Les tirs au but inéquitables ?

© Reuters
  • Copié
avec AFP , modifié à
FOOT - Selon une étude scientifique, les tirs au but favoriseraient l'équipe qui tire en premier.

Loterie pour les uns, exercice technique pour les autres, la séance de tirs au but ne cesse d'alimenter les débats depuis son instauration dans le football il y a tout juste quarante ans. Elle est cette fois au cœur d'une étude de la London School of Economics and Political Science (LSE), publiée jeudi. Celle-ci avance que le résultat d'une séance de tirs au but pourrait être affecté avant même que celle-ci ne débute.

"La plupart des chaînes TV font une pause publicitaire au moment où la pièce est lancée pour décider quelle équipe tirera en premier", précise Ignacio Palacios-Huerta, l'un des coauteurs de l'étude, parue dans l'American Economic Review. "Mais nos recherches montrent que cela pourrait être le moment décisif après un match nul."

Un rapport de 60-40

Explication. M. Palacios-Huerta et l'autre coauteur Jose Apesteguia, professeur associé de l'Université Pompeu Fabra à Barcelone, ont étudié 2.820 tirs au but dans des grands matches nationaux et internationaux entre 1970 et 2000. Ils en ont conclu que la première équipe à tirer gagne dans 60% des cas, contre 40% pour la seconde*.

"La pièce donne un avantage de 20% à l'équipe qui tire en premier", souligne Ignacio Palacio-Huerta. Et les joueurs en sont bien conscients. Les deux auteurs ont aussi décrypté les vidéos de pile ou face sur 20 matches. Dans tous les cas à l'exception d'un seul, l'équipe gagnante a choisi de tirer en premier...

Un "avantage psychologique"

"La pression psychologique liée au fait d'être "en retard" affecte clairement la performance de l'équipe qui tire en deuxième", selon le co-auteur de cette étude. Cet avantage psychologique, on le retrouve dans d'autres sports, comme en tennis, lorsqu'un joueur sert en premier dans un set. Mais c'est pourtant dans ce sport que les deux auteurs pointent une solution possible pour résoudre ce problème d'équité.

M. Palacios-Huerta suggère ainsi aux dirigeants du football mondial d'adopter un système de jeu décisif, dans lequel la deuxième équipe à tirer tirerait deux fois de suite. "Cela réduirait nettement l'avantage psychologique indu dont bénéficie le "premier tireur" puisque la deuxième équipe ne serait pas constamment en train de "rattraper"", explique Ignacio Palacios-Huerta. Malgré la qualité de la démonstration (qui a dit son évidence ?), on n'est pas sûr que la FIFA se penche sur la question...

*A noter que dans l'histoire de l'équipe de France, sur les six séances de tirs au but ayant concerné les Bleus, la première équipe à tirer ne s'est imposée que deux fois (en 1998, la France face à l'Italie et en 2006, l'Italie face à la France). En 1982, à Séville, par exemple, la France, qui tirait en premier, n'avait pas profité de sa position pour battre l'Allemagne...