Jouanno: "Le sport, un espace sacré"

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Propos recueillis par MICHAEL BALCAEN , modifié à
A l'occasion des voeux à la presse, ce mardi au ministère des Sports, Chantal Jouanno a dressé les priorités qu'elle souhaite mettre en place. Outre la candidature d'Annecy 2018, la ministre a pris position en faveur du sport pour "relever les défis de société" et milite clairement pour un fair-play financier à l'échelle européenne ou encore la mise en place de la vidéo dans le football.

A l'occasion des voeux à la presse, ce mardi au ministère des Sports, Chantal Jouanno a dressé les priorités qu'elle souhaite mettre en place. Outre la candidature d'Annecy 2018, la ministre a pris position en faveur du sport pour "relever les défis de société" et milite clairement pour un fair-play financier à l'échelle européenne ou encore la mise en place de la vidéo dans le football. Estimez-vous que la candidature d'Annecy est remise sur pied ? C'était ma priorité absolue de relancer Annecy. Mon cadeau d'arrivée a été le départ d'Edgar Grospiron, il a fallu trouver des candidats à la présidence, proposer un directeur général, c'était absolument prioritaire. Il y a aujourd'hui des tas de signes positifs. Pendant la crise, Jacques Rogge, le président du CIO, a clairement dit à la France: "Vous avez encore toutes vos chances". Le secrétaire général du CIO a aussi pris des positions très claires dans ce sens, on a des partenaires économiques qui veulent revenir et contribuer au financement de la candidature, on a des gens très motivés, une belle équipe de sportifs avec la Suédoise Pernila Wiberg, Jean-Pierre Vidal, Perrine Pelen et toute l'équipe. Il y a une dynamique positive qui s'est enclenchée et tout l'enjeu aujourd'hui est de définir la stratégie internationale, le marketing, le lobbying de cette candidature. Au-delà de la candidature immédiate d'Annecy pour 2018, quelle est selon vous la place du sport dans notre société ? Le sport est un des meilleurs moyens de relever les défis de notre société, les défis de vivre ensemble, de la lutte contre les inégalités, de la santé, du drame de l'obésité. Pour cela le sport est une très bonne réponse pour éviter de déprimer. On a le défi de l'emploi, le sport est un des enjeux du 21e siècle. Il faut rappeler que ce n'est pas simplement un loisir, c'est un élément qui fait partie de la vie et qui a une dimension politique au sens noble du terme. "Je suis favorable à l'arbitrage vidéo" Comment faire en sorte de relever ces défis ? Il y a beaucoup de chantiers en termes de lutte contre l'inégalité territoriale avec un plan de rattrapage comme on va le faire en Seine Saint-Denis avec 15 à 20 millions d'euros pour les équipements, il y a la lutte contre les inégalités sociales en ciblant tout particulièrement les handicaps et les jeunes filles dans les quartiers défavorisés. Mais pour ça, il faut s'appuyer sur des gens qui connaissent comme l'association Ni Putes Ni soumises. Il y a également la prévention contre le dopage, il n'y a pas que la répression mais également la prévention, la prévention de la corruption, des enjeux financiers à l'échelle européenne avec des idées portées par Michel Platini sur le fair-play financier et la création d'une DNCG européenne. Le sport n'est pas un espace de libre concurrence pure comme le serait le reste du monde économique. C'est un espace sacré. Vous avez pris position pour que la position du sport français à l'échelle internationale évolue. Comment faire ? Le rayonnement de la France à l'échelle internationale passe par les créations et la modernisation des stades et des grandes salles, que l'on appelle Arena, ainsi qu'un meilleur ciblage de nos sportifs et la création d'une agence internationale du sport qui va nous permettre d'être un peu plus professionnel dans le support des candidatures des grands événements en France. Vous êtes en revanche favorable à la vidéo contrairement à Michel Platini ? Je suis favorable à Michel Platini et à l'arbitrage vidéo car cela peut contribuer à pacifier les tribunes. C'est utilisé dans d'autres sports donc ça doit être étudié. Espérez-vous faire changer d'avis Michel Platini ? Ce n'est pas moi qui ait la clé de décision, j'estime juste que tout ce qui peut contribuer à pacifier le sport est une bonne chose. "Le centre nautique, de notre côté, c'est 100% promis" Sur ce sujet, vous avez érigé Robin Leproux en héros de l'année 2010 ? Le héros 2010 est Robin Leproux car il porte un message. Tout ce qui peut l'aider dans ce sens, je le ferai. Certains footballeurs m'ont dit que quand les tribunes sont pacifiées, ils jouent mieux parce qu'ils ont moins la crainte d'être victime d'insultes ou de menaces des différents camps. Ça compte énormément, le sport est d'abord un jeu. Il faut retrouver cet esprit sain. On a beaucoup parlé du centre nautique, pouvez-vous le promettre ? De notre côté, c'est 100% promis. On a sanctuarisé les finances pour ce grand équipement, c'est une priorité absolue car on a des nageurs exceptionnels, c'est totalement anormal qu'on ne soit pas capable d'accueillir une grande compétition en natation. Si ça traîne encore sur le projet actuel à Aubervilliers, on étudiera toutes les autres possibilités. On ne pourra pas attendre indéfiniment car sinon on va finir par douter de l'Etat. A quelle échéance estimez-vous ce projet réalisable ? Il faut toujours du temps. Le graver dans le marbre avant 2012, c'est mon objectif. J'aurai échoué si je n'ai pas signé avant 2012. Le président Sarkozy s'est engagé sur les retraites des sportifs de haut niveau, quels sportifs vont être concernés ? Les sportifs déjà à la retraite peuvent-ils en bénéficier ? Sur le caractère rétroactif, c'est une loi qui n'a pas été tranchée. Ce qu'on sait c'est que grosso modo, le nombre de sportifs qui ne cotisent pas ou n'ont pas les moyens de cotiser à un système de retraite est de 2500. C'est pour ces personnes qu'il faut régler la situation. Mais cela va passer par une loi.