Maradona, roi des petites phrases

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avec AFP , modifié à
FOOT - L'Argentin, en conflit avec le fisc, a tenu une conférence de presse, jeudi, à Milan.
Maradona à Milan (930x620)

Diego Maradona n'a plus qu'un rôle relatif dans le monde du football - il est ambassadeur sportif des Emirats arabes unis -, mais sa voix (ou ses éclats de voix) continue de porter. Notamment lorsqu'il revient en Italie, la terre de ses exploits sous le maillot de Naples (double champion d'Italie en 1987 et 1990), un Napoli qui affronte l'AS Roma de Rudi Garcia, vendredi, dans le choc au sommet de la Serie A. Invité jeudi à Milan par le quotidien sportif La Gazzetta dello Sport, qui édite ses exploits en DVD, el "Pibe de Oro" a montré qu'il n'avait rien perdu de sa verve et qu'il restait le roi des petites phrases.

Depuis qu'il a raccroché les crampons, et encore plus depuis qu'il a quitté ses fonctions d'entraîneur dans les Emirats arabes unis, Maradona semble obsédé par une chose : la trace qu'il laissera dans l'histoire du jeu. Et plus encore par le statut de meilleur joueur de tous les temps. Et, à ce petit jeu, il a trouvé en Pelé un adversaire redoutable. Le Brésilien ne manque jamais une occasion, lui non plus, de rappeler ses états de service. Fort de son élection de meilleur footballeur du siècle sur le site de la Fédération internationale (Fifa), Maradona a paradé : "moi, j'ai gagné grâce au vote des gens. Pelé était deuxième même au Brésil, où (le pilote de F1) Ayrton Senna a été élu meilleur athlète de tous les temps. Alors, les amis de Pelé ont dû lui offrir une reconnaissance (athlète du siècle au Brésil, ndlr), mais ce prix vaut "que dalle", il a été choisi par ses amis."

S'il ne manque jamais une occasion d'égratigner Pelé, Maradona a en revanche toujours adoubé son compatriote Lionel Messi. Il l'a notamment eu sous ses ordres lors de la Coupe du monde 2010, quand Maradona était sélectionneur de l'Albiceleste. L'aventure s'était achevée en quarts de finale, après une correction infligée par l'Allemagne (4-0). "Il (Messi) ne m'a pas déçu en 2010", a-t-il insisté. "Il n'a pas eu la chance de la mettre au fond, mais il a fait une grande Coupe du monde. Et quand on s'est fait sortir, je l'ai vu pleurer comme personne." Et, dans l'éternel débat Messi-Ronaldo, Maradona a évidemment pris position pour "Leo". "Il est le numéro un devant (Cristiano) Ronaldo, Neymar et (Mario) Balotelli". Car le Barcelonais "réussit à passer au milieu de cinq joueurs, ce que le joueur du Real ne sait pas faire". Est-ce que Maradona sera toujours aussi miel avec Messi si celui-ci le rejoint dans la légende en devenant champion du monde, l'an prochain, au Brésil ? Rien n'est moins sûr...

Voilà une phrase lâchée au débotté qui ne mange pas de pain. Malgré un parcours d'entraîneur un peu chaotique, Maradona a fait part de son envie de s'asseoir sur le banc du club napolitain. Mais attention, "quand (Rafael) Benitez partira". Pour le moment, ce n'est pas d'actualité, puisque le technicien espagnol, passé par Liverpool ou Chelsea, est à la tête d'une équipe deuxième de Serie A. Toujours aussi prompt à commenter l'actualité du championnat d'Italie, "Diego" a également moqué le nouveau propriétaire de l'Inter Milan, l'Indonésien Erick Thohir, qui, selon lui, ne sait pas "faire la différence entre un ballon de foot et une balle de football américain". Enfin, concernant le scandale du "Calcioscommesse", cette vaste affaire de paris truqués dans le football italien, Maradona a lâché, tout de go : "si le foot continue comme ça, si les gens commencent à comprendre que les matches sont truqués, on a plus qu'à s'en aller et regarder les feuilletons."

Maradona à Naples (930x620)

Bonus :

Maradona ne croit pas si bien dire en parlant de feuilleton. Car son histoire avec le fisc italien en est un vrai. Vingt-trois ans après son départ de Naples, des fonctionnaires du fisc lui ont remis une mise en demeure de sa dette de 39 millions d'euros d'impôts. "Aujourd'hui, pour la première fois depuis 25 ans, je reçois enfin conformément aux règles une photocopie d'une obscure demande millionnaire", a commenté Maradona dans un communiqué transmis à l'agence Ansa. L'Argentin avait été condamné en 2005 à payer 37,2 millions d'euros, dont 23,5 d'intérêts, pour fraude fiscale, par la Cour de Cassation. Et depuis, des intérêts ont couru. "Je suis persécuté au pays des impôts", a-t-il insisté. "J'ai seulement offert de l'amour aux gens et du spectacle sans jamais faire de mal à personne, mais en subissant des méchancetés. Voilà la seule vérité, que bientôt tout le monde pourra lire dans le livre que je vais publier dans le monde entier." Un livre ? Voilà qui promet encore son lot de petites phrases...