Handball-Championnat d'Europe : faut-il craindre l'Espagne ?

Luc Abalo face à la Biélorussie (1280x640) STRINGER / AFP
Luc Abalo, ici face à la Biélorussie, a évolué pendant quatre saisons en Espagne, à Ciudad Real. © STRINGER / AFP
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avec Christophe Lamarre, à Zagreb , modifié à
L'équipe de France affronte l'Espagne, vendredi, en demi-finales de l'Euro. Une équipe qui a alterné le bon et le moins bon lors de la compétition.

Après le clasico, les amigos. Vainqueur mercredi de son éternel rival croate lors du dernier match de son tour principal (30-27), l'équipe de France retrouve mercredi, en demi-finales du championnat d'Europe de handball, l'Espagne, une équipe que les Bleus connaissent parfaitement. Et pour cause : six des seize Espagnols évoluent en France et deux y sont passés…

Petite demie entre amis. Mais l'inverse est aussi vrai. Il sont deux Bleus à jouer au-delà des Pyrénées - Cédric Sorhaindo et Dika Mem, tous deux au FC Barcelone - et deux autres ont évolué dans la Liga Asobal : les stars Nikola Karabatic (Barça) et Luc Abalo (Ciudad Real). Et s'il reconnaît avoir conservé des amitiés avec les joueurs adverses, l'actuel ailier du PSG fait la part des choses. "Il y a plusieurs sortes de potes déjà", sourit Luc Abalo au micro d'Europe 1. "Je vous donne un exemple. Quand on joue contre Montpellier (avec le PSG, ndlr), Michaël Guigou (ailier lui aussi de l'équipe de France, ndlr), il est en face de moi, c'est un vrai pote et j'ai un peu de mal à lui mettre des tartes. Mais, mercredi, on va jouer notre vie, on joue pour nous."

Du côté espagnol, et malgré les accolades lors des conférences de presse d'avant-match, jeudi, le discours est tout aussi volontaire. "Je pense que ça va être un bon match, ça va être la guerre. Comme tout le monde veut être en finale, on va se bagarrer pour ça", insiste ainsi l'ailier David Balaguer, qui évolue à Nantes.

Son coéquipier en club, le gardien Cyril Dumoulin, décrypte cette petite demie entre amis : "Tu sais ce qu'ils aiment, ce qu'ils n'aiment pas, ce qui peut les déranger, ce qui peut éventuellement les faire sortir du match. Mais tu sais qu'eux aussi le savent, donc c'est un vrai jeu du chat et de la souris qui se met en place." Dika Mem abonde : "Tactiquement, on connaît des trucs sur eux mais eux aussi, ils nous connaissent, donc c'est ça qui est marrant. On se connaît et du coup, on va vouloir anticiper deux-trois trucs". Une chose est donc acquise avant cette demi-finale : la France ne pourra plaider la surprise en cas de défaite. Et ce, d'autant plus que son sélectionneur, Didier Dinart, a évolué pendant neuf saisons à Ciudad Real, près de Madrid…

" On s'est ouvert la porte aux médailles, maintenant, il faut essayer de gagner la plus belle "

Une Espagne sur courant alternatif. L'équipe de France aborde cette demi-finale contre l'Espagne avec le vent dans le dos : six victoires en six matches, dont la dernière, spectaculaire, face au pays hôte, la Croatie, malgré une qualification déjà acquise et une intense rotation de l'effectif. Ce dernier succès a scellé la première place des Bleus et les a envoyés dans les bras des Espagnols plutôt que dans les pattes des Danois. La Roja a en effet terminé deuxième de son groupe après avoir alterné le bon et le moins bon lors de cet Euro, avec deux revers (contre le Danemark et la Slovénie) et quatre succès, dont le dernier, décisif pour la qualification, face à l'Allemagne (31-27).

Sans joueur vraiment dominant, à part dans le but, où le portier du Barça, Gonzalo Perez de Vargas, incertain pour cette demi-finale, a l'habitude de faire des miracles, l'Espagne, qui avait manqué les derniers JO, à Rio, s'appuie avant tout sur sa "grinta" et son tempérament. "Ce sera un très gros match, ça fait un petit moment qu'on ne les a pas rencontrés en compétition officielle (depuis la demi-finale du Mondial 2015, ndlr)", relève Nikola Karabatic. "On a vu qu'ils ont alterné le très bon et le moins bon (lors de l'Euro). Il n'y a pas de secret. Il faut qu'on se concentre sur notre jeu et qu'on fasse ce qu'on fait depuis le début : jouer fort en défense, intelligemment en attaque, se donner à fond et ne pas douter. Ce qui arrive maintenant, c'est que du bonus."

Du bonus, car l'objectif initial des Bleus était de rejoindre le dernier carré, ce qui a été fait. "Aujourd'hui, ce serait vraiment dommage de se faire sortir en demi-finales alors qu'on est bien lancés", confie le sélectionneur Didier Dinart. "On s'est ouvert la porte aux médailles, maintenant, il faut essayer de gagner la plus belle." Difficile, avant cette demi-finale et après les démonstrations des deux dernières semaines, de ne pas se dire que les Bleus ont les clés du match.

Experts en matches couperets. Les matches couperets, et en particulier les demi-finales, sont d'ailleurs leur affaire. Les Bleus restent en effet sur neuf succès consécutifs à ce stade de la compétition dans les grands championnats (Euro, Mondial ou JO). Et ils ont également battu les Espagnols lors de leurs trois derniers affrontements : en quarts de finale des Jeux olympiques, à Londres, en 2012 (23-22), en demi-finales de l'Euro 2004 (30-27) puis à nouveau en demies, lors du Mondial 2015 (26-22). Pour trouver trace d'une victoire espagnole face aux Bleus, il faut remonter six ans en arrière, en janvier 2012, lors du tour préliminaire de l'Euro (29-26).