Montpellier prend le Métro

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Invités surprises du dernier carré, les Montpelliérains ont prolongé le plaisir en se qualifiant samedi pour la finale du Top 14. Une première finale dans l'histoire du club que les hommes de Fabien Galthié, enthousiastes en première période, courageux en fin de match, ont décroché aux dépens d'une équipe du Racing-Métro 92 qui s'est réveillée trop tard (26-25). Prochaine étape: le Stade Toulousain.

Invités surprises du dernier carré, les Montpelliérains ont prolongé le plaisir en se qualifiant samedi pour la finale du Top 14. Une première finale dans l'histoire du club que les hommes de Fabien Galthié, enthousiastes en première période, courageux en fin de match, ont décroché aux dépens d'une équipe du Racing-Métro 92 qui s'est réveillée trop tard (26-25). Prochaine étape: le Stade Toulousain. Quel match ! Au lendemain de la démonstration de force toulousaine, le Top 14 s'est offert samedi, dans un Vélodrome aux faux airs d'Yves-du-Manoir, une rencontre à couper le souffle, digne, la prolongation en moins, du Toulon-Clermont, qui un an plus tôt avait illuminé Saint-Etienne. Un match pour l'histoire puisqu'il envoie au Stade de France un prétendant inédit, ce Montpellier Hérault Rugby, qui n'a pas vingt-cinq ans, mais dont la jeunesse triomphante n'en finit plus de renverser des montagnes. Après Castres, c'est le Racing tout puissant, ses stars et ses millions qui ont dévissé à leur tour, bluffé par cette bande de gamins joueuse en diable lorsqu'elle le veut, portée par sa charnière tricolore et la meilleure troisième ligne du championnat, mais aussi encore une fois capable de troquer sa panoplie champagne pour un bleu de chauffe taille XXL, qui lui va aussi à ravir. Trahie, il faut bien l'avouer, par celui qui fut sans doute tout au long de la saison l'un de ses meilleurs atouts, un Jonathan Wisniewski en échec, à l'image d'un Romain Teulet avant lui, sur la bagatelle de quatorze points (!), l'équipe de Pierre Berbizier a pourtant entrevu son retour triomphale vers la capitale, vingt ans après, l'espace de trois petites minutes. Le temps pour Montpellier de ne rien lâcher, jamais, et de remettre sa gâchette, Martin Bustos Moyano, en position de conclure son nouveau match proche de la perfection, lui l'auteur d'un 6 sur 7 aux tirs au but (16 points). Wisniewski passe à côté Comme à Pierre-Antoine, en barrages, Montpellier pêche et gâche son entame de match par son indiscipline et une agressivité mal placée. Un plaquage haut de Nagusa et une faute au sol de Gorgodze valent aux Héraultais de concéder les trois premiers points de la rencontre. Jonathan Wisniewski en échec sur sa délicate première tentative en bord de touche (2e), François Steyn n'a pas besoin du mistral, qui est retombé depuis la veille, pour trouver la cible des 45 mètres (3e). On croit le broyeur entré en action, mais la réponse des jeunes joueurs de Galthié est pleine de cran, qui tout en vitesse viennent mourir à cinq mètres de l'en-but francilien et poussent à la faute le Racing. Martin Bustos Moyano reste sur son petit nuage castrais et égalise dans un Vélodrome quasiment tout acquis à la cause des Montpelliérains, où le bleu roi du MHR éclipse totalement le bleu ciel francilien (3-3, 13e). Un supplément d'âme que Montpellier met décidément bien mal à profit avec sur ce slalom géant de Julien Saubade, le plaquage à retardement de son talonneur Fabien Rofes sur Mathieu Lorée, le frêle demi de mêlée adverse (14e). Le carton jaune sort inévitablement de la poche de M. Poite, qui doit rappeler à l'ordre le capitaine Ouedraogo, et avec Gorgodze, encore limite sur un ruck. Wisniewski règle la mire à 42 mètres et redonne l'avantage aux siens (6-3, 17e). En infériorité numérique, il faut un grossier en-avant de Steyn sous ses perches pour remettre Montpellier dans le sens de la marche. Les conséquences manquent de très peu d'être considérables pour le Racing, qui ne doit qu'à l'arbitrage vidéo de ne pas concéder le premier essai que le pack montpelliérain pensait bien avoir inscrit au pied des poteaux (18e). Wisniewski n'est pas dans son match. Une pénalité (23e) et surtout un drop dans ses cordes s'échappent encore sous sa botte trop imprécise. A nouveau à quinze, le MHR prend confiance et Gorgodze, que l'infériorité numérique avait contraint à sortir, porte le fer plein axe (29e). Le jeu s'emballe et un sauvetage magistral de Benjamin Thiery à deux mètres de sa ligne d'en-but devant Steyn lance le contre. Au bout de l'action, le colossal deuxième ligne Aliki Fakate joue les trois-quarts, prend l'intervalle et envoie à l'essai son centre Sylvain Mirande dans un stade en délire, Galthié en tête. Le premier essai est montpelliérain, que transforme Bustos Moyano (6-13, 33e). Le Racing est sonné et frise le KO sur cette charge de Ouedraogo, repris à un mètre de la terre promise (37e). A la pause, la surprise à laquelle on n'osait croire est en marche ! Bluffant ces minots ! Elle se dessine plus encore dès la reprise quand la relance de Benjamin Fall depuis ses 22 mètres s'échoue en un ruck abandonné de ses soutiens et offre à François Trinh-Duc un ballon d'essai que l'ouvreur du XV de France relève pour Santiago Fernandez. L'essai en coin est validé par la vidéo, la transformation expédiée par un Bustos Moyano en état de grâce et Montpellier s'envole au score (6-20, 42e). Le contre assassin de son adversaire est en passe de tuer le Racing, qui en appelle à Sébastien Chabal, rentré sous les huées d'un public bien versatile (42e). Mais Jacque Cronje pris par la patrouille, Bustos Moyano poursuit son récital (6-23, 51e). Au moment où elle semble dans les cordes, l'équipe de Berbizier se relance pourtant quand Fall, repentant, déboule et trouve enfin l'espace que Sireli Bobo avale et exploite pour inscrire l'essai de l'espoir que Wisniewski, pourtant bien placé, ne transforme pas (11-23, 52e). Le Racing se relance d'autant plus que sur l'action, Trinh-Duc a droit à sa biscotte pour un plaquage cathédrale sur Fall. Le MHR se retrouve de nouveau à quatorze ! Le match paraît basculer à l'heure de jeu sur cette touche à cinq mètres que Wisniewski concrétise en force, avant de transformer son essai (18-23, 62e). Quel scénario, au moment où Trinh-Duc revient en jeu ! L'épreuve de force, à la vie à la mort, aura bien lieu sur cette penaltouche trouvée par le Racing. Autour de Chabal, les avants déroulent leur machine de guerre, méthodique, imparable, pour porter Jon Qovu à l'essai. Et Wisniewski, cette fois, ne tremble pas (25-23, 76e). C'est joué pour ce Racing revenu de nulle part, qui trouve le moyen de se mettre à la faute. Incroyable positionnement hors jeu de la défense francilienne, qui offre à Bustos Moyano la pénalité de la gagne, transformée sur un énième air de tango (25-26, 79e). Wisniewski en échec au drop (80e) et c'est Montpellier qui monte à Paris !