De Puniet: "Si on m'avait dit..."

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Propos recueillis par Yannick SAGORIN , modifié à
C'est ce dimanche que s'ouvre la saison 2011 de MotoGP au Qatar. Rassuré par des essais probants en début de semaine sur le circuit de Losail, Randy De Puniet ne manque pas d'ambition à l'aube de ce nouvel exercice. Nettement plus à l'aise sur sa Ducati qu'il ne l'était à Sepang, le pilote français entend rivaliser avec les meilleurs dimanche. Même sous anti-inflammatoires...

C'est ce dimanche que s'ouvre la saison 2011 de MotoGP au Qatar. Rassuré par des essais probants en début de semaine sur le circuit de Losail, Randy De Puniet ne manque pas d'ambition à l'aube de ce nouvel exercice. Nettement plus à l'aise sur sa Ducati qu'il ne l'était à Sepang, le pilote français entend rivaliser avec les meilleurs dimanche. Même sous anti-inflammatoires... Randy, au mois de novembre dernier, vous nous confessiez qu'il vous tardait de reposer enfin votre jambe gauche (meurtrie en juillet par une double fracture). Avez-vous totalement récupéré depuis ? Hélas, non, j'ai toujours aussi mal, au genou notamment. Après l'intersaison, ça allait beaucoup mieux mais dès que j'ai repris les tests, les douleurs sont reparties du plus belle. La semaine dernière, j'ai refait une semaine d'entraînement poussée et je me suis blessé en vélo. Je souffre d'une inflammation du tendon rotulien due à la vis logée dans mon genou. Si bien que je ne peux plus faire de sport dans ma préparation. Du coup, j'ai décidé de me refaire opérer, pour enlever cette vis. J'avais opté pour une intervention après Le Mans (4e GP de la saison, le 15 mai, ndlr) mais on vient d'apprendre que le Grand Prix du Japon était reporté. Je vais donc passer sur le billard plus tôt que prévu, après le Grand Prix d'Espagne (2e GP de la saison, le 3 avril, ndlr). Il va donc falloir serrer les dents durant deux Grands Prix... Oui, comme en fin de saison dernière. Je roulais déjà sous anti-inflammatoires et j'aimerais bien arrêter parce que ce n'est pas bon... Ce sera une intervention très courte, de l'ordre de dix minutes, et je sais qu'après je serai soulagé. J'ai vraiment hâte, certains matins j'ai du mal à marcher, c'est franchement lourd... Les essais de Losail se sont achevés lundi soir. Vous êtes-vous rassuré en terminant votre programme de pré-saison sur un sixième chrono inattendu ? Je suis vraiment surpris. Dans le bon sens du terme. En Malaisie, ça a été une catastrophe absolue ! Je suis parti de là-bas miné comme jamais. Moralement, j'étais au fond du trou. Rien de ce qu'on a fait ou essayé n'a fonctionné, c'était une horreur. Finalement, ça n'aurait pas été plus mal de ne pas participer à ces essais. Tout le monde dans l'équipe était à bout en sortant de là. En arrivant au Qatar honnêtement, je ne me faisais aucune illusion. Et l'impossible s'est produit. Malgré mes deux chutes dimanche, nous avons très vite trouvé le bon rythme et lundi, tout s'est parfaitement déroulé, avec les améliorations attendues, en pneus durs et en simulation de course. Même les pilotes devant moi n'ont pas tourné aussi bien dans cette configuration. C'est vraiment de bon augure pour le Grand Prix dimanche. "On a peut-être mieux travaillé que le team officiel" Vous aviez eu un bon feeling lors des tests de Valence, fin 2010. Comment expliquez-vous les difficultés que vous avez eues à appréhender cette Ducati ? L'échec de la Malaisie, on m'a dit que ça pouvait venir des hautes températures, Ducati a toujours du mal dans ces conditions. D'ailleurs, personne n'a réussi à rouler vite à Sepang. A Losail, on a retrouvé un contexte normal et j'ai eu les mêmes sensations qu'à Valence. Tant mieux pour moi. J'ai vraiment le sentiment d'avoir piloté deux motos différentes ces