner sur la boxe d'Ibragimov sur le net sans pour autant étudier une stratégie spécifique. Je fais entièrement confiance à mon entraînement et à mon attitude sur le ring. Pour tout vous dire, je n'ai même pas changé de sparring-partner. On a surtout axé la préparation sur le fractionné pour que je puisse retrouver une condition physique optimale et changer de rythme quand bon me semble. Lors de mes deux précédents combats, mes entraînements ont été faussés, soit par des pépins physiques, soit parce que je ne m'estimais pas encore prêt. Et puis, je sortais de deux ans d'inactivité. Cela prend du temps pour que mon corps se remette en route. Maintenant, je peux supporter le poids que j'ai pris et enchaîner les rounds, comme lorsque j'étais chez les lourds-légers. Finalement, Ibragimov, n'est-il pas un choix par défaut, une "mise en bouche" avant de vous projeter sur le Championnat du monde ? Cela serait lui manquer de respect que de dire une telle chose. Mais, aujourd'hui, je me sens vraiment très bien et je suis impatient de voir le 2 décembre si j'ai raison de me montrer si confiant en mes capacités. Sincèrement, je pense qu'Ibragimov est un parfait adversaire avant ce Championnat du monde. Je me rapproche de mon rêve, de cette ceinture de champion du monde chez les lourds, donc il va falloir être performant. Pas juste gagner comme j'ai pu le faire récemment contre Madalone et surtout Oquendo contre qui j'ai eu des difficultés. "Je ne suis pas là pour plaire à Haye ou aux frères Klitschko" En imposer pour pouvoir éventuellement plaire à Haye ou aux frères Klitschko dans la perspective d'un beau combat ? Je ne suis pas là pour plaire à Haye ou aux frères Klitschko. Je combats pour me satisfaire personnellement avant tout, pour montrer que j'ai eu raison de m'engager dans ce défi, et surtout pour gagner avec la manière pour pouvoir les affronter par la suite. Une fois que je serai bien, je ne pense pas que cela va leur plaire (sourire). Dans une interview récente, David Haye vous a renvoyé dans les cordes en estimant que vous deviez faire vos preuves avant de pouvoir l'affronter. De quoi décupler votre envie d'en découdre avec lui ? (Sur un ton ironique) Il a le droit de dire ce qu'il veut. Mais ce n'est pas lui qui décide si je peux boxer contre lui ou pas. La fédération internationale soumet des règles. Pour l'instant, il est champion du monde et j'ai ce respect pour lui. Mais si l'on regarde de plus près la boxe pure, moi aussi je peux dire qu'il n'a encore rien fait d'extraordinaire aujourd'hui. Contre Valuev, il s'est beaucoup déplacé, mais il n'a pas mis la manière, même si dans la dernière minute, il a ébranlé le Russe. Evander Holyfield avait fait à peu près le même combat (contre Valuev). Et je pense sincèrement qu'on ne lui a pas accordé la victoire car il était trop vieux. C'est passé pour David Haye car il a des contrats avec les Allemands. Ce qu'il doit réaliser, c'est rencontrer les frères Klitschko qu'il évite depuis un petit moment. Il parle beaucoup mais il est champion du monde, alors je le respecte. Il fait ce qu'il veut, c'est peut-être sa façon de se motiver ou de créer le buzz mais moi je suis loin de tout ça. Et le promoteur Mormeck, est-ce qu'il est arrivé à se faire une place au milieu de tous ces entraînements ? Il va bien dans le sens où il suit son chemin. C'est le début de quelque chose, je suis encore en apprentissage mais aujourd'hui, je suis bien épaulé, bien entouré et heureusement, car cela me permet de pouvoir bien m'entraîner quand je ne dois penser qu'à ça. J'envisage vraiment ce rôle à long terme mais on ne sait jamais de quoi l'avenir sera fait avec tous les problèmes liés aux retransmissions télés. Mais si Orange continue avec moi, c'est une chose que j'envisage à long terme. La télévision a de plus en plus de mal à suivre la boxe. Est-ce que votre parcours peut permettre une certaine lisibilité au moment où on assiste à un recul-frein des diffuseurs ? Oui, cela en fait partie mais il y a plein de paramètres à prendre en compte pour redorer le blason de la boxe. Comme le fait d'organiser des combats équilibrés et indécis, ou que les grands champions fassent des efforts sur leurs conditions pour que le grand public puisse s'y retrouver. C'est cette lisibilité qui redonnera à la boxe ses lettres de noblesse. La création des World Series of Boxing s'inscrit-elle dans cette reconquête du public ? Je n'ai pas bien compris le système de ce nouveau projet. Mais si cela peut apporter quelque chose, c'est tant mieux. C'est toujours bénéfique pour la boxe. En tout cas, votre défi de conquérir le titre de champion du monde dans la catégorie reine prend un nouveau tournant, jeudi. Etes-vous conscient de l'enjeu de ce troisième combat? C'est plus qu'un combat pour moi. C'est LE combat qui va me permettre d'arriver à mon but initial. Les lourds me font rêver depuis mes débuts, il fallait que j'essaie. Mon expérience américaine m'a fait prendre conscience que c'était possible. Et le moment est arrivé jeudi.