Heymans: "Une dernière aventure..."

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
A l'heure où un Marconnet renoue avec les Bleus, Cédric Heymans, oublié des sélectionneurs depuis 2 ans, s'il ne tire pas un trait sur la sélection, vit à 32 ans cette situation serein et concentré sur la saison d'un Stade Toulousain souverain et opposé samedi à Brive, le club de ses débuts. Libéré à sa demande de sa dernière année de contrat, l'ailier international le révèle : il aspire à un nouveau défi.

A l'heure où un Marconnet renoue avec les Bleus, Cédric Heymans, oublié des sélectionneurs depuis 2 ans, s'il ne tire pas un trait sur la sélection, vit à 32 ans cette situation serein et concentré sur la saison d'un Stade Toulousain souverain et opposé samedi à Brive, le club de ses débuts. Libéré à sa demande de sa dernière année de contrat, l'ailier international le révèle : il aspire à un nouveau défi. Cédric, si on vous dit que le Stade Toulousain maîtrise son sujet cette saison, du haut de votre solide expérience, vous confirmez ? Maîtriser, ce serait être un peu vantard. Après, il est certain que si l'on compare à la saison dernière, on est en avance déjà en termes de points (à pareille époque, le Stade pointait à la 4e place avec 55 points, soit 10 de moins que cette saison, ndlr), mais aussi sur notre volonté de jouer et de créer de l'incertitude dans les défenses adverses. Maintenant, quand on voit le match que l'on réalise ce week-end (défaite 19-13 à Anoeta face à Bayonne, ndlr), avec plus de 80 % de possession de balle et d'occupation, ça montre qu'il y a encore beaucoup de choses à travailler puisqu'on n'a pas réussi à concrétiser nos attaques et nos franchissements. C'est aussi la preuve que dans le rugby d'aujourd'hui, il faut peut-être moins avoir le ballon et plus contrer, on peut voir les choses de façon différente... Néanmoins, en cette période de Tournoi traditionnellement sensible pour le Stade, on a le sentiment que votre équipe possède une marge confortable sur ses adversaires... Oui, ça fait des années et des années que le Stade connaît cette situation et que les managers ont l'habitude de gérer le groupe de telle façon qu'au départ des internationaux, les autres joueurs ne sont pas parachutés du jour au lendemain. Chez nous, il n'y a finalement pas d'internationaux et de non internationaux, tout le monde travaille ensemble, tout le monde répète le système de jeu et on travaille main dans la main pour que ça ne porte pas incidence sur le terrain. "Le doublé ? Aujourd'hui, je dirais : Oui" Sur chaque terrain, ou presque, le Stade parvient à prendre des points (11 points de bonus, un record cette saison): c'est un signe fort pour vous en vue de l'objectif de la qualification ? A chaque fois, il y a ces points, c'est vrai, ces bonus, ces essais qu'on sait aller chercher à la dernière minute... Ça dénote un bon état d'esprit, un état d'esprit où personne ne lâche et on sait qu'à chaque sortie dans ce championnat, il faut savoir ramener quelque chose que ce soit quand on domine pour à tout prix prendre le bonus offensif ou que ce soit pour faire le dos rond pour arracher un bonus défensif. Cet état d'esprit, on l'a depuis pas mal de temps et ça prouve que dans les moments plus difficiles, le groupe est solide et que les joueurs sont habités tous par la même volonté de ne rien lâcher. Maintenant, pour ce qui est de l'objectif de qualification, si on s'était imposé à « Bayonne », on y verrait plus clair, sauf que là, on a perdu, on n'a pris qu'un point, les autres ont gagné et notre joker, il est grillé. Ce déplacement à Anoeta, c'était aussi un avant-goût du quart de finale à venir face à Biarritz. Eternelle question, le doublé est-il dans vos cordes ? Aujourd'hui, je vous dirai oui, mais demain, je peux vous dire non s'il y a énormément de blessures. Il faut être conscient du mois décisif qui nous attend avec des déplacements à Toulon, Perpignan et au Racing. Si on parvient à surmonter ce mois très difficile sans embûches, sans que ces matches-là nous mettent dans le doute, en parvenant à aborder ces échéances avec un effectif complet pour poser des problèmes à nos entraîneurs pour composer l'équipe, alors, et uniquement à ce moment-là, se profilera ce quart de finale à Anoeta. Un rendez-vous hyper-important pour le club, mais comme il l'est pour les Biarrots, ce sont eux qui ont la pression, eux qui reçoivent dans leur stade. Nous, on ira pour réaliser un bon match de rugby. Après, si on est superstitieux, Anoeta ne nous réussit pas trop... Sans courir après les statistiques, vous avez inscrit votre premier essai de la saison face à Biarritz (23-19). Quelles sont vos sensations cette saison ? Moi, je prends du plaisir sur le terrain. Il faut dire que je me retrouve peut-être moins en position de marquer, mais plus dans une position de relais et de faire marquer. Il est vrai qu'aux yeux des médias, un joueur qui a réussi son match est un joueur qui marque des essais. Mes entraîneurs y attachent aussi de l'importance, mais ils en attachent tout autant aux joueurs qui servent de relais et apportent de la continuité dans le jeu. Cette année, je suis dans ce rôle, la saison dernière, j'ai énormément marqué (8 essais -6 en Top 14, 2 en H Cup- contre 2 essais cette saison -1 en Top 14, 1 en H Cup). Je n'y attache pas énormément d'importance, même si j'aspire toujours à franchir la ligne bien sûr (sourires). "Je ne tire pas un trait sur les Bleus" Est-ce que les ambitions du Stade Toulousain suffisent aujourd'hui à étancher votre soif de grands matches ? En clair, l'équipe de France ne vous manque-t-elle pas ? Elle manque à tout le monde quand on a connu la joie de représenter son pays, la ferveur du Tournoi, l'ambiance d'une tournée, bien sur que ça manque, il ne faut pas se cacher. Je l'ai toujours dit : je suis là, si besoin est, ils feront appel à moi. Je ne tire pas un trait, mais ce n'est pas quelque chose non plus qui m'habite énormément, à me dire : « Tu loupes ta fin de carrière. » Aujourd'hui, ils considèrent qu'il y a des joueurs devant. Je ne veux créer aucune polémique, ni crier au scandale. Je me contente de travailler et s'ils m'appellent... Bon, il faudrait quand même une hécatombe, une épidémie même (rires). Moins on le cherche, plus j'ai l'impression que ça arrive... On va dire que je ne le cherche pas. Il y a deux ans encore, vous inscriviez en Nouvelle-Zélande un essai exceptionnel. Avez-vous encore les moyens d'évoluer à ce niveau ? Les moyens, on prétend tous les avoir. Moi, je me sens bien physiquement et je n'ai pas l'impression d'avoir baissé physiquement. Je n'ai pas été rappelé depuis la tournée d'automne 2010, c'est comme ça, mais il est certain que cet essai et ce match m'ont marqué. Mais j'aspire à en marquer d'autres... Quant à savoir si Toulouse vous suffit aujourd'hui, est-ce qu'on peut quitter Toulouse ? Bien sûr, oui, bien sûr. Tout dépend de ses intentions. Il me reste une année de contrat, j'ai demandé à mes dirigeants un billet de sortie, qui m'a été accordé. Il faut que je trouve le club prêt à me recevoir, et qui a l'envie de me recevoir. Ce sera mon dernier contrat de rugbyman, je cherche une dernière aventure après avoir vécu dix ans au Stade. Ce club m'a fait grandir et m'a apporté énormément de joie, mais je me dis qu'une dernière aventure me « reboosterait » et me donnerait la soif de continuer. Sans forcément aller très loin ? En France, rien n'est jamais très loin... (sourires)