dernières semaines: une impossible à régler, dont on ne peut rien tirer, et une sur laquelle je suis déjà à l'aise. Paradoxalement, les autres pilotes Ducati, Valentino Rossi en tête, n'ont pas été plus à la fête au Qatar... Non, effectivement... On a peut-être mieux travaillé que le team officiel. Je sais que Valentino Rossi et Nicky Hayden ont signé leurs chronos en pneus tendres, et qu'ils sont incapables pour l'heure de rouler avec des pneus usés. Or un Grand Prix en pneus tendres est inimaginable. Rossi semble encore gêné par son épaule aussi. Loris Capirossi, mon coéquipier, est un peu dans le même cas, il a beaucoup de mal à s'adapter aux pneus durs. Lundi, il est tombé et ça l'a calmé. C'est vrai que je m'en sors mieux qu'eux pour l'instant. Quels sont les points qu'il vous faut encore travailler pour maîtriser cette Desmosedici ? En entrée de virage, c'est encore un peu difficile mais on s'est nettement amélioré sur circuit. Pour le Grand Prix ce week-end, je pense qu'on a trouvé les bons réglages, encore deux ou trois retouches électroniques et ça devrait être bon. Lundi j'étais à un dixième du troisième, si on m'avait dit ça après la Malaisie, ça ne m'aurait pas fait rire... Pensez-vous avoir les moyens de réaliser un début de championnat en trombe comme l'an passé ? Vu les essais de Losail, oui, on peut être optimiste et viser un bon résultat dimanche. Si je ne fais pas d'erreur et qu'on parvient à obtenir une bonne place sur la grille, tout est possible. Je l'ai vu lundi, j'ai pu suivre Jorge Lorenzo sans problème pendant huit tours alors qu'à Sepang, au bout de deux virages, je ne voyais plus personne. Maintenant, on ne va pas s'emporter. Je sais que les essais sont une chose et que la course en est une autre. Il y a forcément des Grands Prix où on ne sera pas dans le coup mais l'important était d'être prêt à temps. Et nous le sommes ! "Les Honda sont au-dessus du lot" Quel est votre objectif sportif en 2011 ? Comme la saison dernière, je vais tenter de finir le championnat premier pilote privé, tout en tâchant de battre des pilotes officiels le plus souvent possible. Ça me paraît réaliste comme objectif, même si la concurrence s'annonce relevée, avec Loris Capirossi, Colin Edwards sur Yamaha ou encore Hiroshi Aoyama qui a une Honda qui tourne bien. Les Honda officielles, justement, s'annoncent redoutables cette saison... Je pense effectivement que les Honda sont au-dessus du lot. Si Yamaha ne parvient pas à redresser la barre, on risque d'assister à quelques "cavalier seul" de la part de Dani Pedrosa ou Casey Stoner. Chez LCR en revanche, Toni Elias, votre successeur, semble en difficulté. Comment voyez-vous cela en tant qu'ancien de la maison ? Je ne sais pas ce qui se passe. Il a manifestement du mal à s'adapter à sa Honda. Ce qui me paraît bizarre, c'est qu'il a terminé huitième du championnat il y a deux ans et qu'il paraît complètement perdu aujourd'hui. Je ne suis pas sûr que la Moto2 lui ait été profitable malgré son titre. C'est comme s'il ne parvenait plus à rouler avec, entre guillemets, une vraie moto. Je connais l'équipe technique chez LCR, elle est très bonne et je ne pense pas que le problème vienne de là. J'espère pour Lucio (Cecchinello, son ancien manager, ndlr) qu'ils trouveront une solution. Même si j'ai vécu une fin d'aventure difficile là-bas, je leur souhaite. Au-delà de cette saison, en 2012, la catégorie reine va vivre un nouveau changement de réglementation technique. Comment l'appréhendez-vous ? Mon objectif, c'est de faire une belle année 2011 pour prétendre à une moto capable de gagner en 2012. L'an prochain, beaucoup de perspectives vont s'ouvrir, avec de nouvelles marques notamment. A moi de répondre présent cette saison et par la suite, on verra bien. On n'en est pas encore là...