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Anaïs Huet
De plus en plus d'enquêtes sont ouvertes sur des cas de violences sexuelles entre jeunes enfants. Vianney Dyevre, chef de la brigade de la protection des mineurs à la préfecture de police de Paris, explique sur Europe 1 la difficulté que représentent ces cas.
INTERVIEW

Si les poursuites judiciaires sont rarissimes, les signalements de violences sexuelles entre jeunes enfants se multiplient depuis quelques années. Récemment, la gendarmerie a ouvert une enquête sur un garçon de cinq ans, soupçonné d'avoir agressé sexuellement trois enfants de sa classe, dans une école maternelle de Lafox, près d'Agen, dans le Lot-et-Garonne.

Les jeunes enfants "n'ont pas de conscience éclairée de la sexualité"

"Le qualificatif d'agression sexuelle est assez difficile à retenir chez les très jeunes enfants. On considère que les enfants en dessous de 6-7 ans n'ont pas de conscience éclairée de la sexualité. Quand il y a des agressions, elles ne sont pas forcément considérées par les enfants comme des agressions à caractère sexuel, qu'il s'agisse de la victime ou de l'agresseur", indique Vianney Dyevre, chef de la brigade de la protection des mineurs à la préfecture de police de Paris, chez Matthieu Belliard, lundi sur Europe 1.

Pourquoi le nombre de cas augmente-t-il ?

La brigade parisienne traite "une dizaine d'affaires de ce type par an". Pour Vianney Dyere, l'augmentation du nombre de plaintes renvoit à plusieurs explications, allant de "la libération de la parole dans nos sociétés", à une judiciarisation accrue des comportements. "Manifestement, le problème acquiert de nos jours une sensibilité particulière. Les parents sont beaucoup plus sensibles à ces choses-là, que savent d'ailleurs très bien régler les personnels de l'éducation nationale", observe le chef de brigade.

>> De 17h à 20h, c’est le grand journal du soir avec Matthieu Belliard sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

Une fois un cas problématique signalé, les agents de la brigade de protection des mineurs, bien formés au délicat exercice du dialogue avec un enfant, se doivent d'adopter un ton particulier. "Pour les enquêteurs, il ne s'agit évidemment pas de poursuivre un enfant de 6 ans, mais de dédramatiser la situation et de leur faire comprendre que l'intimité est quelque chose de sacré", insiste Vianney Dyere sur notre antenne.

Le policier s'alarme aussi de l'accès de plus en plus précoce des enfants à "la pornographie la plus débridée, dès lors qu'ils ont accès à des téléphones portables." "Là, on parle d'enfants de dix, onze ans. Mais les petits frères, petites sœurs, peuvent avoir aussi accès à ces images via leurs grands frères et grandes sœurs."