Le surf : des vagues, une âme

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A LA DECOUVERTE DE - Alors que le Quiksilver Pro s'achève, présentation d'un sport à part.

Le principe. Une vague. Voilà l'élément essentiel à la pratique du surf, le plus petit dénominateur commun, puisque le bodysurf permet même d'en faire sans planche. Plus la vague est haute, plus le défi sera généralement difficile à relever. Il existe autant de sports différents que de sortes de planches et de positions du corps (bodyboard, paddleboard, kneeboard, etc.). En compétition, il s'agit de surfer la vague en la maîtrisant de bout en bout. Tout le corps entre en action dans cette quête d'équilibre, des pieds jusqu'à la tête.

La figure. C'est celle qui inonde les publicités pour les gels douche. Le surfeur se laisse enfermer dans une vague avant d'en sortir sur sa planche : c'est le tube, en référence à la forme que la vague prend sur l'eau. D'autres figures sont également très "cinématographiques", comme l'"aerial", qui consiste à réaliser un saut au sommet de la vague, en "grabbant" sa planche ou non (l'attraper ou non). En compétition, ce sont les figures qui permettent de noter les concurrents.

Teahupoo (930x620)
Jérémy Florès (930x620)

La compétition. Le Quiksilver Pro, qui se déroule à Hossegor, dans les Landes, est la septième des dix épreuves de la saison du World Championship Tour, compétition majeure du calendrier mondial organisée par l'Association des surfeurs professionnels (ASP). Pendant la compétition, les surfeurs s'affrontent en duel lors de quatre tours préliminaires avant les phases finales (quarts de finale, demi-finales et finale). Les surfeurs disposent de 20 ou 30 minutes pour effectuer un nombre de passages limité sur des vagues. Seuls les deux meilleurs passages sont notés. Deux Français participent au WCT : le Réunionnais Jérémy Florès (ici en photo, vendredi 28), qui fut le plus jeune surfeur du WCT à l'âge de 19 ans, et le Tahitien Michel Bourez.

Le lieu. Ou plutôt devrions-nous dire le spot, puisque telle est la dénomination des lieux où l'on pratique le surf. Parmi les spots mythiques, Hawaï, où serait né ce sport au XIXe siècle, fait figure de référence historique et de référent culturel incontournable. Teahupoo, à Tahiti (photo), jouit d'une renommée quasi équivalente. D'autres endroits plus exotiques font également le bonheur des surfeurs, comme Bali, en Indonésie, l'île de Pâques, le Costa Rica ou le Chili. En France, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques sont prisés.

>>A ECOUTER : Surfin' Biarritz

Le héros. Michael Schumacher a sept titres de champion du monde de F1. Sébastien Loeb en a huit en rallye. Mais Kelly Slater évolue dans la catégorie encore au-dessus. L'hiver dernier, le Floridien a en effet décroché son onzième titre de champion du monde, à l'âge de 40 ans. Rien de moins. Et, vendredi, à Hossegor, il a décroché le 51e succès officiel de sa carrière sur le circuit mondial... Inoxydable.

>>A VOIR : Kelly Slater, maître de la vague

Kelly Slater est sacré champion du monde en 2011 :

Le drame. Son duel contre Kelly Slater a rythmé le surf du début du siècle. Trois fois de suite, le natif d'Hawaï Andy Irons a remporté le titre de champion du monde (2002, 2003 et 2004). Mais, quelques semaines seulement après une dernière victoire à Teahupoo, en 2010, Irons est retrouvé mort dans une chambre d'hôtel, au Texas. L'ASP évoque d'abord les effets de la dengue mais l'autopsie révèle la présence dans le corps de plusieurs drogues, dont la méthadone et la métanphétamine. Sa disparition, à l'âge de 32 ans, a été un choc énorme pour le milieu du surf. Pendant dix ans, Irons a été le seul, avec Mick Fanning, à remettre réellement en question la suprématie de Slater.

>>A LIRE : Andy Irons, une légende emportée

Stephanie Gilmore (930x620)

L'histoire. L'Australienne Stephanie Gilmore est un peu la Kelly Slater au féminin. Quadruple championne du monde, c'est une surdouée de sa discipline, qu'elle pratique depuis l'enfance. En décembre 2010, elle est agressée à son domicile avec une barre de fer. Victime de plaies superficielles à la tête et d'un bras cassé, elle voit sa saison 2011 largement perturbée. Revenue à son meilleur niveau cette saison, elle a remporté son cinquième titre de championne du monde (ici à Biarritz en août).

La musique. Rares sont les sports à pouvoir s'enorgueillir d'avoir donné leur nom à un courant musical. Un courant d'air frais, cela va sans dire. Né au début des années 1960 sur la côte ouest américaine, le "surf rock" fut d'abord popularisé par des guitaristes instrumentaux, comme Dick Dale et son fameux "Misirlou", utilisé par Quentin Tarantino dans la bande-originale de Pulp Fiction en 1994. L'inspiration du "surf rock" vient autant du jazz que des musiques latines, avec une constante : des rythmes échevelés. En 1963, les Beach Boys offrent une voix et des visages à ce courant avec plusieurs tubes (!) imparables, comme "Surfin'USA". Les Beach Boys, toujours en activité (mais sans plus aucun des frères Wilson, membres fondateurs), ont influencé nombre de groupes de rock des années 1960, comme les Beatles, dont l'éclosion marqua, malgré tout, la fin de l'âge d'or du "surf rock".

Les Beach Boys interprètent "Surfin'USA" :

Le film. Un agent du FBI, interprété par le jeune premier Keanu Reeves, est chargé d'infiltrer une bande de surfeurs, menée par un Patrick Swayze alors au sommet de sa popularité et de sa "bogossitude" (un an après Ghost). Film hollywoodien très typé années 1990, Point Break, réalisé par la future oscarisée Kathryn Bigelow (et ex-femme de James Cameron), n'en demeure pas moins un spectacle de qualité, qui fait largement écho à l'esprit de clan et à la quête d'absolu qui irrigue le monde du surf. Une quinzaine d'années plus tard, Jean Dujardin livrera avec Brice de Nice une version du surfeur un brin plus ironique.

Point break popularise le surf :

Le documentaire. Pour qui souhaite s'immerger dans le monde du surf, il n'y a pas meilleure introduction que Riding Giants. Après un bref aperçu historique, ce film documentaire, réalisé en 2004 par l'ancien skater Stacey Peralta, aborde cette quête presque mystique que constitue le passage sur une "big one", une vague "géante" que l'on trouve dans les spots les plus extrêmes. Le réalisateur alterne les interventions de ces surfeurs aventuriers, dont Jeff Clark ou Laird Hamilton, et les plans au coeur de la vague. A apprécier forcément sur grand écran, avec un son à l'avenant pour bien saisir tous les remous.

Riding giants est le documentaire de référence sur le surf :