Jauzion: "On peut être les meilleurs"

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Propos recueillis par MICHAEL BALCAEN , modifié à
Le test match face à l'Argentine se profile à l'horizon et, forcément, les Bleus s'attendent à un match à la fois serré et tendu. Yannick Jauzion, qui considère que les Pumas forment "une redoutable équipe", estime que le lourd revers concédé en juin sera une source de motivation pour des Français qui peuvent s'appuyer sur des "fondamentaux forts" pour tenter d'imposer leur point de vue.

Le test match face à l'Argentine se profile à l'horizon et, forcément, les Bleus s'attendent à un match à la fois serré et tendu. Yannick Jauzion, qui considère que les Pumas forment "une redoutable équipe", estime que le lourd revers concédé en juin sera une source de motivation pour des Français qui peuvent s'appuyer sur des "fondamentaux forts" pour tenter d'imposer leur point de vue. Que vous évoque l'équipe d'Argentine ? J'ai plein de souvenirs contre les Argentins parce qu'on les a joués souvent. Ce qui en ressort à chaque fois, c'est qu'il s'agit d'une équipe difficile à battre qui va au bout d'elle-même, qui ne lâche rien. Je me souviens d'avoir mené contre eux quelque chose comme 25-10 avant de perdre sur le fil. On sait donc ce qui nous reste à faire. L'équipe de France reste sur sept défaites lors des neuf dernières rencontres face aux Pumas, comment l'expliquer ? C'est avant tout une excellente équipe, on dit qu'on a des difficultés mais quand on joue contre les All Blacks les gens parlent différemment car ils sont considérés comme une excellente équipe. Ce qui peut tromper de temps en temps c'est qu'ils n'ont pas une stratégie de jeu, ils sont opportunistes et savent profiter des erreurs des adversaires même s'ils ont certainement un objectif et une stratégie de jeu huilée car ils se voient assez souvent maintenant. Ils ont de très bonnes attitudes au contact, ils savent très bien s'adapter, ils le font avec beaucoup de coeur et d'enthousiasme, ce qui en fait une équipe redoutable. Le regard du grand public serait donc en décalage avec la réalité du jeu argentin ? Oui, parce que c'est un pays qu'on ne voit pas souvent. Il n'y a pas forcément de stars, à part deux ou trois joueurs, ils sont souvent entre eux du fait de la difficulté, d'être loin de chez eux. C'est une équipe de copains qui joue avec beaucoup de solidarité et ça leur réussit plutôt bien. "Albacete force le respect" Dans cette équipe, il y a un Patricio Albacete que vous connaissez bien, pouvez-vous nous parler de lui ? C'est un exemple de travail, un garçon athlétique qui, avec ce gabarit, évolue à un niveau excellent, c'est peut-être le meilleur du monde par rapport à ses qualités physiques, il effectue des performances rares à ce poste. Il est à l'image des Argentins, il aime travailler et passe beaucoup de temps à la salle de musculation à se faire mal. Sur le terrain, il force le respect en effectuant un travail de l'ombre car c'est sa spécificité d'être présent dans les points de rencontre et de beaucoup gêner les adversaires. La claque subie en juin dernier peut-elle servir de moteur ? Ça reste une grosse déception pour ceux qui ont participé à ce match, c'était un échec, on met du temps à digérer ce genre de défaite et les joueurs seront revanchards, ce sera une source de motivation. Pour en venir au jeu de l'équipe de France, qu'avez-vous retenu du premier test remporté face au Fidji ? C'est difficile de dresser un bilan car les conditions étaient vraiment difficiles, on n'a pas pu voir beaucoup de jeu, de mise en place d'une stratégie malgré cela, je trouve qu'on a pris le match par le bon bout, il a été bien géré par l'équipe de France car c'était difficile de faire autrement et c'était plutôt rare de s'imposer avec un tel écart dans ces conditions. L'équipe va sans doute beaucoup changer, comment les joueurs gèrent-ils cela ? Ce n'est pas évident d'avoir des repères, en club on met plus d'un mois à chaque début de saison pour trouver nos repères, donc forcément ce n'est pas évident. Il faudra faire preuve d'enthousiasme, de générosité, à nous d'être conscient de ce qu'on doit accomplir toute la semaine pour que cela arrive cadré samedi. On doit essayer de respecter le schéma mis en place car ce n'est pas évident d'avoir une certaine complémentarité en si peu de temps. A que niveau se situe l'équipe de France à moins d'un an du début de la Coupe du monde ? Il y a eu un bon tournoi la saison dernière, après il y a eu des matches plus difficiles cet été, il faut prouver à chaque fois... Sur un match, on peut être numéro 1 mondial, ce n'est pas prétentieux de dire qu'on peut être les meilleurs, mais le problème c'est d'enchaîner les gros matches, de faire une série. Si on rencontre trois équipes de haut niveau de suite, ce n'est pas sûr qu'on arrive à remporter tous les matches. La Coupe du monde, c'est ça, essayer d'être excellent sur trois ou quatre matches. A partir des quarts, il y a des matches de très haut niveau ce qui n'est pas évident avec les blessures qui se rajoutent et qui nuisent à la performance du groupe. Il faut être au sommet de notre art pendant trois matches. "On a des fondamentaux très forts" Avez-vous eu le temps de regarder les autres tests ? Oui, je prends du plaisir à regarder les All Blacks, les Australiens ont très bien joué aussi. Je n'ai pas vu le match ce week-end mais apparemment les Anglais ont fait un gros match. C'est le niveau international, c'est pour ça qu'on en sort souvent grandit. Ça nous sort du contexte du club où tous les matches ne sont pas de ce calibre. Vous êtes considéré comme le meilleur centre du monde, comment vous situez-vous au sein de l'équipe de France ? Meilleur centre du monde, ça fait partie du passé car quand on se présente sur le terrain, il faut prouver avant tout qu'on a une certaine place dans ce groupe. Je préfère qu'on le dise après le match qu'avant. Tout est remis en place à chaque fois et ce qui compte c'est de contribuer à la performance du groupe, d'apporter par l'énergie qu'on peut avoir ballon en main, de faire avancer à chaque fois le groupe, c'est l'objectif que je me fixe, que ce soit à la main, au pied, sur les plaquages... Il faut se donner des exigences de haut niveau pour s'en sortir. Comment qualifieriez-vous ce groupe France ? L'ambiance est excellente dans la semaine mais là où on soude le groupe et que l'on trouve le plus de solidarité c'est sur le terrain. J'espère qu'on sera présent, je n'en doute pas, et on fera le bilan après les 15 jours, on ne s'arrêtera pas après l'Argentine. Tout le monde est content d'être là parce que ce n'est pas évident d'y arriver mais le plus important c'est de réaliser une bonne performance et ne pas se satisfaire d'être sélectionné. Est-ce la notion de travail qui prime ? Le travail, il est fait en amont avec les clubs car ce sont les clubs qui nous permettent d'être là. En équipe de France, on y est huit semaines dans l'année donc la majorité du temps, le travail on le fait en club, ici c'est davantage les détails, sur la cohésion du groupe, les repères, on est plus axés sur ça, sur le jeu. Quelles sont les grosses qualités de l'équipe de France ? On a des fondamentaux très forts, la mêlée, en touche on est bien réglés aussi. C'est important pour des matches comme celui de la semaine dernière, ça permet d'avoir beaucoup de pénalités et d'assoeir son style de jeu. On doit gagner en repère, dans les stratégies de jeu, c'est important parce qu'on change entre les clubs et la sélection, c'est ça notre marge de manoeuvre.