Havret: "J'aimerais gagner"

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Propos recueillis par Thomas SINIECKI , modifié à
Fantastique deuxième de l'US Open, Grégory Havret n'a pas réussi à confirmer derrière, ratant l'occasion notamment de décrocher un éventuel billet pour la Ryder Cup. Le Français espère cependant bien terminer l'année à Dubaï, où il tentera de gagner sa place pour le British Open 2011 quand Martin Kaymer et Graeme McDowell se disputeront le titre de n°1 européen.

Fantastique deuxième de l'US Open, Grégory Havret n'a pas réussi à confirmer derrière, ratant l'occasion notamment de décrocher un éventuel billet pour la Ryder Cup. Le Français espère cependant bien terminer l'année à Dubaï, où il tentera de gagner sa place pour le British Open 2011 quand Martin Kaymer et Graeme McDowell se disputeront le titre de n°1 européen. Hormis la deuxième place à l'US Open, quel bilan tirez-vous de votre saison, d'un point de vue personnel ? A part cette performance, le bilan est assez moyen. Il y a eu un gros pic au mois de juin avec cet US Open. Pour le reste, j'ai peut-être fait deux top 10 et quelques cuts, mais ça n'a pas été d'une régularité extraordinaire. C'était assez moyen, même si cela va un peu mieux dans le jeu depuis un mois et demi, avec un cut sur les cinq ou six derniers tournois. Mais c'est vrai que j'aspire à mieux. Avez-vous rêvé d'une participation à la Ryder Cup au sortir de cet US Open ? A ce moment-là, oui, une participation à la Ryder Cup était envisageable, d'autant plus que toute une série de gros tournois arrivait. Après une belle perf' comme ça à l'US Open, j'avais à coeur de bien jouer en vue de la Ryder Cup. Mais j'avais aussi besoin d'un énorme résultat derrière, par exemple une victoire ou deux podiums sur de gros tournois. Une victoire sur un petit tournoi n'aurait pas suffi. L'équipe européenne était vraiment très en forme, les joueurs gagnaient les uns après les autres, ce n'était pas une saison décousue pour eux. Trouver une petite place là-dedans, c'était un peu compliqué. Mais oui, j'y ai un peu pensé à ce moment-là. Comment expliquez-vous, justement, que vous n'ayez pas réussi à confirmer sur les tournois suivants ? Je ne sais pas, c'est comme ça... Le parcours de Pebble Beach, la manière dont je jouais au golf, le putting qui était meilleur que d'habitude... J'ai probablement cette particularité de me mettre vraiment dedans quand les choses commencent à bien se goupiller. Après, il y a sûrement tout un tas de petites raisons qui amènent à ce qui s'est passé, mais c'est impossible d'en cibler une en particulier. A Pebble Beach, j'ai trouvé le scoring pas terrible cette année, par rapport à l'événement. Par contre, quand je vois qu'à Dubaï l'an dernier, Westwood gagne en -23, là je me dis que c'est quasiment injouable. C'est ce qui est étonnant: il y a des parcours qu'on sent bien et on se dit qu'on a un coup à jouer, et d'autres où ce n'est même pas la peine. -23, je ne vois pas comment il a fait... Mais à moi de bosser encore plus, d'être meilleur au driving, d'être plus régulier au putting puisque c'est ce qui me fait défaut en général, d'avoir un petit jeu plus performant, et ça m'aidera à progresser. "Les Français, on n'a pas fait une bonne saison" Cet enchaînement moyen après l'US Open n'a-t-il pas été trop frustrant ? Oui, c'est la particularité de notre sport. Au tennis, un des cinq premiers joueurs mondiaux va tout le temps faire quart de finale, au golf il peut louper le cut. C'est comme ça... D'une façon plus générale, qu'avez-vous pensé du niveau des golfeurs français cette année ? C'est la première fois depuis 2003 que la France ne remporte pas de tournoi sur l'European Tour... Clairement, on n'a pas fait une bonne saison. Ce qui n'est pas mal en revanche, c'est qu'on est trois à la Race to Dubai. Il y a quand même quelques bons points, comme la régularité de Greg Bourdy et Raphaël Jacquelin, qui malgré leur peu de top 10 sont loin d'avoir fait une mauvaise saison, car ils ont très bien joué au golf selon moi. Maintenant, on manque de performances, c'est clair. Là où cela a été assez mauvais, c'est le nombre de joueurs qui ont perdu la carte: Delamontagne, Jeff Lucquin, Guerrier, Quesne, etc. Ajouté au manque de victoires, cela fait une mauvaise saison au final. Par contre, les amateurs sont champions du monde, deux-trois jeunes