Brun: "Pas peur de l'Asvel"

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Paul Rouget , modifié à
Arrivé fin septembre à Nanterre après quelques semaines à Alicante, Stephen Brun se sent désormais comme chez lui chez le promu francilien, où "c'est à la bonne franquette" selon l'expérimenté shooteur. Et s'il regrette que la JSF ne compte pas "deux victoires de plus", l'ancien Nancéien attend de pied ferme des Villeurbannais que les Franciliens accueilleront samedi dans un Palais des Sports plein à craquer.

Arrivé fin septembre à Nanterre après quelques semaines à Alicante, Stephen Brun se sent désormais comme chez lui chez le promu francilien, où "c'est à la bonne franquette" selon l'expérimenté shooteur. Et s'il regrette que la JSF ne compte pas "deux victoires de plus", l'ancien Nancéien attend de pied ferme des Villeurbannais que les Franciliens accueilleront samedi dans un Palais des Sports plein à craquer. Stephen, est-ce que vous pouvez d'abord nous rappeler les conditions de votre arrivée à Nanterre ? J'étais en fin de contrat à Nancy et ils souhaitaient recruter un joueur qu'ils estimaient meilleur que moi, en l'occurrence Adrien Moerman. J'étais donc à la recherche d'un nouveau club. Je suis d'abord parti à Alicante, où j'avais un contrat d'un mois à l'essai. Tout s'était bien passé, je devais rester là-bas toute la saison mais il y a eu un problème avec un joueur américain dont le passeport espagnol n'a pas été validé. Ils n'ont donc pas pu me garder. Et en Pro A, les rosters étaient complets, sauf à Nanterre, qui venait de perdre Etienne Brower. Je pouvais passer la saison à faire le pigiste, et à bouger quatre, cinq fois dans l'année. Mais Nanterre m'a toujours suivi et avait l'envie que je vienne, j'ai donc accepté leur proposition parce que c'était un vrai challenge. Quel bilan tirez-vous de ce début de saison et de ces dix premières journées à l'issue desquelles vous occupez le 14e rang, avec trois victoires et sept défaites ? On avait un début de championnat très, très compliqué avec cinq matches à l'extérieur sur les sept premières journées. On est aujourd'hui à trois victoires, et on pourrait s'en satisfaire. Mais j'ai quelques regrets. On pourrait compter cinq victoires si on n'avait pas laissé filer des matches à Dijon ou à Pau, où on craqué sur la fin à cause de notre manque d'expérience. A l'intérieur du club, les dirigeants sont contents mais nous, les joueurs, on ne peut pas l'être parce on pourrait compter deux victoires de plus. On n'est donc pas en crise, même si on espère rapidement gagner un match voire deux pour se mettre à l'abri. Mais on a fait une belle opération en l'emportant à Poitiers (88-72, ndlr), et avec le goal average, ça peut être déterminant pour le maintien. Le fait que le groupe ait finalement peu changé et se soit renforcé avec l'apport de joueurs d'expérience comme vous ou Ryvon Coville est-il un vrai atout pour la JSF ? Oui, je pense. L'avantage c'est que l'ossature de l'équipe championne de Pro B est restée la même. Ça permet d'avoir des relations intéressantes sur le terrain et surtout un équilibre et un esprit de groupe qui était déjà super l'an dernier et qui l'est toujours actuellement. Quand on monte d'un échelon, il faut garder la base. Et c'est ce que Poitiers a fait l'an dernier avec une saison de promu exceptionnelle, où ils ont même atteint les playoffs. Il faut pouvoir ajuster son groupe en y ajoutant deux, trois joueurs avec l'expérience de ce championnat et, Ryvon Coville et moi-même, on est venus se greffer à se groupe. Et l'alchimie a été plus facile à faire, on a vite pris nos repères et cela nous a permis, malgré un début de championnat dantesque, de grappiller quelques victoires. Certains estiment que Nanterre est peut-être monté trop vite en Pro A et que le club, notamment au niveau des infrastructures, n'était pas forcément prêt. Qu'en pensez-vous ? Déjà, il y a beaucoup de différences avec ce que j'ai pu connaître. Mais c'est la marque de fabrique de ce club. C'est à la bonne franquette ! Ça les fait rire quand je dis ça mais c'est vrai. Tout le monde se connaît. Le médecin, le kiné, ça fait 10, 15 ans qu'ils sont là avec Pascal (Donnadieu, l'entraîneur, ndlr) et son père, le président. Après, bien sûr, ils ont des manques pour la Pro A et ils en sont conscients. Ils font avec ce qu'ils ont, mais ça marche plutôt bien. Je pense qu'on peut faire un rapprochement avec Brest, où la famille Vérove avait la mainmise sur le club et a fait grandir l'Etendard. Ça me rappelle donc