Elissalde: "Difficile cette année"

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Propos recueillis par Benoît CONTA , modifié à
A quelques jours de l'ouverture du Top 14, le Stade Toulousain s'avance comme chaque année avec un statut de favori qui lui colle aux basques. Pour rompre avec la monotonie, Guy Novès a toutefois décidé d'apporter un peu de sang neuf dans l'encadrement du champion d'Europe avec l'arrivée d'un tout jeune retraité, Jean-Baptiste Elissalde, fraîchement nommé entraîneur des lignes arrières. Un costume que l'ancien international enfile avec envie et ambition, malgré une saison qu'il annonce compliquée.

A quelques jours de l'ouverture du Top 14, le Stade Toulousain s'avance comme chaque année avec un statut de favori qui lui colle aux basques. Pour rompre avec la monotonie, Guy Novès a toutefois décidé d'apporter un peu de sang neuf dans l'encadrement du champion d'Europe avec l'arrivée d'un tout jeune retraité, Jean-Baptiste Elissalde, fraîchement nommé entraîneur des lignes arrières. Un costume que l'ancien international enfile avec envie et ambition, malgré une saison qu'il annonce compliquée. Comment se déroule ce stage de pré-saison ? Plutôt pas mal. Chaque joueur prend conscience de ce qu'il a besoin de faire, et notamment du physique. Il y a de la bonne humeur, chacun est concentré sur son sujet, sachant aussi, et malheureusement ce n'est pas de notre faute, mais nous n'avons pas tout l'effectif à notre disposition et qu'un tiers de l'effectif vient juste de reprendre l'entraînement. Tout le monde est concerné mais on a des difficultés à mettre tout en place car l'équipe est scindée en trois groupes. Quel sera le temps de latence pour voir les internationaux revenir au niveau de leurs coéquipiers ? Je pense que pour être en forme physique c'est environ trois à quatre semaines. Je pense qu'ils n'ont pas perdu tant que ça depuis qu'ils ont arrêté, mais on va les faire reprendre petit à petit et on va faire tourner notre effectif. On verra au cas par cas à quel moment ils seront les plus performants. Plus personnellement, êtes-vous totalement installés dans votre nouveau costume ? Totalement je ne sais pas. Pour l'instant c'est très simple pour nous. On parle beaucoup de rugby entre nous le staff et on essaie de faire passer quelques messages aux joueurs. Leur boulot est principalement basé sur le physique pour l'instant. On y met quelques touches rugby mais c'est vraiment avec parcimonie. Et puis la compétition n'est pas encore arrivée, on n'a pas besoin de faire des équipes, de prendre des décisions difficiles à prendre donc voilà, pour l'instant ça va, j'évolue normalement. Je me mets dans le sillage de Yannick (Bru) et de Guy (Novès), qui ont une très forte expérience dans ce domaine-là. "Pas encore eu de désillusions quand aux compositions d'équipe" N'avez-vous pas envie d'aller rejoindre les joueurs et faire la préparation physique ? Non, ça ne m'a pas manqué ça. Ça va certainement me manquer quand ils vont rentrer sur le terrain. Je vais avoir un pincement au coeur, mais je vais aussi avoir beaucoup de choses à penser, beaucoup de choses à m'occuper. J'essaie d'être le plus responsable possible pour que mon message soit le plus clair, et travailler dans la continuité de ce qu'on faisait avant. Ça m'occupe déjà pas mal de temps, donc même si j'avais envie de faire la préparation physique, je n'aurais pas le temps. Comment vivez-vous la préparation des séances, y-t-il une pointe de stress ? Le plus dur c'est pas de mettre la séance en place spécifiquement. C'est surtout l'approche, de dialoguer avec les joueurs, être assez directif, commencer à faire preuve d'une autorité légitime. Ce dont je me suis aperçu c'est que si le contenu de l'entraînement est bon, il n'y a pas besoin de faire preuve d'autorité déplacée. Tout rentre dans l'ordre et les joueurs suivent le contenu de la séance. Il n'y a donc pas de problèmes pour le moment avec vos anciens coéquipiers ? Non pour l'instant tout va bien. La bonne humeur est de mise, la compétition n'est pas arrivée. Tout le monde se prépare individuellement dans son coin. Il n'y a pas