Bernard: "Travailler pour revenir"

  • Copié
Propos recueillis par Claude MARESQ , modifié à
Le champion olympique Alain Bernard ne disputera pas le 100m NL des prochains Mondiaux de Shanghai (24-31 juillet). 4e de la finale des Championnats de France en 48"71, l'Antibois de 27 ans laissera les Marseillais Fabien Gilot et William Meynard, respectivement premier et deuxième de l'aller-retour en 48"34 et 48"57, représenter la France sur l'épreuve reine. Une première depuis les championnat d'Europe de Budapest en 2006.

Le champion olympique Alain Bernard ne disputera pas le 100m NL des prochains Mondiaux de Shanghai (24-31 juillet). 4e de la finale des Championnats de France en 48"71, l'Antibois de 27 ans laissera les Marseillais Fabien Gilot et William Meynard, respectivement premier et deuxième de l'aller-retour en 48"34 et 48"57, représenter la France sur l'épreuve reine. Une première depuis les championnat d'Europe de Budapest en 2006. Alain, vous ne disputerez pas le 100 m nage libre aux championnats du monde à Shanghai... (Il coupe) C'est décevant, mais c'est comme ça, c'est le jeu ! C'est assez usant d'enchaîner les années les unes après les autres, de devoir être au top une fois, deux fois, trois fois dans la saison. Bientôt une finale des championnats de France sera plus stressante qu'une finale aux Jeux Olympiques (sourire). C'est dur, mais encore une fois, c'est le jeu ! A moi maintenant de réfléchir calmement, de me poser avec Denis (Auguin, son entraîneur, ndlr), comme on sait le faire, et de travailler comme il faut pour revenir. Qu'est-ce qui vous a manqué en finale ? Je ne sais pas (il s'arrête)... J'ai peut-être accumulé un peu de fatigue nerveuse. J'ai laissé de l'énergie dans l'approche de la série du 100m, puis avant la finale. Déjà hier (jeudi), pour le 50 m nage libre, j'ai beaucoup donné dans les séries et en finale. Mais sinon, techniquement et musculairement, je pense que je suis bien. C'est ça qui est dommage en fait... Mais une grosse performance se construit dans l'ensemble, tout doit être lisse, tout doit être translucide en soi. Aujourd'hui, j'ai peut-être eu certains blocages qui m'ont empêché de m'exprimer pleinement et les concurrents sont là, et ils sont forts. "Il ne faut pas que cette rivalité nuise aux nageurs" Vous dites que c'est usant d'enchaîner les courses, mais avec les années, cela risque de ne pas s'arranger. N'est-ce pas inquiétant ? Ah mais c'est sûr, cela ne va pas s'arranger. Il faut peut-être que je sois désormais plus vigilant sur mes weekends de compétition. Il va peut-être falloir cibler de plus en plus, moins de meetings, moins de compétitions de travail, pour garder de la fraîcheur. De quelle manière avez-vous abordé les séries du 100 m nage libre ? Avec les nouveaux concurrents français qui arrivent, on n'a vraiment pas le droit à l'erreur. Donc, d'entrée, il faut tout donner sans se poser de questions. Aviez-vous le sentiment d'être le favori ? Non, ça se tient, nous sommes tous très proches les uns des autres, personne ne se détache vraiment. Et puis ce n'est pas une histoire de favori. Pour aborder de la meilleure manière la finale, j'ai essayé de me concentrer sur moi, en faisant abstraction des autres. Comme souvent ces dernières années, la finale du 100 m nage libre des championnats de France a accaparé l'attention du public et des médias. C'est vraiment le grand rendez-vous de la semaine... Oui, c'est vrai que compte-tenu du niveau du sprint tricolore, c'est devenu une grosse bagarre très attendue. Mais il ne faut pas que cette rivalité nuise aux nageurs, elle doit rester positive. Dans quel état d'esprit avez-vous abordé ces championnats de France ? J'étais clairement plus serein que l'an passé. J'ai accumulé beaucoup de repères depuis le début de saison. Attention cependant, je n'avais aucune certitude en arrivant à Strasbourg. Je visais simplement la qualification pour les championnats du monde à Shanghai. Et le relais, vous y avez pensé avant de prendre le départ de la finale de l'épreuve reine ? Bien sûr, mais à Strasbourg, j'ai fait passer ma qualification individuelle avant le relais 4x100 m nage libre. "C'est ça le haut niveau..." Votre qualification sur 50 m nage libre jeudi vous a-t-elle libéré dans l'optique du 100 m ? Oui, ça m'a enlevé un poids, c'est évident, mais ce sont quand même deux courses différentes que je n'aborde pas de la même manière. Enfin, c'est toujours mieux d'avoir son billet en poche rapidement pour aborder sereinement la suite des événements. Votre belle performance sur 50 m nage libre atténue-t-elle la déception du 100 m ? Cela n'a rien à voir. Je suis satisfait de mon 50m, même s'il y a toujours des choses à améliorer. Mais c'est ça le haut niveau. J'aurais quand même préféré remporter le titre et réaliser un meilleur chrono, mais je ne vais pas cracher dessus, c'est un billet individuel pour les championnats du monde à Shanghai. Avez-vous pris du plaisir pendant l'épreuve du 50m nage libre ? Oui, oui, j'ai pris beaucoup de plaisir parce que je me ne suis pas du tout soucié de ce qui se passait à côté. J'étais concentré sur moi, sur ma nage, et j'ai évolué à mon maximum. J'espérais quand même nager un peu plus vite... J'étais peut-être un peu crispé. En ouverture des championnats de France vous affirmiez que vous aviez le sentiment de vous retrouver, de renouer avec des sensations que nous n'aviez plus ressenties depuis les Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Vos performances strasbourgeoises confirment-elles cette impression ? Oui, j'ai l'impression de m'en rapprocher de plus en plus... En série du 50m nage libre, j'étais vraiment moi. En finale, je me suis un peu précipité, mais c'était pas mal. De manière générale, j'ai moins la sensation de nager derrière moi, comme je l'ai dit. Je me retrouve.