Le triomphe du modèle allemand

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LIGUE DES CHAMPIONS - La finale Borussia-Bayern symbolise la réussite du foot allemand.

Pour la première fois dans l'histoire de la Ligue des champions, deux clubs allemands, le Borussia Dortmund et le Bayern Munich, vont s'affronter samedi en finale, à Wembley. Loin d'être anecdotique, cette affiche traduit la nouvelle puissance d'un football allemand qui a su (re)devenir une place forte en Europe.

Supporters de Dortmund (930x620)

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REBOND. Il y a huit ans, le Borussia Dortmund a failli se retrouver en cessation de paiement. Comme le raconte le quotidien L'Equipe vendredi, les mesures prises pour le sauver ont été drastiques : réductions des salaires, vente d'une partie du stade et recours au "naming", le Westfalenstadion devenant le Signal Iduna Park. Ces différentes mesures, ainsi qu'un prêt de 2 millions d'euros par le... Bayern, ont permis d'éponger une dette qui avait atteint jusqu'à 200 millions d'euros. Après huit ans sans Ligue des champions, entre 2003 et 2011, le Borussia, vainqueur de l'épreuve en 1997, est redevenu un géant d'Europe, avec des comptes assainis. Le club bavarois, au budget largement supérieur à celui de son adversaire de samedi (330 millions contre 215 millions), a lui su se relever d'une décennie loin des sommets : entre son titre de 2001 et sa finale de 2010, il n'a pas atteint une seule fois le dernier carré de la Ligue des champions. Il disputera samedi sa troisième finale de C1 en quatre éditions avec l'ambition d'effacer le mauvais souvenir de la finale 2012 perdue à domicile face à Chelsea aux tirs au but.

Bayern Munich, 930

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GESTION. Samedi soir, la finale de la Ligue des champions va être 100% allemande. Elle aurait pu être 100% espagnole. Et donc 100% endettée. En effet, le Barça et le Real, sortis par le Bayern et le Borussia en demi-finales, présentent des comptes largement déficitaires : 350 millions d'euros pour le premier, 450 pour le second. Le Bayern, lui, présente un solde positif de 129 millions alors que le Borussia, lui, n'est endetté qu'à hauteur de 40 millions d'euros. Comme l'explique un article du quotidien économique Les Echos, les clubs allemands tirent 80% de leurs bénéfices de ressources propres (droits commerciaux et billetterie). Ce n'est pas exactement le cas pour les géants espagnols, pour qui les ressources venues des droits télé, plus fluctuantes, représentent 40% de leurs revenus. Endettés et donc dépendants, par dessus le marché...

Allianz Arena de Munich (930x620)

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OPPORTUNITÉ. Au début du siècle, la Bundesliga, bousculée par la Liga et la Premier League, a profité de la Coupe du monde 2006 organisée par l'Allemagne pour opérer sa mue. Comme l'explique L'Equipe.fr, un milliard et demi d'euros ont été investis, soit deux fois et demi la somme dépensée par la France huit ans plus tôt. La différence est perceptible. Alors que l'Hexagone en a seulement profité pour construire le Stade de France, l'Allemagne, elle, a totalement rénové son parc de stades, avec plusieurs nouvelles enceintes, modernes et fonctionnelles. Le plus bel exemple est l'Allianz Arena, le stade du Bayern, qui est bien plus qu'un stade. Il s'agit d'un véritable lieu de vie et de consommation, avec les couleurs du club déclinées sous toutes les formes et dans tous les formats. Les supporters, chouchoutés, s'y déplacent en masse et la Bundesliga affiche, et de loin, l'affluence la plus élevée d'Europe, avec une moyenne de 42.600 spectateurs par match. Soit à peine moins que la moyenne du champion de France, le PSG (43.239). Evidemment, le Bayern et le Borussia sont les symboles de cette ferveur. Le Borussia peut ainsi se targuer de 75.000 abonnés. Pour la finale face au Bayern à Wembley, le club de la Ruhr a même reçu plus de 500.000 demandes...

Mario Götze (930x620)

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FORMATION. Si le Borussia Dortmund, mal en point au cœur de la dernière décennie, a réussi à s'en sortir, c'est aussi grâce à sa politique de formation. Plusieurs des stars de l'équipe première actuelle sont passées par les équipes de jeunes du BVB : Nuri Sahin, Mario Götze (qui sera absent à Wembley) ou Marco Reus, étincelant sur cette fin de Ligue des champions. Le Borussia, double champion d'Allemagne en 2011 et 2012, a su créer une dynamique autour d'un coach emblématique, Jürgen Klopp. Même s'il n'hésite pas à mettre la main à la poche, le Bayern s'appuie lui aussi sur une formation brillante. Dans son effectif actuel, pas moins de neuf joueurs ont été formés au Bayern, dont le capitaine emblématique, Philipp Lahm, ou l'attaquant de la National Mannschaft, Thomas Müller. Et quand il recrute, le Bayern fait traditionnellement ses emplettes en Allemagne, nourrissant le cercle vertueux. Il y a eu Claudio Pizarro (ex-Werder Brême) ou Mario Mandzukic (ex-Wolfsburg). Et cet été, c'est la pépite du... Borussia, Mario Götze, qui va rejoindre la Bavière pour 37 millions d'euros. Il sera entraîné par "Pep" Guardiola, l'homme de tous les exploits avec le Barça. Voilà qui devrait donner encore une dimension supplémentaire au football d'outre-Rhin.