Kombouaré sacrifié mais salué...

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Par Laurent Duyck , modifié à
A défaut d'avoir convaincu les dirigeants du Paris Saint-Germain de le maintenir au moins jusqu'à la fin de la saison malgré le titre certes honorifique de champion d'automne décroché mercredi par son équipe, Antoine Kombouaré a enregistré jeudi, à l'annonce de son éviction, le soutien presque total du monde du football qui s'indigne de cette décision brutale, même motivée par des ambitions plus élevées...

A défaut d'avoir convaincu les dirigeants du Paris Saint-Germain de le maintenir au moins jusqu'à la fin de la saison malgré le titre certes honorifique de champion d'automne décroché mercredi par son équipe, Antoine Kombouaré a enregistré jeudi, à l'annonce de son éviction, le soutien presque total du monde du football qui s'indigne de cette décision brutale, même motivée par des ambitions plus élevées... "Honteux", "incompréhensible", "guignolesque", "illogique", "scandaleux", "insensé"... A l'annonce jeudi de l'éviction d'Antoine Kombouaré, démis de ses fonctions d'entraîneur du Paris Saint-Germain au lendemain de la fin de la première moitié de la saison terminée... à la première place de la Ligue 1, les observateurs privilégiés du football, ceux qui ont joué ou entraîné et sont aujourd'hui des consultants écoutés, ont tous, ou presque, condamné cette décision confirmée à demi-mots par le club parisien dans un communiqué laconique. Ce n'est pourtant pas une surprise, l'intéressé se sachant installé sur un siège éjectable depuis la prise en mains des Qatariens. Mais le timing interpelle. La manière choque. Et les motifs de cette décision ne convainquent que peu de monde... "Je trouve scandaleux de virer un coach qui était apprécié de ses joueurs, des supporters et qui avait trois points d'avance au classement, a ainsi Christophe Dugarry sur Infosport+, petite soeur sportive de Canal+, chaîne sur laquelle il officie. Le PSG a inventé quelque chose de nouveau, à savoir limoger quelqu'un quand les résultats vont bien. C'est une première en France et peut-être également dans le monde." Une décision également condamnée, sans surprise, par l'UNECATEF, le syndicat des entraîneurs professionnels de football. "Que lui reproche-t-on ? De n'être pas assez glamour, pas assez people, pas assez performant ? Quels que soient les motifs, rien ne peut justifier ni excuser la mesure d'exclusion brutale qui vient de frapper Antoine Kombouaré et son staff", s'insurge Joël Muller, son président, dans un communiqué. "Heureusement que le ridicule ne tue pas. Cela veut dire que l'argent prend définitivement le pouvoir sur l'humain", a ajouté l'ancien coach du FC Metz, interrogé par Reuters. "Je ne comprends pas et je pense que c'est incompréhensible." Leonardo attaqué par les uns... Incompréhension aussi pour Vincent Guérin, ancien coéquipier du Kanak au PSG interrogé sur RMC : "C'est une décision insensée aujourd'hui. Il aurait fallu le faire en début de saison et non pas à la trêve au mois de décembre." Laurent Fournier, qui a vécu le même traitement à une autre époque sur le banc parisien, y est allé de son couplet sur RTL : "C'est vraiment anormal ! Il avait une équipe à reconstruire, ce qui n'est pas évident. Il a les résultats et il est champion d'automne même si ce n'est qu'un titre honorifique. Jusqu'à présent, les entraîneurs étaient remerciés quand ils n'avaient pas de bons résultats. Même si ce n'est pas toujours justifié, on pouvait comprendre. C'est un manque de respect par rapport à son travail depuis le début de saison." A travers cette condamnation, c'est celle de la méthode de Leonardo, un joueur autrefois adulé par les supporteurs parisiens même s'il n'a passé qu'une saison dans la capitale (1996-1997), et un directeur sportif loin de faire l'unanimité. "L'attitude de Leonardo est guignolesque. On a l'impression qu'on joue un mauvais remake de guignols, a attaqué ainsi Francis Llacer sur RMC Sport. On a mis le guignol en place, il bouge les bras, les jambes, fait tout et son contraire. Il fait n'importe quoi. Voilà son attitude. Respecter si peu les gens du football, alors qu'il a lui-même été entraîneur, prouve qu'il a oublié d'où il venait." Et Dugarry, toujours sur Infosport+, de mettre en garde le Brésilien : "J'espère que Leonardo a de bonnes informations car il ne pourra pas se manquer." ... et défendu par les autres "Ils sont sûrs de leur coup mais bonjour s'ils se sont trompés, ils vont le payer cher parce que je pense que dans les gradins ça va gueuler", a résumé, avec sa gouaille légendaire, Bernard Tapie sur RTL. Lequel, s'il n'a rien contre Kombouaré, est l'un des rares à ne pas tomber dans l'émoi démesuré. "Est-ce qu'on peut concevoir de rompre un contrat à quelqu'un qui, à la date où l'on se parle, est en tête du Championnat de France, la réponse est oui. Simplement parce que l'intime conviction d'un dirigeant qui est de mettre son argent pour avoir le droit de se tromper, c'est de croire qu'avec un autre entraîneur, l'équipe serait meilleure", a assuré celui qui s'était séparé en octobre 1991 de Tomislav Ivic alors que l'OM était en tête du championnat... Lui aussi ancien président de club, qui plus est à Paris (mai 2008-février 2009), Charles Villeneuve se fait lui aussi l'avocat du diable : "La stratégie, c'est comme s'ils devaient faire monter Paris de la division du championnat de France à la division européenne, c'est-à-dire au plus haut niveau de la Ligue des champions. Ils ne vont pas attendre 10 ans pour le faire... Au service de cette stratégie, ils ont des moyens exorbitants. Et donc ils mettent en application exactement leur stratégie... Faire de ce club le plus rapidement possible en trois ans un des clubs majeurs classé dans les 10 meilleurs clubs européens, a-t-il expliqué sur RTL. Ils veulent la dimension supérieure, notamment sur le plan tactique. Alors ils vont chercher un grand technicien qui a déjà gagné lors d'un Championnat d'Europe." Pas de quoi choquer Grégory Coupet, qui a évolué deux ans sous les ordres de l'ancien entraîneur valenciennois. "On ne peut pas parler d'injustice. Ce n'est pas une question de compétence mais d'image. Le PSG est parti dans une autre dimension, a réagi l'ancien gardien international sur RMC. Savoir qui entraînera fait peut-être partie des revendications de David Beckham ou d'autres grands joueurs. Antoine Kombouaré parle moins que Carlo Ancelotti à ces joueurs-là. Cela me paraît logique. C'est une question de notoriété." Celle de Kombouaré ne devrait pas souffrir de cet épisode. "Antoine a accompli sa mission de fort belle manière. Il part par la grande porte", a ajouté l'ancien Lyonnais. La conclusion, exprimée sur Inforsport+, revient au sage Guy Roux: "Je sais qu'il a un moral d'acier. Il ne tardera pas à rebondir. Il n'a pas perdu la face et son honneur." Peut-être ses dernières illusions...