Flessel: "Pas un porte-nom"

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Propos recueillis par Pauline Joseph , modifié à
Double championne olympique d'escrime, Laura Flessel a été nommée Présidente du comité permanent de lutte contre les discriminations, installé ce lundi par Chantal Jouanno, Ministre des Sports. Désireuse d'éliminer toute forme d'exclusion, "la Guêpe", elle-même victime de discriminations à ses débuts, veut mener des actions concrètes.

Double championne olympique d'escrime, Laura Flessel a été nommée Présidente du comité permanent de lutte contre les discriminations, installé ce lundi par Chantal Jouanno, Ministre des Sports. Désireuse d'éliminer toute forme d'exclusion, "la Guêpe", elle-même victime de discriminations à ses débuts, veut mener des actions concrètes. Laura, pourquoi avoir accepté cette mission et ce rôle de Présidente du comité ? Lorsque j'ai débuté ma carrière, j'ai subi des discriminations. Je me suis toujours tu. Et j'ai prouvé que le travail payait sur le terrain. Aujourd'hui, forte de cette expérience et compte-tenu de la volonté du ministère de constituer une commission qui s'étendra à toutes les discriminations, des associations et des membres du comité, on a le potentiel pour créer des actions concrètes. Je suis une personne de terrain. Durant votre carrière, avez-vous senti les choses évoluer ? Pendant ma carrière, j'ai tout vu ! Le fait est qu'aujourd'hui, on a tendance à banaliser des propos ou des gestes discriminants. Nous devons sanctionner cela, prévenir et éduquer. Nous mènerons différentes actions, aussi bien dans le monde scolaire et universitaire que dans le monde sportif. Nous avons besoin d'expérience et d'envie. Nous sommes tous ici des passionnés de sport. Le sport permet de véhiculer des valeurs et on va insuffler cette envie pour réduire ces propos intolérants. Comment va se composer le comité ? Nous serons une quarantaine. Concernant les institutions, les ministères des Sports, de la Justice et de l'Intérieur seront représentés. Le corps arbitral multi-sports ainsi que de nombreuses associations sont également partenaires. Nous aurons différentes approches, à la fois psychologiques, médiatiques et sociologiques. Le comité se divisera en deux groupes de travail, l'un qui travaillera sur la formation et l'autre qui étudiera l'aspect juridique, grâce auxquels nous essayerons d'apporter un diagnostic concret. "Ne pas vivre dans le passé, mais avancer" Ne craignez-vous pas d'être uniquement dans la représentation, de n'être qu'un alibi ? Pendant toute ma carrière, j'ai su faire plusieurs choses à la fois. L'escrime est un sport amateur, dans lequel on a besoin de travailler à côté. J'ai toujours été dans la vie professionnelle et dans la vie sportive en même temps. J'ai des valeurs, des codifications que je respecte. Je pense qu'aujourd'hui, je suis représentante et ambassadrice de plus d'une association. Mon but n'est pas de collectionner mais d'amener ma pierre à l'édifice. Si moi, en tant que sportive, avec 22 ans de haut niveau, à mon actif, je ne peux pas amener mon expérience pour réduire les discriminations, je peux m'arrêter. Je ne suis pas un porte-nom. Certes, je prépare les Jeux Olympiques, mais j'ai envie de véhiculer des valeurs. En quoi cet énième comité va pouvoir faire changer les choses ? Tout d'abord, c'est la première fois qu'un comité réunira autant de personnes et d'associations. On va donc étudier les cas: le sexisme, l'homophobie, le racisme. Et nous allons expertiser la discrimination sur le terrain, savoir ce qu'elle est vraiment au sein du sport. Nous allons mettre en place des supports, qui permettront d'informer les jeunes et les formateurs, qui vont amener ces sportifs à l'excellence. Un sportif bien dans sa tête et dans ses baskets avec un entourage bénéfique n'en sera que meilleur et ne fera que du bien pour le sport français. En tant que présidente, qu'avez-vous pensez de l'affaire des quotas et des résultats des enquêtes en découlant ? Il y a eu des retours d'informations, il y a eu des fautes avérées, il y a eu des excuses. Mais il ne faut pas vivre dans le passé, il faut avancer. On va se servir de ça pour développer des actions ponctuelles et faire en sorte de ne plus revoir ce genre d'affaire.