La terre et le feu

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François QUIVORON , modifié à
Face à l'Espagne, l'équipe de France doit réussir un véritable exploit ce week-end en demi-finales de Coupe Davis. Dans l'ambiance surchauffée des arènes de Cordoue, sur terre battue, Richard Gasquet et Gilles Simon devront jouer le feu contre Rafael Nadal et David Ferrer, lors des deux premiers simples vendredi. La paire tricolore pour le double, composée de Tsonga et Llodra, doit s'imposer pour continuer à espérer.

Face à l'Espagne, l'équipe de France doit réussir un véritable exploit ce week-end en demi-finales de Coupe Davis. Dans l'ambiance surchauffée des arènes de Cordoue, sur terre battue, Richard Gasquet et Gilles Simon devront jouer le feu contre Rafael Nadal et David Ferrer, lors des deux premiers simples vendredi. La paire tricolore pour le double, composée de Tsonga et Llodra, doit s'imposer pour continuer à espérer. Sur la route d'une deuxième finale consécutive, l'équipe de France se trouve face à un obstacle majeur, un mur infranchissable sur le papier et un défi sans nul autre pareil. Battre l'Espagne, chez elle, sur terre battue, renforcée par la présence de Rafael Nadal, voilà un exploit qui resterait dans les annales. Il y a bientôt dix ans, les Bleus avaient ramené le Saladier d'argent d'Australie, en venant à bout, sur le gazon de Melbourne, de Lleyton Hewitt et Patrick Rafter. Guy Forget, déjà capitaine à l'époque, se souvient peut-être des mots justes qu'il avait employés pour motiver ses troupes. Peut-être en a-t-il gardé quelques notes. Ce serait en tout cas le bon moment pour les ressortir à Gilles Simon, Richard Gasquet, Jo-Wilfried Tsonga et Michaël Llodra, titulaires ce week-end à Cordoue. La saison dernière, cette équipe d'Espagne si redoutée avait pris une fessée à Clermont-Ferrand en quarts de finale (5-0). David Ferrer et Fernando Verdasco l'ont sans doute encore en travers de la gorge. Rafael Nadal, lui, venait de gagner Wimbledon et avait choisi de faire l'impasse. Sa présence à Cordoue ajoute un cran au niveau d'exigence et de perfection que doivent atteindre Forget et ses hommes tout au long du week-end. "Ecoutez, dès qu'il est sorti de l'avion, il a tapé une vingtaine de minutes mardi soir. De toute évidence, il est un peu boulimique et accro au tennis, s'est amusé le capitaine tricolore. Je pense qu'il s'acclimatera assez vite à cette surface. Il aura peut-être des baisses de régime mais pendant deux heures au moins, je m'attends à avoir un grand Rafael Nadal. Il est chez lui, il aura 13 000 personnes derrière lui et il faudra être performant dès le début et ne pas jouer sur une éventuelle fatigue." Battu en finale de l'US Open lundi par Novak Djokovic, le n°2 mondial s'est rapidement enfui de New York pour retrouver son pays. A l'entendre, la décision de jouer la demi-finale de Coupe Davis était prise depuis bien longtemps, sans la pression des notables du coin, une éventualité qui a eu le don de le houspiller en conférence de presse à son arrivée. C'est donc un taureau qui entrera dans les arènes surchauffées de Cordoue vendredi midi, quand le soleil sera proche de son zénith et la température toujours aussi estivale en Andalousie (plus de 30°C sont prévus tout le week-end). De l'autre côté du filet, Nadal retrouvera une vieille connaissance, un joueur qui lui mettait des raclées dans les catégories de jeunes, avant que le rapport de force ne s'inverse, un certain Richard Gasquet. Gasquet n'a rien à perdre, Simon sous pression Guy Forget a en effet choisi d'envoyer le Biterrois en première ligne, histoire de jauger la bête, la dompter c'est moins sûr... Mais il le place peut-être dans des conditions idéales si Gasquet les a bien cernées. Face à Nadal, sur terre battue, pour leur premier affrontement en Coupe Davis, le Français n'aura tout simplement rien à perdre. S'il entre sur le terrain relâché, dans sa tête et dans son jeu, il peut inquiéter l'Espagnol, l'user physiquement dans le meilleur des cas. Et s'il perd tant pis, ce ne sera pas une catastrophe. Gilles Simon, nouveau n°1 français puisque Jo-Wilfried Tsonga n'est aligné que pour le double, s'aventurera ensuite contre David Ferrer, qu'il a récemment battu à Cincinnati mais contre qui il a perdu ses deux précédents matches sur terre battue. Dans son choix des hommes et des armes, Forget s'est longuement entretenu avec les joueurs tout au long de la semaine. Leurs sensations, leur degré d'investissement, leur état d'esprit avant cette échéance importante, leur fraîcheur physique aussi, autant de paramètres entrés en ligne de compte pour le capitaine français. Si se priver de Tsonga en simples le vendredi peut paraître déraisonné, le Manceau étant en pleine confiance depuis plusieurs semaines, l'idée n'est pas si saugrenue, surtout dans l'optique de proposer une paire très solide samedi pour le double, point déterminant pour les Bleus. Et Tsonga d'entrer ensuite dans l'arène dimanche pour un éventuel cinquième match décisif. Cela voudrait dire que les Bleus seraient encore dans le coup pour la victoire.