Et si les tennismen faisaient grève ?

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avec AFP et Corinne Boulloud , modifié à
TENNIS - Les meilleurs joueurs mondiaux, Nadal en tête, en ont assez des cadences infernales.

Après les grèves dans le football espagnol puis italien et le lock-out qui sévit en NBA, va-t-on avoir droit désormais à un débrayage dans le tennis mondial ? Nous n’en sommes pas encore là mais la menace a été brandie, dimanche, par le n°4 mondial, l'Ecossais Andy Murray. "Il y a clairement un risque de grève", a souligné Murray lors d'un entretien accordé à la BBC. "Je sais pour en avoir déjà parlé avec eux, que certains joueurs n'ont pas peur d'y recourir. Il faut espérer qu'on en n'arrivera pas là, mais les joueurs y songent."

Pour les joueurs, le week-end de Coupe Davis placé une semaine après un US Open a été l'élément calendaire de trop. La présence de l'Espagne et de la Serbie en demi-finales a fourni des arguments supplémentaires. Quatre jours seulement après leur finale épique, Rafael Nadal et Novak Djokovic étaient en effet censés être d'attaque pour les premiers simples du vendredi.

Si le Majorquin a tenu son rang, le Serbe s'est économisé le vendredi avant de tenter le coup dimanche. Sans succès. Touché au dos, le n°1 mondial, opposé à Juan Martin del Potro, a été contraint à l'abandon, dimanche, comme bon nombre d’autres joueurs lors du dernier US Open. Et le "Djoker" a laissé entendre mardi qu'il pourrait faire l'impasse sur le tournoi de Pékin (3-9 octobre) et le Masters 1000 de Shanghai (10-16 octobre). Même le plus fort d'entre eux ne peut tenir la cadence...

Fédération et ATP se rejettent la balle

"C'est clair que si on pouvait jouer un tout petit peu moins, ce serait surtout agréable pour nos organismes", explique au micro d'Europe 1 Jo-Wilfried Tsonga, qui sera à Metz cette semaine. "Que ce soit "Djoko", "Rafa" ou "Rodge", je crois que, s'ils en ont un peu ras-le-bol, ils peuvent déclencher des choses à tout moment."

Tsonga souhaiterait jouer "un tout petit peu moins" :

Car, au sein du "Big Four" du tennis mondial, ce n'est pas Murray qui a le plus souvent regretté les cadences infernales, mais Rafael Nadal. Ainsi, lors du dernier Roland-Garros, le Majorquin avait expliqué sa relative méforme par une usure physique due à l'accumulation des matches. Depuis, le Majorquin, victime de crampes en conférence de presse lors du dernier US Open, n'a jamais manqué une occasion de lancer une petite pique contre les autorités du tennis mondial.

Vendredi, à l'aube de la demi-finale face à la France, il avait ainsi jugé que le calendrier était "inacceptable" et critiqué à demi-mots le président de la Fédération internationale du tennis (FIT), l'Italien Francesco Ricci Bitti. En réponse, celui-ci a souligné que si la Coupe Davis était bien organisée par la FIT, "90% du calendrier" l'était par l'ATP...

De son côté, l'ATP, qui sanctionne les forfaits dans les Masters 1000, s'est défendue en avançant plusieurs arguments liés au format des tournois (finales disputées le plus souvent au meilleur des deux sets gagnants, entrée des huit premières têtes de série au deuxième tour). Les positions vont être difficiles à bouger...

"Nous entamerons des discussions avec l'ATP et la Fédération internationale de tennis, pour voir si des compromis peuvent être trouvés", a expliqué Murray, qui, lui aussi, a joué en Coupe Davis ce week-end, avec la Grande-Bretagne, face à la Hongrie (5-0). "Si ce n'est pas possible, nous prendrons des dispositions. Nous voulons juste que certaines choses changent. Qu'il y ait un tout petit peu moins de tournois chaque année, soit deux à trois semaines de moins. Ce n'est pas déraisonnable." Déjà sous la menace constante de forfaits de dernière minute et d’abandons en tous genres, les tournois de fin de saison, Bercy en tête, vont désormais vivre avec le spectre d'une possible grève...