Monfils: "Arrêter de me tailler"

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Propos recueillis par PAUL ROUGET , modifié à
Vainqueur au forceps de David Ferrer (6-4, 2-6, 7-5, 1-6, 8-6), Gaël Monfils s'est invité en quarts de finale des Internationaux de France pour la troisième fois de sa carrière. L'occasion de retrouver à nouveau Roger Federer, pour un Parisien qui avoue avoir prédit cette montée en puissance après une entame délicate.

Vainqueur au forceps de David Ferrer (6-4, 2-6, 7-5, 1-6, 8-6), Gaël Monfils s'est invité en quarts de finale des Internationaux de France pour la troisième fois de sa carrière. L'occasion de retrouver à nouveau Roger Federer, pour un Parisien qui avoue avoir prédit cette montée en puissance après une entame délicate. Gaël, vous venez de remporter votre troisième victoire en autant de matches face à David Ferrer. Comment l'expliquez-vous ? J'aime son jeu, et je pense qu'il aime mon jeu. Il aime le rythme. À chaque fois, on est très proches, le match est très disputé. Je dirais que j'ai sans doute plus gagné de points sur mon service et peut-être aussi sur mon coup droit. Je pense que ce sont de petits éléments-clés à chaque fois. Et aujourd'hui, c'était certainement l'un des plus beaux matchs. Pensez-vous, avec le recul, que c'est une bonne chose d'avoir été forcé de terminer ce match aujourd'hui ? En fait, j'étais plutôt content que l'on reporte au lendemain parce que hier, à ce moment-là, je ne voyais plus sur le court. C'était mieux pour moi. En plus, je voulais prendre du temps pour reposer ma cheville. A quoi avez-vous pensé quand vous avez laissé filer ces balles de match dans le cinquième set ? Sur la première, cela allait. Mais sur la deuxième, je lui ai montré que je me précipitais et que j'avais peut-être un petit peu peur d'avoir un long échange. J'étais un petit peu plus vulnérable. Ensuite, j'ai essayé de me reconcentrer sur mon jeu et je me suis dit : "je vais tenir mon service et s'il me donne une opportunité sur le deuxième service, eh bien je vais essayer de frapper, d'être agressif". Après, j'ai eu un petit peu peur mais j'avais toujours confiance dans mes coups et j'étais toujours fort dans ma tête. Comment parvenez-vous à autant hausser votre niveau de jeu au fil des matches à Roland-Garros ? Je l'avais bien dit avant (Sourire) ! Et c'est pour ça qu'il faut arrêter de me tailler un peu au début ! A partir du moment où je sais qu'il va falloir monter un peu mon niveau, je pense que j'ai cette capacité à le faire, encore plus à Paris. Je savais qu'en jouant comme j'ai joué les premiers matchs, j'allais me faire déchirer. Mais avec les entraînements, j'ai senti tout de suite que je jouais dix fois mieux. Je me suis remis un coup de physique en plus pour reprendre la balle un peu plus tôt, taper plus fort, et physiquement ressentir un peu plus mes coups. Et avec la réussite, j'ai réussi. "Un combat physique, ce serait le rêve" Vous estimez disposer d'une marge qui vous permet d'arriver ici sans trop de préparation ? Je suis quand même à fond. Même si je joue très mal, je joue à fond. Je ne peux pas dire que j'ai une telle marge car je passe ric-rac à chaque fois. Je peux avoir un, deux ou trois matchs un peu durs on va dire, et je peux avoir ce déclic en jouant un tennis complètement différent le lendemain. En quoi ce match face à Roger Federer, que vous allez affronter pour la troisième fois à Roland-Garros, est-il différent des autres ? C'est un autre match, mais un gros match. Roger, je pense que l'on n'en parle pas beaucoup, mais je crois qu'il déchire quand même tous ses adversaires depuis le début du tournoi. Cela va être encore un match dur et peut-être même plus dur que ceux que j'ai eus par le passé avec lui. Parce que je pense que les médias n'en ont pas trop parlé mais moi, j'ai eu l'occasion de parler avec lui au début du tournoi et de voir ses matches. Et là, il était en grande forme et je pense qu'il a pas mal de choses à prouver. Je m'attends donc à un match super dur, d'autant que j'ai eu l'occasion de jouer avec lui avant le début de tournoi. Le fait de l'avoir battu pour la première fois lors du dernier tournoi de Bercy peut-il jouer un rôle dans la préparation de cette rencontre ? Cela compte énormément de savoir que j'ai réussi à le battre à Paris. C'est sûr que ça va jouer, et je vais me relâcher encore un peu plus. Mais chaque match est différent. Avant, j'y croyais aussi, mais je pense qu'il jouait mieux que moi... J'étais peut-être un peu plus jeune dans la tête. Votre demi-finale face au Suisse, en 2008, vous avait laissé pas mal de regrets. Quel regard portez-vous sur cette rencontre avec le recul ? C'était ma première demie en Grand Chelem, et la seule. Je commençais à voir Roger piquer un peu du nez physiquement et je n'étais pas si loin que ça du cinquième set. J'avais quelques regrets, mais c'est oublié. Ça va être un tout autre match demain. Quelle peut-être la recette du succès mardi ? Je vais essayer de me focaliser sur chaque point, chaque retour de service et de le mettre dedans. Essayer de le faire jouer un maximum. Après, je dois pour ma part passer un maximum de premières. C'est ce qui m'avait aidé quand j'avais gagné. Des choses très simples. Et puis au niveau du jeu, être agressif, mais ne pas tenter la mort en coup droit ou en revers. Jouer simplement. Et bien sûr, ce qui pourrait beaucoup m'aider, ce serait d'arriver à engager un gros combat physique. Ce serait le rêve.