arrivent et vont sûrement tout fracasser... Après, à nous d'aller chercher des places d'honneur et des victoires dans les tournois. C'est vrai qu'en 2010, ça a cruellement manqué. Qu'est-ce qui manque au golf français, justement, pour s'imposer au plus haut niveau ? Bonne question... On sait où on pèche, Raph' (ndlr, Jacquelin), Greg Bourdy et moi avons des points faibles, on essaie de les améliorer, de consolider nos points forts. Par exemple, Greg drive très bien, il est très régulier dans son swing, dans son contact de balle. A nous de réduire les écarts avec les autres très grands joueurs sur nos points faibles. Il y a des années où cela a souri, Greg Bourdy a quand même gagné en 2007, 2008 et 2009, pas en 2010. Il est 90e mondial, c'est loin d'être terrible, mais sans victoire c'est pas mal. A nous d'y croire plus, je ne peux pas vraiment parler des autres... Dans mon jeu, j'ai des domaines qui pèchent un peu trop pour performer. J'essaie de réduire le fossé. Ce n'est pas dû à un problème d'organisation du golf en France, d'accompagnement, d'infrastructures ? Non, on nous accompagne, ça c'est sûr. Par contre, c'est dommage que la Fédération change de fusil d'épaule tous les ans, un coup c'est les Etats-Unis, un coup c'est Moliets, un coup c'est chacun dans son coin, puis des stages tous ensemble, ou plus rien ensemble. Il n'y a pas de politique fédérale concrète, qui dure, puisque la Fédé revient tout le temps sur ce qu'elle a décidé, et ça c'est dommage. Je pense qu'en France, on a des infrastructures largement assez bonnes pour entraîner les joueurs et faire en sorte que ça se passe un peu mieux. Il y a aussi un problème de nombre, qui fait que contrairement aux Anglais, c'est dur de se comparer aux autres. Les Anglais sont 40, 50, nous on est péniblement dix à évoluer sur le Tour européen. Il y a un peu moins de concurrence en France, les Anglais sont tirés vers le haut car ils ont des stars énormes, Lee Westwood est n°1 mondial aujourd'hui. "Le parcours s'offre peut-être un peu mieux à Kaymer" Les perspectives sont-elles tout de même encourageantes pour l'avenir du golf français ? Je suis persuadé que Greg Bourdy a encore de belles années devant lui, comme Raph' Jacquelin, arrivé à un âge qui n'est ni vieux ni jeune dans le golf et qui a lui aussi de belles années à venir. Dans un avenir assez proche, cela va bien se passer pour nous avec notamment Romain Wattel, Victor Dubuisson plus les deux champions du monde (ndlr: Johann Lopez-Lazaro et Alexander Levy, en plus de Romain Wattel). C'est encourageant, je pense qu'un garçon comme Wattel va faire très fort. Je connais beaucoup moins bien Dubuisson, mais ça a l'air très fort aussi. J'ai beaucoup entendu parler de Lopez-Lazaro... On verra ce qui se passera, les années se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Concernant Dubaï, une place dans le top 30 européen vous garantirait une participation au prochain British Open. Aujourd'hui 27e, c'est votre seul objectif sur ce dernier tournoi de la saison ? Ce n'est pas le seul, mais c'est le minimum. Etre dans les trente premiers européens serait une bonne chose, en se qualifiant pour le British j'aurai déjà trois majeurs sur les quatre l'année prochaine, et à moi d'arriver à me qualifier pour l'USPGA après... Mais évidemment, j'aimerais gagner le tournoi. On est 60, une grosse moitié de ceux-là étaient à l'US Open... Il y a Kaymer, Graeme McDowell est très chaud, Lee Westwood est très en forme avec cette carte hallucinante, donc, de l'an dernier. Mais on est là pour faire bien, et pourquoi pas une victoire en 2010 cette semaine... Un petit pronostic pour terminer, sur la place de n°1 européen, qui se joue justement à Dubaï entre Kaymer et McDowell ? Je pense que Kaymer a une bonne chance. Mais McDowell est très en forme sur les dernières semaines et extrêmement motivé pour remporter cette Race to Dubaï. Je ne suis pas sûr que Kaymer gagne le tournoi, mais je mettrais quand même une pièce sur lui en tant que n°1 européen. Pour le tournoi, je suis assez mitigé, le parcours s'offre peut-être un peu mieux à Kaymer car il est assez long et avec des greens compliqués, qui s'adaptent aux deux points forts de l'Allemand, son driving et son putting. Ça pèse en sa faveur mais McDowell est survolté pour gagner: je dirais 51-49 pour Kaymer sur le tournoi, et un peu plus encore pour la place de n°1.