Armstrong avait les clés des tests EPO

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avec AFP , modifié à
DOPAGE - Le patron de l'agence antidopage américaine en dit plus sur les années Armstrong.
Travis Tygart (930x1240)

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L'info. Alors que Lance Armstrong sera l'invité d'un talk show le 17 janvier prochain où il pourrait évoquer ses pratiques dopantes, le patron de l'agence antidopage américaine (Usada), Travis Tygart, n'est pas décidé à laisser sa "victime" reprendre la main. Dans un entretien dans le cadre de l'émission "60 Minutes Sports", sur Showtime, le nouveau héros de la lutte antidopage explique notamment comment le cycliste américain a obtenu les secrets de dépistage de l'EPO après un premier contrôle suspect sur le Tour de Suisse 2001. Et, selon lui, c'est le directeur du laboratoire de Lausanne en personne, Martial Saugy, qui les lui aurait fourni en 2002, sur injonction de... l'Union cycliste internationale (UCI). "Il (Saugy) s'est assis à côté de moi et m'a dit : "Travis, il y a un échantillon de Lance Armstrong (du Tour de Suisse 2001) qui indiquait que Lance Armstrong utilisait de l'EPO". Il (Saugy) nous a aussi dit qu'il lui avait été ordonné (en 2002) par l'UCI (Fédération internationale de cyclisme) de rencontrer Lance Armstrong et (le manager de l'US Postal) Johan Bruyneel pour leur expliquer la méthode de détection de l'EPO, chose inédite pour lui."

La proposition de don à l'Usada. En octobre dernier, le directeur du laboratoire de Lausanne mis en cause par Tygart, Martial Saugy, avait expliqué qu'un test d'Armstrong au Tour de Suisse 2001 avait bel et bien donné un résultat suspect mais que "jamais" il n'aurait pu être qualifié de positif à l'EPO, même aujourd'hui. Dans le rapport de l'Usada, deux anciens coéquipiers de "LA", Tyler Hamilton et Floyd Landis, expliquent qu'Armstrong avait effectué un don de 100.000 dollars (77.000 euros environ) à l'UCI officiellement pour "soutenir le développement du cyclisme à travers le monde". Officieusement pour étouffer cette affaire de "contrôle suspect" sur le Tourd e Suisse. Mercredi, Tygart a parlé de 125.000 dollars de dons "inappropriés" effectués à l'UCI (soit 95.000 euros environ). Par ailleurs, Tygart a  confirmé avoir refusé en 2004 un don de 250.000 dollars (190.000 euros) qu'Armstrong voulait faire à l'Usada par l'intermédiaire d'un représentant. Un avocat d'Armstrong s'était empressé mardi de nier l'accusation selon laquelle Armstrong avait voulu acheter le silence des institutions...

Armstrong en jaune (930x620)

Les contrôles positifs de 1999. Lors de l'émission, Tygart a en outre affirmé que les six échantillons d'Armstrong datant de sa première victoire au Tour de France, en 1999 (et testés a posteriori, en 2005), étaient "tous flamboyant positifs" à l'EPO ("flaming positive"), comme cela fut révélé à l'époque par le quotidien L'Equipe.

Les manœuvres d'intimidation. Tygart a expliqué que, durant son enquête, il avait été plusieurs fois menacé. "La pire étant probablement qu'on allait me mettre une balle dans la tête", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il avait mis le FBI sur l'affaire. Et, à la question de savoir ce qu'Armstrong pouvait faire aux témoins qui ont coopéré avec l'Usada, Tygart, au sens de la formule très développé, a répondu : "il pouvait les incinérer".

Une rencontre avec Armstrong. L'émission étant enregistrée, aucune question n'a été posée à Tygart sur une rencontre récente avec Armstrong. Mais la voix off du programme l'a confirmé : les deux hommes se sont bien rencontrés, l'ancien coureur souhaitant faire lever sa suspension à vie contre des aveux. Mais, en évoquant les petits arrangements avec les autorités antidopage de certains pays mais aussi avec l'UCI, Tygart met clairement la pression sur Armstrong. Le 17 janvier (et peut-être après), le Texan ne pourra sans doute pas se contenter d'aveux a minima pour obtenir une réhabilitation complète auprès des autorités sportives de son pays.

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