Esclavagisme : le Qatar se défend

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avec AFP , modifié à
COUPE DU MONDE - Le Qatar s'est défendu d'avoir recours au travail forcé sur les chantiers.

"Il n'y a pas d'esclavagisme ou de travail forcé au Qatar." C'est par cette affirmation bien tranchée qu'Ali-Al-Marri, président du conseil national des Droits de l'Homme, rattaché au gouvernement du Qatar, a résumé la position de l'Emirat après les accusations dont il a été victime par le quotidien britannique The Guardian.

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Celui-ci détaillait les conditions de travail déplorables des ouvriers népalais dans le pays et avançait le chiffre de 44 morts sur de vastes chantiers non liés à la Coupe du monde entre les 4 juin et 8 août derniers. "Les informations du Guardian sont fausses et les chiffres qu'il a cités sont exagérés", a insisté Al-Marri.

"15 morts sur le lieu de travail en 2013"

Pour contrer les informations du quotidien britannique, les autorités ont avancé leurs propres chiffres. Le coordinateur de la communauté népalaise au Moyen Orient, Narinra Bad, présent aux côtés d'Al-Marri, a affirmé qu'en 2013, 151 Népalais étaient décédés au Qatar, "dont 15 sur leur lieu de travail". Le reste, selon lui, sont décédés de mort naturelle ou dans des accidents de la route ou autres. "Pour toute l'année 2012, le nombre de morts parmi les Népalais au Qatar était de 276, dont 55, soit vingt pour cent, sont décédés sur leur lieu de travail", a-t-il ajouté.

"Similaire dans les autres pays du Golfe"

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Pour autant, Al-Marri a reconnu qu'il y avait "quelques problèmes, du fait qu'il y a dans le pays plus de 44.000 entreprises", mais il a assuré que les autorités déployaient "des efforts constants pour les régler". Quant à Narinra Bad, il a insisté sur le fait que la situation des ouvriers népalais au Qatar était "similaire à leur situation dans les autres pays du Golfe". "Nous ne pouvons pas dire que les conditions de travail sont exemplaires, et les Népalais font face à des défis pour ce qui est du logement, des visas et des salaires", a-t-il reconnu.

Dans la plupart des pays du Golfe, les ouvriers expatriés vivent dans des cités dortoirs, touchent des salaires assez bas et travaillent plusieurs mois de l'année dans des conditions climatiques extrêmes.  Le chef de la communauté népalaise au Qatar, Macksud Alam, a néanmoins souligné que les conditions s'étaient améliorées "depuis l'introduction d'une nouvelle loi du travail en 2004".

De 150 à 300 inspecteurs du travail

Le conseiller des relations internationales au ministère du Travail, Ali Ahmad Al-Khalifi, a assuré de son côté que les autorités enquêtaient à la suite de l'article du Guardian et allaient "doubler le nombre d'inspecteurs du Travail, actuellement au nombre de 150, pour empêcher tous les abus". Parallèlement à l'enquête du Guardian, la Confédération internationale des syndicats a estimé qu'au rythme actuel des décès sur les chantiers au Qatar, au moins 4.000 ouvriers pourraient mourir dans l'Emirat avant même le coup d'envoi de la Coupe du monde 2022. Une délégation internationale de syndicalistes se rendra le 7 octobre dans l'Emirat pour "constater les conditions de travail des migrants", avait indiqué vendredi  un des futurs participants à cette visite, Gilles Letort, de la Fédération nationale CGT des salariés de la construction.