un peu mes débuts mais ça ne me dérange pas. "Nancy ne trouvera jamais le remplaçant de Batum" Justement, comment s'est déroulée votre adaptation au sein du club ? J'ai eu un temps d'adaptation où j'ai eu du mal à tourner la page de mes trois années à Nancy, un club à gros budget, grosses ambitions et grosses structures. Ça m'a fait bizarre au début. J'ai eu un mois et demi difficile, ça a été compliqué d'arrêter de comparer avec ce que j'avais connu. Et puis je n'avais pas fait la préparation et je suis arrivé une semaine après. J'ai eu aussi un peu de mal à m'adapter à la vie parisienne, c'était notamment compliqué au niveau du logement. Je n'étais donc pas forcément concentré à 100% sur le basket et ça a été un mois compliqué. Mais depuis le match de Pau, ça va mieux. Au fur et a à mesure, j'espère que je vais jouer plus longtemps, que je vais avoir plus de responsabilités et surtout que je vais être meilleur. Mes trois, quatre premiers matches n'étaient pas du tout le reflet de ce que je peux produire. Vous accueillez l'Asvel samedi, un match qui à guichets fermés depuis longtemps et qui était même un temps pressenti à Bercy en raison des éventuelles présences de Tony Parker ou encore Ronny Turiaf... Ça reste un gros match, même si les billets ont été vendus parce que les gens voulaient venir voir Tony et Ronny. Tant mieux. Parce que les gens vont quand même venir, ils ont leurs billets ! Ça fera du monde pour nous. Après, l'Asvel est une belle équipe qui faisait partie des favoris mais ils ont eu des problèmes d'adaptation, et ils ont dû se réadapter avec les arrivées puis les départs de Tony et Ronny. Mais il y a beaucoup de potentiel, avec des jeunes joueurs très intéressants. Bon, on n'est pas impressionné non plus. Cette équipe ne nous fait pas peur. On avait plus peur d'équipes comme Nancy ou Gravelines que l'Asvel. On les respecte, bien sûr, mais on n'a pas peur de les jouer samedi. Nanterre va être diffusé à la télévision pour la première fois en Pro A lors de la 12e journée, à l'occasion de votre court déplacement à Levallois. Etes-vous déçu par le fait qu'aucun match disputé au Palais des Sports ne sera diffusé cette saison ? Ce n'est pas une déception, ils ont totalement raison. Présenter un match à la télé dans notre Palais des Sports, c'est difficile. La configuration de la salle fait que c'est difficilement réalisable. On comprend donc tout à fait. Après, si la mairie de Nanterre veut qu'on passe à la télé, ils savent très bien qu'il faut faire des ajustements et des travaux. En ce qui concerne le match face au Paris-Levallois, certains joueurs qui composent cette équipe et qui étaient en Pro B ou en N1 vont faire leur baptême du feu devant les caméras. Ça va être super, surtout pour ce derby de l'Île-de-France. Votre ancien club, Nancy, peine, tout particulièrement en Euroligue, depuis le départ de Nicolas Batum. Comment jugez-vous ces retours en NBA et comprenez-vous la déception des fans de basket ? Ils connaissaient les règles du jeu en signant Nicolas Batum. Comme tous les clubs, ils savaient qu'à tout moment ils pouvaient être amenés à s'en séparer. Le problème avec Batum, c'est qu'il avait un tel rayonnement sur le jeu qu'il mettait les autres joueurs en valeur. Et quand, il est parti des joueurs comme Adrien Moerman ou Akin Akingbala ont un peu perdu de leur impact. Car même s'il ne scorait pas, il attirait les adversaires. Et c'est surtout un énorme passeur. Son remplaçant, Kenny Gregory, a toujours été très fort, même l'an dernier en Euroligue. Mais ça faisait longtemps qu'il n'avait pas joué, et il n'a peut être pas le même rythme et le même rayonnement sur le terrain. Ils en prendront peut-être un autre mais ils ne trouveront jamais le remplaçant de Batum. A eux de s'adapter, et de jouer différemment en utilisant toutes leurs forces. Pour les fans, j'estime qu'ils ont déjà eu la chance de les voir trois mois. Il faut relativiser. Leur vie n'est pas dans notre championnat mais en NBA. Je pense qu'ils étaient très contents d'être là et aussi très déçus de partir parce qu'lis étaient intégrés dans une équipe et dans un groupe. Mais après être retournés dans leurs maisons et au centre d'entraînement, je pense qu'ils se sont vite remis dedans et ont oublié leur expérience en France. Après, c'est sûr qu'avec eux, le All Star Game aurait été extraordinaire. Mais pendant neuf ans, on a eu un All Star Game sans joueurs NBA et c'était malgré tout un événement exceptionnel, à guichets fermés. Et ça sera encore le cas cette année.