Lakafia: "Un match très rugueux"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE, envoyé spécial , modifié à
De retour en tant que titulaire au poste de n°8 du XV de France, après deux matches vécus en tribunes, à l'heure où Marc Lièvremont affiche son intention de resserrer son groupe en vue des quarts de finale, Raphaël Lakafia refuse pourtant de se projeter au-delà du match face aux Tonga samedi, à Wellington. Un adversaire forcément particulier pour le Wallisien d'origine.

De retour en tant que titulaire au poste de n°8 du XV de France, après deux matches vécus en tribunes, à l'heure où Marc Lièvremont affiche son intention de resserrer son groupe en vue des quarts de finale, Raphaël Lakafia refuse pourtant de se projeter au-delà du match face aux Tonga samedi, à Wellington. Un adversaire forcément particulier pour le Wallisien d'origine. Raphaël, êtes-vous conscient que vous réintégrez cette équipe au moment idéal, à l'heure où Marc Lièvrement resserre le groupe en vue des quarts de finale ? Vous savez, en ce qui me concerne, j'ai une vue à plus court terme. La bêtise, ce serait de se projeter déjà au-delà ce match des Tonga tout simplement parce qu'on n'est pas sûr qu'il y ait un après. Je reste concentré sur ce match, ça reste ma priorité. Comment avez-vous vécu ce passage en tribunes et cette vie à l'écart du groupe depuis deux matches ? Il me fallait en passer par là, j'avais eu ma chance contre le Japon. Le staff avait affiché sa logique de rotation pour le Canada, donc Louis (Picamoles) a joué et il a fait un très bon match, donc je comprenais qu'il soit aligné contre les Blacks. Bien sûr déçu d'être en tribunes parce qu'il s'agissait d'un très gros événement. Mais je n'avais pas de regrets à avoir par rapport à ce que j'avais fourni parce que je m'étais donné à 100 % à Bordeaux (face à l'Irlande, en match de préparation) et face au Japon. Le staff a toujours mis en avant sa volonté d'une rotation pour que tout le monde reste impliqué le plus longtemps possible, la preuve en est, c'est qu'aujourd'hui je suis aligné face au Tonga. "Il n'y a de la place que pour un seul..." Quel regard avez-vous porté sur la performance de vos partenaires depuis les tribunes ? C'était dur de voir ses copains prendre quarante points comme ça depuis les tribunes ; on aime bien y être dans les bons moments comme dans les mauvais, et j'aurais aimé être avec eux. La situation n'est pas évidente à gérer pour vous, comme pour Louis Picamoles, avec qui vous partagez ce poste de n°8. Vous êtes soit titulaire, soit en tribunes... Il n'y a de la place que pour un seul. Que ce soit Louis ou moi, l'autre se retrouve obligatoirement en tribunes. Je comprends les choix, je ne vais pas aller voir le sélectionneur pour lui demander des explications. Il faut aussi savoir se mettre à leur place, ce n'est pas facile et puis pour moi, la situation était claire. C'est le jeu, des fois, on y est, des fois, on n'y est pas. Ça ne sert à rien de se braquer. On m'a dit qu'on appréciait ma constance qu'il faut donc que je garde. Ne craignez-vous pas de manquer de rythme après ces quinze jours sans match ? Vous n'avez jamais joué que deux matches en trois mois... On a quand même bien préparé cette Coupe du monde en amont, les repères, je pense les avoir, ça va faire quatre mois qu'on est ensemble. Sur le temps de jeu, quand on revient de blessure, c'est pareil, je suis quand même resté impliqué à l'entraînement, et puis je ne vais pas commencer à me chercher des excuses. L'arrivée de vos parents et de votre petite amie a dû être importante durant cette période sans match ? Ça fait du bien, c'est sûr. Dans ces moments où on ne joue pas, où le temps peut paraître un petit peu long, c'est vraiment un confort d'avoir cet appui-là, avec mes parents et ma copine, ça fait un bien fou. " J'aime bien me poser uniquement des questions utiles" A quel genre de match vous attendez-vous face à cette équipe des Tonga samedi, à Wellington ? Sachant que ce sont des joueurs à la fois très talentueux et très solides, je pense que ça va être un match très rugueux, avec beaucoup de contacts. Chacun va vouloir défendre son bout de terrain, d'une part parce que les Tonga veulent aussi se qualifier, tout comme nous, mais aussi parce qu'individuellement, on espère tous aller le plus loin. Ça va être un match très engagé et on va tous essayer de s'envoyer. C'est un registre qui me plaît, après, ça va beaucoup se passer dans la tête pour ne rien lâcher et essayer d'aller vers l'avant au maximum. Ce rôle de perce-muraille qui est le vôtre et qui est très attendu en équipe de France peut-il parfois apparaître à vos yeux comme étant un peu réducteur ? Ça peut paraître réducteur parce que cette vision de perce-muraille est une vision un peu arrêtée, mais mon rôle ne s'arrête pas à ça ; il faut surtout garder une grosse activité sur le terrain. J'avoue que je ne me prends pas trop la tête avec ça, je m'attache à reproduire ce que j'ai réussi à faire cette saison à Biarritz sans aller beaucoup trop loin dans mes réflexions. C'est peut-être une façon aussi de me protéger... J'aime bien me poser uniquement des questions utiles (rires), le reste, si je peux l'occulter... Comment parvenez-vous à passer de ce côté très zen et apaisé que l'on vous connait en dehors du terrain à ce coté fou furieux en match débordant d'activité ? Ça a toujours été comme ça. Je vis toujours mes matches à 100%, pendant quatre-vingt minutes, j'oublie tout, je me fais plaisir et toute la frustration que je peux avoir, c'est sur le terrain que je l'évacue.