Comment battre le géant Isner ?

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TENNIS - La France retrouve les Etats-Unis et le géant John Isner, à partir de vendredi.

2,06 m pour 111 kilos et une envergure proche supérieure à 2 m. C'est un sacré gabarit que les Français vont affronter en quarts de finale de la Coupe Davis, à partir de vendredi à Monte-Carlo. John Isner, un beau "bébé" en excellente forme. Qui peut se vanter d'avoir battu en moins d'un mois Roger Federer (au premier tour de la Coupe Davis, début février) et Novak Djokovic (en demi-finale du Masters 1.000 d'Indian Wells) ? Personne à part lui.

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11h05 + Federer + Djokovic. "La toute première chose qu'on associe à mon nom reste ce match avec Nicolas", confiait John Isner dans les colonnes de L'Equipe, lundi dernier. Petit flash back : Wimbledon 2010, l'Américain affronte le Français Nicolas Mahut au premier tour. Après 11h05 (70-68 au dernier set), 113 aces et une dizaine de crampes, le géant vient à bout du "petit" français. Record (bien évidemment) du match le plus long sur le circuit, photos pour la postérité et la naissance d'une belle amitié. "On est en contact permanent depuis", explique Isner. "C'est juste un des meilleurs mecs que j'ai jamais rencontrés. C'est un de mes meilleurs amis aujourd'hui". Ce combat, Isner s'en souviendra toute sa vie mais ne veut pas non plus être réduit à cette performance. Début 2012, l'Américain tient son autre exploit. Il bat le "maître" Federer sur terre battue, au premier tour de la Coupe Davis (4-6, 6-3, 7-6, 6-2). Dans la foulée, il s'offre le scalp de Djokovic en demi-finale du tournoi de Miami (7-6, 3-6, 7-6).

Le service, l'arme fatale. Quand la balle est frappée à plus de 3 mètres du sol (bras tendu) avec la puissance d'un homme de 111 kilos, elle redescend vite sur le court. Très, très vite même. Avec des "pralines" qui dépassent fréquemment les 220 km/h, pas toujours facile de voir la balle et, encore plus dur, de la renvoyer dans les limites du  terrain. En 2011, le 11e joueur mondial s'est montré le plus efficace sur le circuit ATP. Avec une moyenne à peine croyable de 14,2 aces par match, il concède très rarement sa mise en jeu. Un match avec Isner se gagne souvent au tie-break. Son service sera bien évidemment son arme fatale contre les Français, mais le réduire à ces missiles tomahawk serait bien naïf.

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Le géant aime bien la terre battue. Avec ses grandes guiboles, on pourrait penser que le géant n'est pas très à l'aise sur terre. Loupé ! Lui-même affirme le contraire : "je ne bougerai jamais comme Monfils ou Gasquet, mais franchement, je ne me déplace pas mal". Autres avantages, le service, aussi performant sur surface dur que sur terre, et le retour. Les effets sont amplifiés sur terre battue et ses lifts ou "kick" feront très mal aux joueurs tricolores. Et par sa grande taille, John Isner est également avantagé en retour. Sur l'ocre, la balle peut rebondir à hauteur d'épaule pour n'importe quel autre joueur du circuit. Mais grâce à ses 2,06 m, elle lui arrive à hauteur de hanche. Idéal pour balancer des gifles de coup droit et chercher les lignes immédiatement.

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Forget et Simon se méfient. Vous ne pensez toujours pas que l'Américain peut mettre en danger les Bleus à Monte-Carlo. Et si on vous dit que c'est le premier joueur à avoir poussé Rafael Nadal à disputer un match en cinq sets à Roland-Garros ? Et si les Français eux-mêmes s'en méfient énormément. Pour l'un (ou le ?) de ses derniers matches à la tête de l'équipe de France, Guy Forget en dresse un portrait redoutable. "On l'a longtemps cantonné dans un rôle de "géant" qui frappe très fort au service mais c'est bien plus que ça", avertit le capitaine des Bleus. "Il se déplace bien. Il a un bon toucher, un très bon coup droit, un solide revers à deux mains, un revers coupé très propre. C'est vraiment un joueur complet". Gilles Simon, qui affrontera Isner en premier vendredi, ne dira pas le contraire. Et pour cause, le Niçois a perdu leurs deux dernières confrontations (en huitième de finale à l'US Open et plus récemment à Indian Wells). Des matches à chaque fois très accrochés. "J'espère lui poser des problèmes dès le début du match pour lui montrer encore une fois que ce sera très difficile de gagner", a déclaré Gilles Simon, jeudi en conférence de presse. Pour sa part, Tsonga partira peut-être plus libéré. Isner reste un bon souvenir pour "Jo" puisqu'il l'a battu en demi-finale du Masters de Paris-Bercy, en novembre dernier.