encore eu de désillusions quand aux compositions d'équipe, quant aux blessures. Pour l'instant tout va bien, il fait beau. Mais les choses sérieuses ne vont pas tarder à arriver. Idem dans le relationnel avec Guy Novès ? Le relationnel avec Guy a toujours été bon. J'étais déjà très respectueux en tant que joueur et je le suis encore en tant qu'entraîneur, je ne changerai pas là-dessus. Quand il y a débat, il y a un débat à trois qui s'installe entre lui, Yannick et moi. Chacun essaie d'amener sa petite pierre à l'édifice pour que le mur soit solide. Pour l'instant ça se passe très bien. "Mon père a toujours été un peu un guide pour moi" Avez-vous déjà anticipé la manière d'aborder les matches ? Oui, forcément. Je sais où je veux aller. Je sais aussi ce que les joueurs ne veulent plus, et ça c'est un avantage quand on est jeune retraité. Je vivais avec il y a encore quelques semaines donc je les connais parfaitement. Ma seule énigme, ça sera la gestion humaine: «Tu joues, tu ne joues pas», «t'es au repos, tu n'es pas au repos». Et là Guy me sera d'une aide précieuse. Et la façon de le vivre intérieurement ? Je vais le découvrir. Ça aussi c'est une énigme pour moi. Est-ce que je serai stressé ? Est-ce que je saurai prendre assez de recul pour ne pas m'emporter ? On n'y a pas encore réfléchi mais on va mettre en place un système de turn-over avec Yannick. Un coup sur le terrain, un coup dans les tribunes, pour qu'il y en ait un qui voit ça avec un peu plus de recul et l'autre qui soit proche du terrain pour transmettre les informations. Avez-vous demandé des conseils à votre père (Jean-Pierre Elissalde, qui a notamment entraîné le Stade Rochelais, ndlr) ? Vous savez mon père a toujours été un peu un guide pour moi. En tant que joueur, il ne m'a jamais donné la solution, il me guidait, il m'amenait sur le bon chemin. C'est pareil maintenant en tant qu'entraîneur. On parle beaucoup rugby mais pas forcément du Stade Toulousain ou de telle ou telle équipe. Il m'a guidé dans la pédagogie à adopter avec certains joueurs, qu'ils soient internationaux avec près de 40 sélections ou jeune espoir en passe de venir avec nous dans les vestiaires. Il me donne quelques conseils, mais il m'a dit que je trouverai les solutions par moi-même. Vous êtes-vous fixé des objectifs en terme de jeu pour cette saison ? Vous êtes mal tombé, je ne vais pas révolutionner le rugby. Je n'en ai pas la prétention, je ne vais pas révolutionner le jeu. Je veux juste qu'on soit un peu meilleur, et que surtout les joueurs prennent du plaisir à venir à l'entraînement, et qu'ils en sortent un peu moins bêtes qu'ils n'étaient. Ça serait déjà une grande réussite. "On parle déjà de doublons donc c'est difficile d'avoir de la continuité" Quels sont les objectifs du Stade Toulousain cette saison ? Les objectifs au Stade Toulousain sont toujours d'aller le plus loin possible. Maintenant, on a trois gros points qui me font penser que ça va être difficile cette année. Le premier, c'est que beaucoup de nos internationaux vont avoir la Coupe du monde qui se déroule en fin de saison en tête. La deuxième chose c'est qu'on vient de gagner un titre, et souvent - et ça je le sais car j'ai été joueur - quand on gagne un titre, il y a toujours un relâchement l'année qui suit. Et enfin, le championnat est de plus en plus difficile et quand il y a quatre, cinq années en arrière on pouvait faire quelques impasses pour gérer l'effectif, ce qu'on ne pourra plus faire. Voilà, ce sont trois choses à prendre en compte, qui sont très importantes. A nous d'en tenir compte. Existe-t-il un tableau (européen ou national) que vous allez privilégier ? Ce n'est pas à moi de le décider. Moi je suis là pour que les joueurs soient le plus performants possible. On verra en temps voulu si l'ont doit privilégier un tableau ou l'autre. Maintenant c'est vrai qu'en championnat, on parle déjà de doublons donc c'est difficile d'avoir de la continuité, alors qu'en Coupe d'Europe on dispose de tout notre effectif. Le calendrier est fait comme ça, tout le monde s'exprime dessus, à tort et à travers, et pour l'instant je ne vais pas m'exprimer là-dessus.