Violences policières contre les migrants : '"Ils ont surtout des ordres pour le faire", s’indigne l'archevêque de Paris

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R.Da. , modifié à
Monseigneur Michel Aupetit a appelé au micro d'Europe 1 les autorités à faire preuve de plus de "délicatesse" à l'égard des migrants, alors même que le gouvernement planche sur une loi immigration annoncée comme restrictive.
INTERVIEW

En déplacement mardi à Calais, Emmanuel Macron devrait tenter de défendre un projet de loi sur l'immigration qui indigne de nombreuses associations. En effet, une circulaire publiée en décembre, autorisant le contrôle des populations hébergées dans les centres d'accueil d'urgence de manière à identifier les migrants, a suscité l'indignation de nombreux acteurs sociaux. Le droit d'asile, "c'est une tradition de l'Eglise. Autrefois, même dans les églises les bandits pouvaient se réfugier", a tenu à rappeler mardi Monseigneur Michel Aupetit, le nouvel archevêque de Paris, invité de la matinale d'Europe 1, et qui dit comprendre l'inquiétude des associations.

Une brutalité "insupportable". "Les centres d'accueil et de réfugiés ne sont pas des églises et ne sont pas sanctuarisé aujourd'hui", nuance le prélat, "mais l'idée des associations qui reçoivent les réfugiés c'est que si l'on peut venir vérifier des gens sur place, essayer de faire le tri, savoir quels sont les bons et les mauvais, plus personne ne viendra chez [eux] parce qu'ils auront peur d'être arrêtés". Surtout, Michel Aupetit appelle les force de l'ordre à davantage de bienveillance. "Il faut de la délicatesse. Ce que j'ai eu comme témoignage, c'est que quelques fois, il y avait des éléments de brutalité." Une brutalité "insupportable pour les gens qui sont là", s'indigne -t-il, estimant que si les policiers ou les gendarmes font preuve de violence "c'est qu'ils ont surtout des ordres pour le faire". "On peut faire les choses de manière plus délicate me semble-t-il".

 

Bioéthique : "Nous sommes à la croisée des chemins". Alors que doit s'ouvrir jeudi les Etats généraux de la bioéthique, en vue d'une possible révision de la loi sur la fin de vie et de l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, Michel Aupetit invite à placer l'humain au cœur des débats. "Quel regard portons-nous sur la personne humaine ? Il y a un enjeu de société, nous sommes à la croisée des chemins et nous avons des décisions à prendre", relève celui qui fut médecin généraliste à Colombes pendant onze ans avant d'embrasser la prêtrise. "Tous les papes se sont exprimés depuis Pie XII. Jean Paul II, Benoit XVI et François ont dit que la technique était une très bonne chose, c'est le progrès humain, le génie humain. La question c'est : qu'est-ce que l'on en fait ? Comment on articule les deux ? Une technique sans éthique, c'est extrêmement dangereux", avertit-il.

La définition du mariage. Michel Aupetit, qui avait notamment défilé aux côtés des membres de La Manif pour Tous en 2013, réaffirme enfin son opposition à la loi Taubira. "J'assume d'avoir été pris en photo à ce moment-là. Je les ai rejoints parce que je les trouvais courageux, ils se déplaçaient alors qu'ils n'avaient rien à revendiquer pour eux-mêmes. Ils défendaient une vision de l'homme, une vison anthropologique", explique-t-il. "On changeait la définition du mariage. Quand on change la définition, on change aussi ce qu'est la chose", avance l'archevêque. "La question, c'est bien celle de l'enfant, qui est considéré comme un don, et non comme un dû. Un enfant c'est cadeau à accueillir, même si ça n'est pas toujours au moment où il le faut", conclut-il.