Meftah: "Comprendre le marathon"

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Propos recueillis par Mathieu JAHAN , modifié à
Abdellatif Meftah est, à 29 ans, l'étoile montante du fond français. Originaire du Maroc, il s'est récemment emparé de la meilleure marque française sur semi-marathon (1h00'46" à Lille, le 4 septembre) après avoir opté pour la nationalité tricolore en 2008. Piste, cross, route, celui qui est un véritable athlète tout-terrain espère à nouveau démontrer tout son potentiel ce dimanche à Paris où il prendra part à son premier marathon.

Abdellatif Meftah est, à 29 ans, l'étoile montante du fond français. Originaire du Maroc, il s'est récemment emparé de la meilleure marque française sur semi-marathon (1h00'46" à Lille, le 4 septembre) après avoir opté pour la nationalité tricolore en 2008. Piste, cross, route, celui qui est un véritable athlète tout-terrain espère à nouveau démontrer tout son potentiel ce dimanche à Paris où il prendra part à son premier marathon. Joël Lainé, directeur du 35e Marathon International de Paris, vous désigne comme la meilleure chance française pour l'épreuve. Qu'en pensez-vous ? C'est mon premier marathon donc je ne peux pas m'avancer de la sorte sur une position ou même sur un temps. Le marathon s'annonce compliqué à gérer, la distance est tellement différente d'une autre épreuve. Il va falloir que je l'apprivoise. Quel objectif vous êtes-vous fixé pour cette épreuve ? L'objectif est d'abord de terminer. Cette participation est un essai pour moi donc il faut attendre de voir ce que cela va donner. Après, je sais que dans un premier temps je vais essayer de suivre les lièvres pendant environ une heure. Et puis alors si je me sens bien je partirai pour faire un chrono. L'idéal c'est de passer entre 1h04', 1h04'30" à la mi-course pour pouvoir envisager quelque chose de bien au final. Mais ensuite on ne peut présager de rien sur le deuxième semi. Le fait de s'engager à Paris sur votre premier marathon résulte plutôt d'un choix ou d'un hasard du calendrier ? C'est un choix de ma part. J'en avais discuté avec mon entraîneur et on avait convenu que cela représentait la meilleure solution pour moi que de débuter dans mon pays et lors d'un évènement aussi médiatique que celui-là. Cela doit d'ailleurs me pousser à me montrer. En attendant le marathon de New York prochainement si tout se passe bien. "Battre le record de France du 10 000 m cette saison" Pourquoi avoir opté pour la nationalité française en 2008 justement ? C'est encore un choix, une volonté de ma part de courir sous le drapeau français. Et le fait d'avoir d'ores et déjà pu participer à différents championnats au sein de l'équipe de France représente un véritable honneur pour moi. Je souhaite prendre part à toutes les compétitions possibles avec l'équipe de France. Je serai toujours disponible, que ce soit pour le cross, le 10 000 m ou bien le marathon. Ressentez-vous une pression supplémentaire depuis que vous détenez le record de France du semi-marathon (1h00'46", le 4 septembre 2010 à Lille) ? Non. Il est vrai qu'il y a certaines attentes à mon égard aujourd'hui mais elles sont légitimes à partir du moment où j'ai réalisé un tel chrono sur semi. Mais moi je reste le même, toujours serein. Le record de France n'a rien changé de ce côté-là. Avez-vous des appréhensions particulières par rapport à la distance ? C'est tellement particulier comme épreuve. Ce n'est pas parce que l'on réalise 1h00' sur semi que l'on vaut 2h05', 2h06' sur marathon. Il y des champions du monde de semi qui sont descendus sous la barre des 1h mais qui n'ont jamais réussi à réaliser moins de 2h10' sur les 42,195 km. Il faut gérer son effort et on ne sait jamais comment cela va se dérouler. C'est la raison pour laquelle je ne me dis pas que je dois couper la ligne en moins de 2h06', par exemple, au seul prétexte que j'ai déjà fait 1h00' sur semi. Il faut d'abord que je cours la distance pour comprendre le marathon. Après j'aurais la possibilité de rectifier les erreurs commises et d'aller chercher plus haut. Maintenant si effectivement je parviens à passer en 1h04' aux 21 km, je vais tout faire pour finir en 2h10' et pourquoi pas 2h06'. "Avant Londres, toutes les compétitions ne sont que préparation pour moi" Vous avez participé aux Europe sur piste à Barcelone l'été dernier (10e de la finale du 10 000 m), puis en Cross-Country en décembre (4e) et maintenant vous voilà lancé sur le marathon. Comment s'organisent vos priorités ? Je me sens plus à l'aise sur route et sur piste qu'en cross-country. Le cross requiert une grosse préparation physique et un travail de musculation un peu différent en raison de la spécificité des appuis. Mais je pense que le travail en cross donne la force nécessaire pour les courses qui suivent sur piste et sur route. Quels sont vos objectifs alors pour cette saison 2011 ? Je vais me concentrer sur le 10 000 mètres et le marathon de New York, à condition que tout se passe bien au marathon de Paris. J'ai d'ailleurs l'ambition de battre le record de France du 10 000 m dès cette saison (détenu par Mohamed Mourhit en 26'52"30 depuis 1999 alors que son meilleur temps personnel, réalisé à Marseille le 5 juin 2010, s'élève actuellement à 28'12"83, ndlr). L'objectif sur cette distance est également de travailler la vitesse dans l'optique du marathon de New York le 6 novembre prochain. Et pour les Championnats du monde de Daegu ? Si je participe aux Mondiaux de Daegu, cela sera forcément sur 10 000 m mais je ne suis pas focalisé sur ces Mondiaux. Quid des Jeux Olympiques de Londres en 2012 ? Mon grand objectif à court terme, c'est de monter sur le podium du marathon aux Jeux Olympiques. Le scénario idéal pour moi serait de réaliser les minimas pour le marathon de Londres (2h12') dès ce week-end à Paris. Toutes les compétitions avant Londres ne s'inscrivent que dans le cadre de la préparation à ce grand évènement qui m'attend.