Boudjellal: "Un rêve qui continue"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
A la fois trublion et révélation de la phase de poules de H-Cup, qui s'est achevée ce week-end, le néophyte toulonnais a d'ores et déjà marqué de son empreinte cette édition de la Coupe d'Europe. Pour le plus grand plaisir de son président Mourad Boudjellal qui, pour notre site, a accepté de dresser le bilan de cette première phase. Et de se projeter sur le quart de finale historique à venir face à l'Usap à Barcelone.

A la fois trublion et révélation de la phase de poules de H-Cup, qui s'est achevée ce week-end, le néophyte toulonnais a d'ores et déjà marqué de son empreinte cette édition de la Coupe d'Europe. Pour le plus grand plaisir de son président Mourad Boudjellal qui, pour notre site, a accepté de dresser le bilan de cette première phase. Et de se projeter sur le quart de finale historique à venir face à l'Usap à Barcelone. Mourad, le RC Toulon disputera son premier quart de finale de Coupe d'Europe à Barcelone face à l'Usap. Vous vous apprêtez à écrire l'histoire à double titre... L'image est belle, elle fait rêver. Parce que Barcelone, ce n'est pas n'importe quelle ville, ce n'est pas n'importe où. Ça fera partie de l'histoire du club quoi qu'il se passe là-bas. Pas beaucoup de clubs de rugby peuvent se vanter d'avoir joué là-bas... C'est exceptionnel cette année, on a déjà eu le Stade de France (face au Stade Français), on a joué au Munster et maintenant Barcelone, c'est la découverte des grands stades. C'est un rêve qui continue et j'espère qu'on va continuer à rester endormi et qu'on se réveillera le plus tard possible. L'Usap qui correspond à un bon souvenir pour vos joueurs, qui avaient su aller s'imposer en début de saison à Aimé-Giral en Top 14 (20-29)... Ce ne sera pas la même équipe parce que c'était une équipe qui se cherchait à l'époque. Depuis, ils se sont trouvés. On oublie un peu vite que l'Usap est le vice-champion de France et le Champion de France d'il y a deux ans, qu'il s'agit d'une des meilleures formations du rugby français et qui dure depuis plusieurs années. Ce n'est pas par hasard, donc ils sont logiquement favoris de ce quart de finale. En plus, je pense qu'ils ont un petit challenge entre eux, lié à Jacques Brunel, qui doit bien souder le groupe et leur donner beaucoup d'envie. Maintenant, on ira à Barcelone pour faire la fête et si ça doit sourire, ça sourira, mais sinon, ce ne sera pas gravissime. "Un avant et un après Munster..." On a pris l'habitude de vous prendre sérieux, même lorsque vous annoncez, comme au coup d'envoi de cette H-Cup, que le RCT vise la victoire finale. Mais tout de même, imaginiez-vous réellement votre équipe capable de s'extraire de cette première phase ? C'était impensable pour être tout à fait sérieux. Quand j'ai vu la composition de la poule, je n'aurais jamais imaginé en sortir: les Ospreys, c'était déjà énorme, le Munster, je n'en parle même pas, les London Irish, ce n'était pas une équipe de Fédérale 3... Le but, c'était d'être éliminé le plus tard possible de manière à conserver un maximum de suspense. Et puis, ça a été un scénario idyllique parce qu'on s'est qualifié avant même la dernière journée et en battant le Munster, s'il vous plaît ! C'est comme quand on gagne une Coupe du monde de football en battant le Brésil. Cette victoire face au Munster marquera-t-elle, selon vous, le club à tout jamais ? Oui, je pense qu'il y aura un avant et un après ce match dans l'histoire du RCT dans le monde professionnel. Ce match a permis au club de passer dans une autre dimension, on l'a vu au niveau de l'impact auprès des partenaires, des joueurs... Le monde a découvert le RCT et depuis, on n'a plus la même image, ils ont découvert la magie de Mayol. A l'étranger, on imaginait un club fait de mercenaires avec beaucoup d'argent. Ils se sont rendus compte que Toulon, c'était d'abord un public, un engouement, une culture, une folie... Que les joueurs ne faisaient pas semblant et qu'ils étaient totalement investis pour ce maillot. Ce club, ce n'était pas du tout ce qu'ils pensaient, c'est avant tout un club de passion. On a assisté ce jour-là à la communion parfaite entre un public et son équipe, chose qu'on n'avait rarement vu à ce niveau. De mémoire de président, et elle est assez jeune, mais aussi de mémoire de joueurs, ils n'avaient jamais vu ça. J'ai presque dû retenir Saint-André de jouer, je pense que si je ne suis pas là, il rentre sur le terrain. C'était hors normes et ça a transpiré à l'écran. L'arbitre a dit qu'avec un tel public, on débutait le match à 15-0 ! Philippe Saint-André a prouvé depuis le début de la saison que cette équipe avait les ressources pour assumer deux challenges. Pas question de choisir entre H-Cup et Top 14 ? Disons qu'on est à sept victoires de la qualification par le biais du championnat et à trois victoires de la qualification par la Coupe d'Europe. Il faut peut-être regarder le chemin le plus court, ce n'est pas le moins compliqué, il y a là pas mal de virages... Maintenant, je ne cache pas que ma première culture, c'est celle du championnat de France parce que lorsque je suis arrivé dans le rugby, le premier acte, ça a été le Top 14, pas la H-Cup. Donc on va se recentrer sur le championnat et on n'oublie pas qu'il y a un rendez-vous que l'on ne peut se permettre de manquer, ce sont les demi-finales à Marseille. C'est l'objectif n°1 de l'année, Philippe (Saint-André) le sait et si on ne participait pas à ces demi-finales au stade Vélodrome, elles n'auraient pas la même saveur pour le rugby français parce que ce dernier carré, qui va avoir lieu dans une ville unique, pour une véritable fête du rugby, sans Toulon, il manquerait un peu de folie. On s'inquiétait pour l'équipe de France à l'aube du Tournoi, le rugby français égale son record de qualifiés en H-Cup et en place cinq autres en Challenge Européen. De quoi être rassuré ? Sur le niveau du Top 14, on n'avait pas de doutes. Le problème de l'équipe de France, ce ne sont pas les équipes européennes, ce sont celles de l'hémisphère sud ; et si on était confrontés aux Crusaders ou aux Brumbies, cela permettrait sans doute de mieux se jauger... Je crois qu'on domine l'Europe du rugby. Et normalement, on devrait encore gagner la Coupe d'Europe, même si c'est presque surprenant... (voir par ailleurs)