Les cinq vies d'Armstrong

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CYCLISME - Lance Armstrong a mis fin à sa carrière, mercredi. Une carrière en cinq temps.

Jeune chasseur. Pour la jeune génération qui n'a connu Lance Armstrong qu'en jaune, c'est difficile à imaginer. Et pourtant, il fut un temps où le Texan brillait sur les courses d'un jour. Il ne visait pas le Tour, mais ses étapes. En 1993, année de son explosion, il perd six minutes lors du premier contre-la-montre, se retrouve distancé en haute montagne mais remporte avec autorité la 8e étape après avoir dominé ses compagnons d'échappée au sprint. Quelques mois plus tard, sous la pluie d'Oslo, il révèle son incroyable talent de "chasseur de classiques", en devenant, à 21 ans, le plus jeune champion du monde de l'histoire. Deux ans plus tard, il remporte le Clasica San Sebastian et en 1996, la Flèche Wallonne. Deuxième de Paris-Nice cette même année, il laisse apparaître un beau potentiel pour les courses à étapes. Prometteur...

Armstrong devient champion du monde à 21 ans :

Parfait grimpeur. L'image a frappé les esprits. Lors du Tour 1999, Lance Arsmtrong, maillot jaune sur le dos, lâche tous ses adversaires dans la montée vers Sestrières en deux temps et énormément de mouvements... Pour tous les observateurs, c'est en effet grâce à son incroyable fréquence de pédalage que le Armstrong nouveau fait la différence. "Nouveau", car en cet été 1999, Lance Armstrong est un survivant. Deux ans et demi auparavant, il annonçait être atteint d'un cancer des testicules. Physiquement, ce nouvel Armstrong n'a plus rien à voir avec celui qui avait abandonné le Tour dès la 6e étape en 1996. Délesté des kilos superflus qu'il traînait en début de carrière, il vole littéralement en montagne. A partir de cette date, il assoit sa suprématie sur le Tour de France, qu'il va remporter à sept reprises...

Armstrong remporte l'étape de Sestrières, en 1999 :

Sacré cogneur. Jusqu'à 2005, Lance Armstrong a exercé une domination sans partage : sur ses équipiers, sur ses adversaires, sur le Tour. Une anecdote résume son emprise. Lors de la 18e étape du Tour de France 2004, "le Boss" prend en chasse l'Italien Filippo Simeoni, alors échappé, et l’oblige à rejoindre le peloton. Simeoni est alors un inconnu du grand public mais pas de la justice italienne. En 2002, il avait avoué s'être dopé à l'EPO et aux hormones de croissance sur les ordres du docteur italien Michele Ferrari, réputé proche de Lance Armstrong. Le Texan, qui a la rancune tenace, força Simeoni à se relever. Armstrong, dont L'Equipe révéla en 2005 qu'il avait eu recours à l'EPO en 1999, n'a jamais accepté que des coureurs révèlent certaines pratiques du peloton. Et ce, jusqu'à la fin de sa (deuxième) carrière.

Armstrong prend en chasse Simeoni, en 2004 :

Eternel gagneur. Retraité des pelotons depuis sa septième victoire dans le Tour, en 2005, Armstrong effectue son retour à la compétition fin 2008. Désormais placé dans la position d'outsider, il n'a rien perdu de son appétit et réussira l'exploit de terminer troisième du Tour de France, malgré la concurrence féroce et son âge avancé (près de 38 ans). Lors de la 16e étape qui franchit successivement le Grand et le Petit Saint-Bernard, Armstrong, d'abord distancé par ses adversaires, parvient à revenir dans les roues. Membre de la même équipe qu'Alberto Contador, futur vainqueur, il ne reconnaît jamais la supériorité de l'Espagnol et parvient même à l'isoler chez Astana. Armstrong, éternel leader.

Armstrong comble son retard dans le Petit-Saint-Bernard :

Simple coureur. Sa dernière année sur le Tour aura été marquée par un retour au simple statut de coureur. Lâché par les meilleurs dans la montagne et sur les contre-la-montre, "LA" s'est parfois traîné en fond de peloton. Ce dernier Tour d'honneur, Armstrong le dispute avant tout pour plaider la cause de sa fondation, Livestrong, qui lève des fonds en faveur des victimes du cancer. Lors de la dernière étape qui arrive aux Champs-Elysées, il enfile un maillot floqué du numéro 28, comme 28 millions de malades dans le monde. Ecarté de la course à la victoire, il s'est investi à 100% dans son combat contre le cancer, qui n'aura pas seulement marqué sa carrière, mais qui l'aura aussi façonné.

Armstrong, un ryhtme de sénateur :