Duchaussoy: "Le risque de la démocratie"

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Propos recueillis par P.J. , modifié à
Candidat à sa propre succession, Fernand Duchaussoy, opposé à la liste de Noël Le Graët, a présenté son programme et son équipe en vue de l'élection à la présidence de la Fédération française de football, ce mardi. Soucieux d'aller au bout de la réforme concernant les nouveaux statuts du football français, le président sortant a défendu son bilan et souhaite défendre les intérêts des clubs amateurs.

Candidat à sa propre succession, Fernand Duchaussoy, opposé à la liste de Noël Le Graët, a présenté son programme et son équipe en vue de l'élection à la présidence de la Fédération française de football, ce mardi. Soucieux d'aller au bout de la réforme concernant les nouveaux statuts du football français, le président sortant a défendu son bilan et souhaite défendre les intérêts des clubs amateurs. Fernand, en décembre dernier, vous n'étiez pas sûr de vous présenter. Qu'est ce qui a motivé votre choix ? Peut-être que je me suis représenté parce que j'ai trouvé une bonne équipe. Ne pas être sûr, ça peut aller dans un sens ou dans l'autre. J'ai véritablement envie d'aller au bout de la réforme. C'est une réforme fondamentale, pas une "réformette". Déjà depuis plusieurs mois, on travaille. Le 18 décembre était une étape, il y en aura d'autres. Il faut changer les mentalités, les esprits. Et ce travail ne peut pas reposer sur un seul homme. Il faut qu'au printemps prochain, on ait terminé la totalité de la réflexion sur la réforme. Un exemple tout simple: le fait que la quatrième liste (Tatane, conduite par Cyril Lequesne, ndlr) n'ait pas pu se présenter, c'est quelque chose qu'il faut changer. On a également constaté que si les textes ne sont pas changés d'ici à 2012, aucun prétendant ne pourra se présenter. Noël Le Graët vous a égratigné la semaine passée. Etes-vous déçu de la tournure que prend cette campagne ? Moi, je n'ai pas l'intention de faire ce genre de choses. On verra comment cela évolue. Ce n'est pas une campagne politique, c'est une campagne au sein d'une association qui gère des millions de licenciés. On doit rester dans la dignité. On prône le respect sur tous les terrains de sport, donc il faut d'abord qu'on applique cette notion nous-même. Moi je respecte M. Le Graët et M. Thomas. Et j'espère que c'est la même chose de leur côté. Que pensez-vous du troisième homme, Eric Thomas, qui parle notamment d'une "élection pseudo-démocratique" ? On est en pleine campagne, mais pas dans celle que j'aime. D'abord, s'il a pu se présenter, c'est parce que j'ai fait passer la réforme. Sinon, il n'aurait pratiquement jamais eu la chance de s'exprimer. Je pense qu'il devrait plutôt me remercier de m'être battu pendant des mois pour lui permettre de se présenter. Je ne le connais pas personnellement mais je le respecte. Je ne sais pas ce qu'il entend par "pseudo-démocratique". A l'heure actuelle, je suis plutôt handicapé par la gestion de la Fédération, qui me prend beaucoup de temps. "Il y a des perspectives" Ne craignez-vous pas que cette élection divise la FFF ? Cette élection, c'est le risque de la démocratie. Dans la mesure où sur les listes concurrentes, il y a des gens issus du monde amateur et d'autres issus du monde professionnel, il y a forcément un risque, que j'avais d'ailleurs mesuré. Il y a un ou deux présidents de Ligue qui m'avaient dit qu'ils ne voteraient pas la réforme pour ne pas créer de déchirure. Vous insistez sur la sécurisation des recettes de la FFF et sur la nécessité de trouver de nouvelles sources. Pouvez-vous développer cette idée ? Il y a un certain nombre de procès qui nous attendent, comme c'est souvent le cas lorsque les contrats sont aussi importants que ceux que nous avons signés. Nous avons eu un procès avec Sport Five, avec TF1, ce n'est pas aussi simple qu'on le dit. Lorsque les images sont reprises par M6 lorsque nous jouons un match à l'extérieur, nous payons un million d'euros, ce qui n'est pas neutre. Il y a donc beaucoup d'incertitudes. Concernant les nouvelles ressources, il y a des tas de possibilités. Si elles ne sont pas aussi larges que ce qui peut se faire avec Nike ou TF1, elles sont très intéressantes pour le football amateur. Comment faire pour développer les recettes dans un secteur en crise ? Par exemple, les 1,8 million de téléspectateurs pour la finale de la Ligue des champions féminine (Lyon-Potsdam ndlr), ça donne des perspectives, en sachant qu'on peut espérer une belle Coupe du monde derrière. Chaque petite rivière qui peut irriguer le football amateur apportera du bonheur au club. "Aider les petites structures, pas seulement les grands clubs" Quels sont vos projets concernant le football amateur ? Le vrai problème du football français, c'est la pérennité des clubs. Certains sont en désespérance et proches de mettre la clé sous la porte. Je ne veux pas avoir de discours démagogique, mais il y a des engagements forts que je veux prendre. Il faut redonner au football amateur ce qu'il lui appartient et lui redonner des moyens. Non pas en soutenant seulement les projets de terrains synthétiques comme cela s'est fait les dernières années, mais en revenant aux petites installations, peut-être très simples, qui vont illuminer la vie d'un club. Il faut aider les petites structures et pas seulement les grands clubs. Vous avez évoqué le futur rôle de Bernard Lama, un de vos colistiers, qui pourrait prendre en charge les équipes de France jeunes... Ce qui est important, c'est le couple président-entraîneur. Après, bien sûr, je peux faire appel à Bernard pour l'équipe première, mais je le vois plus dans les équipes de jeunes. Personne ici ne pense qu'on a les compétences pour aller dans toutes les directions. On peut très bien s'appuyer sur des relais, qui ne sont pas sur la liste. Je pense que quelqu'un doit toujours, y compris à Clairefontaine, être présent au sein de l'équipe de France. Je ne veux pas reconstituer le club France, mais mettre en place un petit groupe qui serve de relais entre la Fédé et l'équipe nationale. On a déjà une idée sur les hommes capables de le faire.