Violences conjugales : "Pour certaines victimes, c'est compliqué d'entrer dans un commissariat"

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Mardi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé que le dépôt de plainte effectué en dehors des commissariats par les femmes victimes de violences serait bientôt expérimenté. Françoise Brié, la directrice de la Fédération nationale solidarité femmes était l'invitée d'Europe 1 ce mercredi midi. Elle dresse un constat très critique vis-à-vis des commissariats.
INTERVIEW

Mardi, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé que le recueil de plainte en dehors des commissariats des femmes violentées serait bientôt expérimenté. Ce dépôt de plainte pourrait donc s'effectuer chez une amie de la victime, dans la famille ou bien au sein d'une structure tierce. Françoise Brié, directrice de la Fédération nationale solidarité femmes et membre du Grevio (Groupe d'experts sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes) était l'invitée ce mercredi midi au micro d'Europe 1. Pour la militante, cette annonce est la bienvenue car "pour certaines victimes, il est compliqué d'entrer dans un commissariat".

Le commissariat, hantise des femmes victimes de violences ?

En témoigne le hashtag #DoublePeine qui a fleuri ces derniers jours sur les réseaux sociaux, dénonçant le mauvais accueil des femmes dans les commissariats où, selon Françoise Brié, les conditions de confidentialité et d'anonymat ne sont pas forcément réunies : "Il y a des commissariats où c'est possible, d'autres où ça l'est moins. Et c'est vrai que franchir la porte d'un commissariat ou d'une gendarmerie, c'est un geste fort. Mais ce n'est pas toujours évident pour elles".

Si le commissariat ne convient pas, "d'autres lieux professionnels pourraient aussi être développés. On voit que c'est possible dans les centres hospitaliers. Ça pourrait être aussi dans des associations qui accompagnent et hébergent des femmes victimes de violences, voire d'autres professionnels. Ça doit se faire dans un cadre bien déterminé, avec évidemment l'accord de la victime. Et c'est une expérimentation qui pourra être menée après une enquête, évidemment auprès des femmes elles-mêmes, pour savoir si cette possibilité qui leur est offerte leur convient", détaille la militante.

Des formations insuffisantes

Selon la directrice d'association, les formations qui ont été mises en place pour que les policiers réceptionnent mieux la parole des victimes sont insuffisantes. "On voit qu'il y a quand même un certain nombre de lieux qui sont encore en difficulté, où des plaintes ne sont pas reçues, où des femmes ne sont pas forcément accueillies par des professionnels spécialisés qui peuvent leur apporter cet accueil si important au moment du dépôt de plainte. Parce qu'une femme victime qui va déposer plainte, c'est vraiment un élément très fort dans son parcours et de là va découler toutes les démarches judiciaires qui vont se poursuivre. Donc ça mérite des conditions très importantes et c'est vrai que pour un certain nombre de femmes, elles ne sont pas encore tout à fait bien remplies", analyse-t-elle.